Mettre la société tunisienne dans la mêlée, est-ce l'objectif du Mouvement islamiste Ennahdha ? A priori c'est ça. En fait, le leader de ce mouvement Rached Ghannouchi utilise le terme lors des débats télévisés pour justifier les changements qui seront introduits dans la société tunisienne. D'après lui les citoyens et les acteurs sociaux exigeront eux-mêmes ces changements. Mais comment ? En mettant la société dans la mêlée. Ghannouchi utilise, en arabe, le terme « tadafou ijtimaii » pour exprimer son point de vue qui commence à se concrétiser sur le terrain. Hier, devant le palais du Bardo, les « pro » et les « anti » Ennahdha se sont affrontés pour exprimer, chacun de son côté, leurs idéologies, leurs idées et leur appartenance politique. En fait, les militants du Parti Attahrir et les « pro » Mouvement Ennahdha étaient côte à côte. Des drapeaux tout en noir et d'autres en blanc où l'on peut lire Mouvement Ennahdha s'entremêlent dans la foule. Les manifestants hyperactifs scandaient des slogans appelant à la fondation d'une République et d'un système de gouvernance basé sur la Chariâa. Le parti Attahrir qui a mobilisé des jeunes vêtus en tenues de l'armée n'a pas pu refléter une image religieuse, pieuse et solennelle. Au contraire les rythmes des paroles scandées par ces manifestants ne diffèrent pas de celles que l'on entend dans les stades. On avait d'ailleurs l'impression d'être dans un match de derby. ` Des jeunes parmi ce groupe n'ont pas pu se maîtriser pour prononcer carrément des grossièretés et insulter les opposants tout en critiquant des jeunes filles qui étaient présentes sur place. Les pros nahdha étaient certes plus nombreux que les « anti » Nahdha. Mais le mot d'ordre qu'on leur a donné n'a pas été respecté car, les paroles adressées à leurs adversaires ne reflètent pas un niveau de civisme élevé ni le respect de l'éthique ou de la religion musulmane. Les adversaires Face à eux, des jeunes, qui observent depuis des jours un sit-in ainsi que des acteurs de la société civile, essayent de s'organiser du mieux possible pour ne pas tomber dans la provocation. Leurs slogans appellent à l'équité sociale et au droit au travail. « Le peuple tunisien est libre, non aux Etats-Unis d'Amérique et au Qatar », hurlaient-ils également. D'autres tenaient à préciser dans un micro « nous sommes là pour l'intérêt de la Tunisie. C'est la Tunisie qui nous réunit et pas un parti ». Ils ont levé par la suite le drapeau tout en chantant l'hymne national pour dire à ceux qui étaient en face d'eux qu'ils sont toujours là pour critiquer le régime. D'ailleurs « nous n'accepterons pas que la troïka fasse de la Tunisie ce qu'elle veut », répond un jeune manifestant à un homme. Ce dernier tentait de le convaincre de laisser les élus travailler tranquillement pour qu'ils forment un gouvernement, à critiquer par la suite. Les rassemblements et les protestations se poursuivent d'un jour à l'autre devant le Palais du Bardo où se réunissent les membres de la Constituante. Ceux qui tiennent à leur droit au travail campent depuis déjà plusieurs jours dans le petit jardin, à côté des acteurs de la société civile ainsi que des partis politiques. Ils sont tous déterminés à exercer leur citoyenneté de manière civique et à revendiquer leur droit à une République où les droits fondamentaux sont respectés. « Non au retour de la dictature », crient-ils. Sana FARHAT
Réunion, mardi en séance plénière, de l'Assemblée Constituante L'Assemblée Nationale Constituante siègera en séance plénière, mardi 6 décembre, à partir de 09H00 afin d'examiner le projet de loi relatif à l'organisation provisoire des pouvoirs publics, proposé par la commission constitutive ad hoc chargée de l'élaboration de ce projet de loi, indique un communiqué publié hier par l'Assemblée.
