La menace de la pénurie de pain qui planait sur la Tunisie, en raison d'un sit-in ayant empêché au cours des sept derniers jours les boulangers de s'approvisionner en levure auprès de la principale usine de production de cette matière première indispensable pour la production du pain, a été écartée in extremis hier. L'armée nationale a dû intervenir, hier en fin d'après-midi, pour assurer la livraison de levure aux diverses boulangeries du pays. "Les négociations avec les protestataires qui bloquaient l'accès à l'usine "Rayen" de production de levure boulangère ayant échoué, le ministère du Commerce s'est résolue à faire appel à l'armée afin d'assurer l'approvisionnement du marché", se réjouit Jamel Laâmouri, vice président de la Chambre nationale des boulangers. Selon lui, le spectre d'une pénurie de pain s'éloigne d'autant plus que l'armée veillera sur le bon fonctionnement de l'usine ainsi que sur l'opération de distribution de la levure aux diverses boulangeries du pays, jusqu'à ce qu'un accord définitif avec les protestataires soit conclu. La Chambre nationale des boulangers relevant de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) avait tiré la sonnette d'alarme, hier matin, en annonçant que la majorité des boulangers risquent d'être acculés à fermer boutique à partir d'aujourd'hui. "Des mouvements de protestation et des sit-in ouverts dans la région de Jendouba entravent depuis une semaine le fonctionnement de l'usine Rayen qui approvisionne les boulangeries en levure. L'écrasante majorité des boulangeries ont, par conséquent, épuisé leurs stocks de levure, ce qui pourrait entrainer une pénurie de pain à partir d'aujourd'hui", a indiqué la chambre dans un communiqué. Intervention salutaire Le syndicat des boulangers avait également pressé les autorités d'intervenir dans les plus brefs délais pour "éviter le pire et assurer l'approvisionnement normal du marché en ce produit de base". Selon des employés de l'usine "Rayen", située à Jendouba et qui approvisionne 80% des boulangeries du pays en levure, les auteurs du sit-in sont les ouvriers de la Société générale des industries du nord (usine de fabrication du sucre), implantée dans le même bâtiment que l'usine de production de levure. Ces contestataires revendiquent la régularisation de leur situation professionnelle et le recrutement d'un nombre supplémentaire de ressortissants de la région. Vendredi dernier, la Fédération nationale des industries agroalimentaires (FNIA) avait indiqué, dans un communiqué, que "les employés de l'usine Rayen ont été empêchés par parties externes à leur société de regagner leurs postes de travail". Dans le même temps, la direction de Rayen a exprimé ses craintes de voir le sit-in se poursuivre, "alors que l'usine abrite des produits dangereux et des machines à haute tension, qui nécessitent une maintenance quotidienne par des techniciens". L'intervention de l'armée dans cette affaire est d'autant plus salutaire que le pain est un sujet très sensible en Tunisie. En 1984, des "émeutes" du pain" avaient éclaté dans le pays après la décision de Habib Bourguiba d'augmenter les prix de ce produit de base, faisant plus de 150 morts et plusieurs centaines de blessés"… OK ourwa