Ceux qui attendaient devant le Palais de justice depuis 8h du matin n'étaient pas certains que l'audience concernant l'affaire du président déchu allait avoir lieu. Cela était dû à la grève des magistrats décrétée depuis mardi dernier et pour trois jours, soit jusqu'à jeudi 30 juin. L'affaire du président déchu avait été justement reportée pour cette date coïncidant avec le 3e jour de grève. C'est l'affaire n°24005 où ZABA est accusé de détention d'armes et de stupéfiants. Avocats, médias nationaux et internationaux et badauds se sont rués vers la salle d'audience dès que le palais a ouvert ses portes à 8h30 tapantes. Les agents, l'œil vigilant, s'attelaient à faire régner l'ordre surtout dans la salle d'audience, mais les médias photographes et reporters avaient outrepassé les consignes consistant à ne pas empiéter sur les places réservées aux avocats.Bien plus, certains parmi ces derniers avaient même cédé leurs places pour une charmante journaliste ou un photographe avide de prises de vues saisissantes. Une «avocate du diable» tente de semer le trouble dans la salle d'audience Les avocats discutaient entre eux ou donnaient des déclarations à des médias quand une voix stridente vint les interrompre et troubler ce semblant de calme qui régnait dans la salle. Le brouhaha fit soudainement place à un silence de mort. On n'entendait plus que la voix de cette dame, au banc des avocats ! On a compris par la force des choses qu'il s'agissait d'une avocate, bien qu'elle ne portait pas de robe (entendez toge, bien sûr). Dans son speech de dix minutes, elle a fait des remontrances à « ceux qui se sont transformés soudainement en ennemis jurés de Ben Ali… celui qui a sauvé la Tunisie et qui a fait beaucoup de bien (sic)… » Pris de court, ses confrères n'ont pu réagir, ou plutôt n'ont su comment réagir. Certains journalistes la huaient alors que d'autres la taxaient d'agent du RCD et de vendue. Après avoir semé la discorde, acte pour lequel elle était certainement motivée, elle a quitté la salle sous les regards hébétés des gardes et de tous ceux qui ne la connaissaient pas. Ses confrères, par contre, étaient indignés par son attitude déplacée, voire indigne à leurs yeux. L'audience a débuté vers 9h30 et n'a duré que 5 minutes, le temps d'annoncer par le président du tribunal, que l'affaire a été renvoyée en l'état au 4 juillet, pour cause de grève. Après l'audience, la salle des pas perdus s'est transformée en un site de forums, rappelant celui de la Grèce antique où Socrate s'adonnait à la maïeutique, ou encore le Hide Park à Londres. La salle des pas perdus : le «forum des damnés» Juste devant la salle d'audience, des avocats accordaient des interviews aux médias nationaux et internationaux, alors qu'en plein milieu, un bonhomme exhibant un volumineux dossier, exposait son cas à une foule de gens venus l'écouter : « Je suis doublement victime. J'ai été harcelé par le président déchu, après avoir été spolié par la famille de son épouse ». En tous les cas, une chose est sûre : Rien ne sera plus comme avant, car la voie de la transition démocratique est ouverte, et il n'y a plus de place aux injustices.