Appel au respect des libertés et à la retenue Les membres de l'Assemblée Constituante ont réaffirmé vendredi, au cours d'une réunion convoquée par le président Mustapha Ben Jâafar, leur attachement au respect des libertés et en premier lieu la liberté d'expression et de rassemblement pacifique. Ils appellent, dans un communiqué publié hier, au respect de la suprématie de la loi et rejettent totalement le recours à la violence. Ils insistent, en outre, sur l'impératif de respecter et préserver l'intégrité des établissements éducatifs de tout conflit politique. Les élus présents à la réunion ont, aussi, appelé toutes les parties à la retenue et à faire montre de responsabilité en privilégiant le dialogue pour résoudre les conflits, quelle qu'en soit la nature. La Tunisie passe par une phase sensible et décisive où la priorité est accordée à l'instauration des assises d'un nouveau régime démocratique, d'un système économique équitable et des attributs d'une vie digne à tous, ont-ils tenu à rappeler, “ce qui exige d'éviter les sources de tension et d'insécurité qui menacent la stabilité du pays”. La réunion a été convoquée pour se pencher sur les derniers événements survenus en Tunisie, en particulier les mouvements de protestation dans divers secteurs, les sit-in dans plusieurs entreprises économiques et établissements éducatifs, notamment les développements récents à la faculté des lettres, des arts et des humanités de la Manouba.
Prévisions pessimistes du Gouverneur de la BCT Une croissance nulle ou négative à la fin 2011 La Tunisie réalisera un taux de croissance nul (zero) ou négatif, à la fin de l'année 2011, ce qui devrait entraîner une baisse du rythme de création d'emplois et une hausse du taux de chômage qui dépassera 18%, a déclaré M.Mustapha Kamel Nabli, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT). Ce taux était de l'ordre de 13%, en Mai 2010. Intervenant à l'ouverture de la conférence annuelle du Forex Club de Tunisie, sur le thème “les marchés de capitaux et les nouveaux défis de l'économie tunisienne” le gouverneur a justifié ces prévisions pessimistes, par la décélération de la croissance de deux secteurs stratégiques, à savoir le tourisme et les mines et phosphates et dérivés. M.Nabli a tenu à préciser que “la deuxième année de transition sera difficile. La Tunisie aura à faire face au cours de cette période, à des défis importants, liés notamment à l'emploi, à l'investissement, à la préservation des équilibres financiers et à la politique monétaire”. Et d'ajouter, que la marge de manœuvre de la BCT est devenue limitée, aux plans monétaire et des réserves de changes, estimées actuellement, à 110 jours d'importation, niveau qu'il a jugé acceptable. Il a rappelé toutefois, que les autorités monétaires ont réussi au cours de la période de transition, à maintenir le bon fonctionnement du système de base (système de crédit, de paiement, budgétaire), à maîtriser l'inflation, à préserver les équilibres macro-économiques, à assurer la stabilité du taux de change et à maintenir le niveau de la dette extérieure à un niveau acceptable (38% fin 2011). Cette conférence, qui a réuni plusieurs experts et spécialistes financiers, a été l'occasion de dresser le bilan de la situation des marchés de capitaux en Tunisie et de débattre des réformes à engager en vue de les dynamiser. La finalité recherchée est d'accroître leur contribution au financement de l'économie. Analysant la situation des marchés de capitaux, les participants ont été unanimes à souligner que ces marchés, au demeurant, peu développés en Tunisie, souffrent de problèmes de transparence, de liquidité et de profondeur (capacité d'un marché à absorber des ordres d'achat et de vente, portant sur des montants importants). Ces marchés ne se sont pas développés, selon eux, en raison de l'absence d'une courbe de taux de référence (outil d'analyse de l'évolution des taux de changes, selon les différentes échéances). Cette courbe qui renseigne sur les anticipations des marchés, constitue une aide à la prise de décision. L'objectif recherché au final, est d'avoir une meilleure allocation de ressources entre offreurs et demandeurs de liquidité sur les différentes maturités (plus la maturité est longue, plus les taux sont élevés). Les participants ont appelé, à cet effet, à construire une courbe de taux significatifs (qui reflète au mieux les tendances de l'évolution des taux) et de ne plus se référer au Taux du marché monétaire (TMM), dans la mesure où il ne reflète la situation du marché monétaire, que sur le court terme. S'agissant du marché obligataire, les panélistes ont recommandé de planifier au mieux, le calendrier des émissions des Bons de trésor (BT), de renforcer le contrôle sur les titres de l'Etat et de dynamiser et d'accroître la transparence du marché secondaire. Autres propositions formulées par les participants, la création d'une plate-forme électronique de Bons de trésor devant répertorier tous les ordres d'achat et de vente des titres et l'élargissement de la palette des instruments de couverture contre les risques de change et d'intérêt. Il s'agit, également, de permettre aux banques de jouer le rôle de “Market maker “ ou teneur de marché (acteur dans un marché financier dont le rôle est d'assurer la liquidité des titres, en proposant de façon régulière et continue, des prix à l'achat et à la vente).