•Appel à la reprise immédiate du travail, car la situation économique est catastrophique. •Laissons la justice se déployer…et ayons patience. Apparemment mieux rodé en matière de politique que son prédécesseur, ne serait-ce que par ancienneté, le nouveau Premier ministre désigné du gouvernement provisoire de la Révolution, Béji Caïd Essebsi, âgé de 85 ans, a fait, hier, sa première déclaration à la presse nationale, arabe et étrangère, qui a laissé une bonne impression, quoique la grande majorité de son auditoire soit composée de jeunes. Certains commentaires ont été même admiratifs. Il a promis d'appliquer à la lettre la feuille de route annoncée par le président de la République par intérim, Foued Mébazaâ, dans son discours au peuple tunisien le jeudi 3 mars, en ce qui concerne l'adoption d'une nouvelle Constitution tunisienne, par une Assemblée constituante, de manière à rompre définitivement avec le passé, conformément au vœu formé par la majorité écrasante du peuple et ses différentes composantes. Prônant la patience et une purification totale mais dans le strict respect de la loi et des droits de l'homme, sans esprit de vengeance, il n'a pas hésité, toutefois, à accuser l'ancien président déchu Ben Ali de désertion passible de la peine de mort.'' L'ancien président déchu mérite d'être traduit devant la cour martiale et passer par les armes, car il a déserté son poste en tant que chef suprême des forces armées et président de la République, en fuyant le pays en situation chaotique, a-t-il dit ajoutant qu'aucune personne ayant commis des actes punis par la loi ne sera à l'abri de la justice, qu'elle que soit ou puisse être sa position. Le principe d'action qui le guidera et guidera son gouvernement sera ‘'la sincérité dans la parole et la loyauté dans les actes ‘', un principe formulé et longtemps ressassé par le premier président de la République tunisienne, Habib Bourguiba, et qui n'a pas empêché la Tunisie d'arriver à l'état de décomposition où elle se trouve actuellement. Le nouveau Premier ministre, de formation juridique et qui a fait une carrière politique de plus de 35 ans sous Bourguiba et Ben Ali, a appuyé ses bonnes dispositions et intentions à la tête du nouveau gouvernement en se référant à de nombreux versets coraniques, à des citations et autres actes exemplaires tirés de l'histoire, comme la citation disant que ‘'la jeunesse est un état d'esprit et non pas un état civil'', tout en reconnaissant appartenir au passé et ‘'faire partie des archives nationales, au même titre que cheikh Rached'' (NDLR, le leader du mouvement islamique Ennahdha). Il n'a pas oublié, non plus, de signaler ‘'qu'à part sa voiture particulière, il ne possède rien, ni maison, ni actions'', et qu'il sera prêt de rendre compte au peuple de tout bien acquis durant son passage à la tête de ce nouveau gouvernement provisoire dont la composition sera annoncée, dans deux jours, après son approbation par le président de la République par intérim. Béji Caïd Essebsi a indiqué qu'aucun membre de l'équipe actuellement au pouvoir, ne se présentera aux élections générales qui seront organisées à l'avenir, ni le président de la République, ni lui-même, ni les autres membres de son gouvernement. «Nous sommes devant une Révolution populaire authentique qui a été réalisée par le peuple tunisien, en dehors de tout encadrement et de leaderschip. Nous aspirons à conserver son esprit et à construire un Etat nouveau sur la base des principes défendus par la Révolution, de manière à être fidèles aux martyrs de la Révolution ayant versé leur sang précieux au service de la patrie, a-t-il affirmé, signalant que la première tâche de ce gouvernement sera l'instauration de la sécurité, une tâche difficile et qui réclame du temps. Outre l'expédition des affaires courantes, le gouvernement provisoire se veut être, aussi, un gouvernement de sauvetage et de redressement dans tous les domaines. Appel urgent à la reprise du travail et de la production A cet égard, il a dit comprendre aussi bien les contestataires rassemblés à la place de la Kasba, à l'appui d'un nettoyage total de l'appareil de l'Etat et d'une reconstruction politique du pays sur des bases absolument nouvelles, que ceux qui sont rassemblés devant la coupole d'El Menzah , en faveur de la reprise immédiate du travail et de la production , dans un esprit d'engagement constructif, car, à son avis, la reprise ne peut plus souffrir du moindre retard, face à la situation économique catastrophique du pays, avec un taux de croissance zéro. Or, a-t-il noté, les économistes et les spécialistes conditionnent une véritable relance à la réalisation de taux de croissance entre 8 et 9 %. S'agissant de la revendication relative à la dissolution des deux chambres du parlement, Béji Caïd Essebsi a indiqué que l'annonce officielle de suspension de l'actuelle Constitution de juin 1959 implique une dissolution de facto de toutes les institutions fondées sur cette Constitution. Il a réclamé, en outre, un peu de patience, en ce qui concerne le jugement des personnes coupables de crimes et d'abus durant le régime précédent « afin de ne léser personne et étayer juridiquement, comme il se doit, la culpabilité de chaque coupable ». Il a conclu en affirmant que son gouvernement œuvrera avec dévouement et détermination pour relever tous les défis, surmonter les problèmes de l'étape et engager de nouveau le pays sur la voie du progrès et du développement rapide, soulignant qu'il a accepté de diriger ce gouvernement, après avoir été convaincu que le succès est possible.