L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International (AI) a annoncé, hier, avoir relevé des avancées en matière de respect droits de l'Homme en Tunisie depuis la chute du régime dictatorial de Ben Ali. «La situation des droits de l'Homme en Tunisie connaît des progrès depuis l'effondrement du régime de Ben Ali et les avancées enregistrés sont aussi bien qualitatives que quantitatives», a affirmé Sondes Garbouj, présidente de la section tunisienne de l'ONG, au cours d'une conférence de presse tenue hier à Tunis, à l'occasion de la célébration du 63ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. De son côté, Lotfi Azzouz, directeur de l'antenne tunisienne de l'organisation présente dans plus de 150 pays, a noté que l'amélioration constatée concerne plusieurs domaines et se ressent déjà dans le quotidien des citoyens. «La Tunisie dispose désormais d'un Code de la presse qui garantit les droits des journalistes, la confidentialité des sources et la suppression de la peine privative de liberté en matière de diffamation. De même, la loi des associations est beaucoup plus souple qu'auparavant alors les libertés d'organisation et de rassemblement se sont renforcées », a-t-il détaillé. Lacunes M. Azzouz a, toutefois, estimé que les défenseurs des droits humains en Tunisie ont encore du pain sur la planche d'autant plus que de nombreuses atteintes aux principes élémentaires de la dignité humaine se poursuivent. Il a notamment cité les arrestations arbitraires, les interrogatoires musclés, les condamnations à la peine de mort et les répressions policières contre les manifestants pacifiques. Le directeur de la section tunisienne d'Amnesty International a également déploré le fait que les avancées enregistrées n'ont pas concerné les droits économiques, sociaux et culturels comme l'accès aux soins, le droit au logement et le droit au travail. Raison pour laquelle l'ONG presse le ministère des Affaires étrangères de signer le Protocole facultatif se rapportant au pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels qui permettant aux personnes dont les droits sont violés et qui n'ont pas pu obtenir justice au niveau national, d'exercer un recours au niveau international. Vigilance La section tunisienne d'Amnesty International entend, par ailleurs, rester très vigilante d'autant plus que les Tunisiens continuent à attendre que la classe politique mette en œuvre les changements profonds qui leur ont été promis au lendemain de la révolution. « L'un des motifs qui nous incitent à la vigilance est le fait que la troïka majoritaire au sein de l'Assemblée Constituante (Ennahda, le Congrès pour la République et le Forum Démocratique pour le Travail et les Libertés, NDLR) n'a pas signé notre manifeste comportant dix grandes réformes à entreprendre dans les domaine des droits humains», s'est inquiété Mme Garbouj. Baptisé «L'engagement pour le changement», le manifeste qui a été présenté à tous les candidats à l'Assemblée constituante un mois avant les élections, préconise, entre autres, l'abolition de la peine de mort, la réforme de l'appareil sécuritaire, l'incrimination de la torture et la lutte contre les discriminations fondées sur la race, la couleur, la religion, le sexe, l'orientation sexuelle, les opinions politiques ou autres.