La Commission Nationale d'Investigation sur la Corruption et la Malversation suscite depuis quelques jours un grand débat. Certains juristes considèrent qu'elle est illégale et que le travail qu'elle effectue interfère dans la spécialité de la justice, alors que les membres de la commission tiennent à leur légitimité. D'ailleurs, la décision prise récemment par le tribunal de première instance de Tunis ordonnant la cessation de son activité a fait l'objet de plusieurs commentaires. Mais, « la commission existe et existera », ne cessait de répéter M. Abdelfattah Amor, président de la commission lors de la conférence de presse qu'il a donnée hier, à Tunis en présence des membres de la commission. En fait, « c'est contre quelques membres de la commission que certains juristes ont porté plainte », tenait à préciser Me Imed Blekhamsa. Une pratique qui suscite plusieurs points d'interrogations. Quel est le but de ces juristes ? Ben Ali a-t-il chargé ces personnes de défendre ses intérêts ? ne cessait-ils de s'interroger M. Amor tout en rappelant les circonstances de la création de la commission. « Créée par un décret présidentiel promulgué le 18 février, elle se compose de deux comités. Un comité technique regroupant des experts et un deuxième comité général ayant pour tâche notamment, d'évaluer le travail et de lutter contre la corruption », explique-t-il. Une mission pas facile. « Nous travaillons d'ailleurs, dans des conditions exceptionnelles et historiques », toujours d'après M. Amor qui considère même que cette action est un défi à relever par ses membres. « Les futures générations jugeront ce travail et tous les Tunisiens ont le droit d'être informés sur ce qui se passe », enchaîne le président de la commission. Il a par ailleurs présenté le bilan du travail des derniers jours axé essentiellement sur le dossier de la présidence, « riche en informations », d'après lui. Suite aux investigations effectuées à la résidence présidentielle à Sidi Dhérif, la commission a pu découvrir des sommes d'argent ainsi que des cartes bancaires et des comptes dans des capitales de pays étrangers (Washington et Paris). Un compte à numéro a aussi été découvert, où une somme de près de 40 millions de dinars datée du 22 mars 2010 y a été versée. « Une importante quantité de bijoux a été trouvée dans cette résidence ainsi que des pièces de monnaie datant du 19ème siècle », ajoute, M. Amor où il ne cesse de rappeler que ces opérations s'effectuent en présence de notaires. Huit PV ont été rédigés dans ce sens pour garantir les règles de transparence. A remarquer que ces sommes ont été transférées à la trésorerie générale. Sana FARHAT