Un taux de croissance d'entre 0.02 et 1% est à atteindre d'ici la fin de 2011 en Tunisie a annoncé Abdelhamid Triki, ministre de la Planification et de la Coopération Internationale, lors d'un point de presse. « Si la première moitié de l'année s'est caractérisée par l'instabilité et l'insécurité, ajoutons à cela les grèves sauvages et les sit-in, ce qui a causé la récession de l'économie tunisienne avec un taux de croissance négatif de 3.3%, nous espérons que tout le monde se remette au travail dans l'objectif de réaliser un taux de croissance positif. Il reste quatre mois jusqu'à la fin de l'année en cours, on espère atteindre un taux de croissance positif allant de 0.2% à 1% » a indiqué le ministre. Les 7 premiers mois ont été entachés de grèves et de sit-in. Et ce sont des secteurs clés qui ont souffert le plus, tels que le secteur pétrolier qui a accusé une régression de 14,4%, celui de l'industrie des ciments avec une baisse de 6,4%, mais c'est le secteur du phosphate qui a été le plus malmené, notamment avec une baisse de ses activités de l'ordre de 54%. « Les pertes accumulées dans ces trois secteurs avoisinent les 800 millions de dinars » note aussi A. Triki. Ceci n'a pas empêché certains autres secteurs de l'économie tunisienne de connaître des améliorations. Ainsi, et dans le secteur du tourisme, le mois de juillet a connu une amélioration au niveau des nuitées passées dans les hôtels, ce qui a amené la baisse à se limiter à 47%, en amélioration par rapport à la baisse de 53% enregistrée au cours du premier semestre de l'année en cours. D'autres secteurs ont enregistré des croissances nettes. Le secteur de la production de l'électricité à titre d'exemple qui a réalisé une croissance de 1.9%. « On note aussi la croissance positive dans le secteur des industries mécaniques et électroniques, grâce à la croissance de leurs exportations. Idem pour le secteur du textile, celui des cuirs et chaussures, outre la croissance apparente dans le secteur des industries agro-alimentaires, amélioration due à la croissance des échanges avec la Libye », a encore souligné le ministre. Par ailleurs, on note la réalisation de croissances dans le secteur des télécommunications ainsi que celui du commerce (la Libye y est encore pour quelque chose), ainsi que dans le secteur des transports. Lequel secteur était attendu à accuser une baisse de 2%, alors qu'on l'on prévoyait une baisse encore plus importante (7%) pour l'ensemble de l'année 2011. Cette embellie revient à l'amélioration des recettes au titre des taxes sur la valeur ajoutée, qui ont atteint plus de 100 millions de dinars. « Tous ces indicateurs laissent prédire que le taux de croissance de -3.3% enregistré au cours du premier semestre de l'année en cours représente un seuil à ne pas dépasser. Ainsi, et pour le deuxième trimestre la croissance a été négative de 1.6% » précise encore A. Triki. D'une autre part, les importations ont connu une hausse de l'ordre de 3,2% contre 31,3% au cours de la même période de 2010 et 1,7% au cours du premier trimestre de 2011. Les importations des matières premières et des produits semi-manufacturés ont enregistré une croissance de 6,4%, les importations des produits énergétiques (pétrole) ont crû de 16,9% et les importations de produits alimentaires ont à leur tour réalisé un bond de 33.9%. Cependant, les importations d'équipement ont accusé une baisse de 10.8%, et «ceci est un mauvais signe, puisqu'il témoigne essentiellement de la baisse des investissements » note aussi le ministre. Pour ce qui est des exportations, elles ont réalisé une croissance de 10,2% (contre 20,1% au cours de la même période de l'année écoulée). Elles ont essentiellement été tirées vers le haut grâce aux exportations des produits agro-alimentaires (croissance de 35,3%, contre une baisse de 8,3% au cours de la même période de l'année précédente). Les exportations des produits manufacturés ont crû de 13,3% « grâce aux entreprises totalement exportatrices, dont les activités ont enregistré une croissance de 19% », remarque aussi le ministre. En matière d'investissement, un repli a été enregistré. Les projets financés par le budget de l'Etat n'ont atteint que 17% au cours des 5 premiers mois de l'année en cours. Les investissements extérieurs ont à leur tour accusé une baisse de 17,3%, n'atteignant qu'une valeur de 820,8 millions de dinars, contre 992,5 millions de dinars au cours de la même période de l'année écoulée. 98 nouvelles entreprises ont démarré leur activité au cours des 7 premiers mois de 2011, alors que 78 autres entreprises ont dû mettre la clé sous le paillasson, dont beaucoup qui ont délocalisé dans des pays concurrents. 5900 postes d'emplois (directs) ont été perdus. En contre partie, et selon Abdelhamid Triki, beaucoup d'entreprises étrangères n'ont cessé de manifester leur intérêt de venir s'installer et investir en Tunisie. Il y en a même de grosses cylindrées dans différents secteurs d'activités et que d'autres sont prêtes à démarrer les procédures sans attendre les élections. « Les investisseurs ont surtout besoin de visibilité, l'amélioration de la situation sécuritaire est indispensable pour les entreprises désireuses de venir s'installer en Tunisie », ajoute encore le ministre. Les intentions d'investissement ont enregistré une croissance de 22,2%, contre une baisse de 8,3% au cours de la même période de l'année écoulée. Les intentions d'investissement dans les régions de développement régional ont à leur tour enregistré une croissance de 38,4%.