« Une mascarade de justice » crie l'assistance dans la salle 6 - • L'affaire renvoyée au 7 mai prochain - La salle 6 du tribunal de première instance de Tunis, était pleine à craquer par un public nombreux et varié, venu assister à l'audience de la 8ème Chambre correctionnelle, devant laquelle a comparu hier, Imed Trabelsi, accusé de consommation de stupéfiants. Avocats, journalistes, étudiants, fonctionnaires ou simples badauds, tous étaient unanimes à jeter l'opprobre sur l'accusé en question, dont on parle des malversations et des injustices ayant porté préjudice à plus d'un. Le fourgon cellulaire qui devait le ramener de la caserne d'El Aouina, lieu où il se trouve en détention, a mis beaucoup de temps à arriver. Depuis 10h du matin, tout le monde s'impatientait et se posait des questions. « L'audience n'aura pas lieu », disaient certains, alors que d'autres plus « futés » attribuaient ce retard à une question de sécurité. En fait, l'audience devait se passer à la salle 5, mais vu le nombre de personnes qu'il y avait on lui a préféré la salle 6, légèrement plus spacieuse. Mais, en dépit de cela, les gens étaient entassés les uns sur les autres dans cette salle et toutes les issues étaient bloquées. Les avocats devaient jongler pour se frayer un chemin et arriver jusqu'à la barre. Devant le palais, une foule de gens attendait également l'arrivée du fourgon cellulaire transportant Imed Trabelsi. Arrivé, ce dernier a été discrètement acheminé vers la souricière (geôle du palais de justice). L'audience a, enfin, commencé vers 15h, sous la présidence du magistrat L.Chamakhi qui a appelé l'affaire et a demandé qu'on présente l'accusé Imed Trabelsi. Flanqué de deux gardes, celui-ci s'est présenté à la barre. Costumé, avec une bonne présentation, il avait l'air plutôt hagard. A son entrée à la salle d'audience, il fut traité par l'assistance de tous les noms. « M. le président de la Cour, c'est une mascarade, un simulacre de justice, comment poursuivre cet individu seulement pour consommation de stupéfiants, alors qu'il s'agit d'un dealer notoire et d'un trafiquant tous azimuts ! » a lancé une jeune avocate d'une voix devenue rauque, tellement elle criait pour se faire entendre. « Et l'affaire du Yacht ? » lança un autre avocat, le front en sueur et la cravate de sa toge tenant à peine. Le président ne broncha pas… Il y avait une quasi impossibilité de continuer les débats dans cette ambiance tendue. Aussi, l'avocat de l'accusé non moins « admonesté » par l'assistance, demanda le renvoi pour préparer sa défense. Le tribunal accéda à sa demande avant de se retirer en renvoyant l'affaire au 7 mai prochain. En fait, ce n'est qu'une des nombreuses affaires dans lesquelles est impliqué le neveu de la « régente » déchue. C'est justement pour cette raison qu'il se croyait tout permis et avait complètement oublié le fameux dicton arabe : « La justice est au-dessus de tout et rien ne peut la surmonter ».