Lotfi OUENNICHE - En l'espace de quelques heures, les Tunisiens ont eu droit à deux discours politiques différents de ce qu'ils avaient l'habitude d'entendre sous le premier puis le deuxième gouvernement provisoire de la Tunisie post-révolutionnaire. Disons plutôt qu'ils n'avaient pas entendu grand-chose de ces deux gouvernements alors qu'ils avaient soif d'informations précises et de voir les responsables politiques s'exprimer en toute franchise et avec une totale transparence sur les maux du pays, sur les difficultés de l'étape, sur les perspectives futures et surtout sur les programmes de l'action gouvernementale et sa propension à satisfaire les aspirations politiques, économiques et sociales du peuple. Ce n'est un secret pour personne que les deux gouvernements provisoires ont pêché par trop de mutisme, d'incohérence et de confusion à l'origine d'un déficit de communications et d'une grave crise de confiance dans le pays. Il fallait une intervention énergique pour éclaircir les choses, tracer le chemin d'avenir et éviter au pays de sombrer dans l'anarchie et le chaos. Jeudi soir, le président de la République par intérim a annoncé les décisions qu'attendent depuis le début de la Révolution toute la classe politique, les composantes de la société civile et le peuple tunisien. La décision d'élire, le 24 juillet prochain, une Assemblée nationale constituante est incontestablement le signe rassurant d'une volonté de rompre définitivement avec le passé et représente le premier pas sur la voie de la démocratie et de l'exercice de la souveraineté du peuple. Cette volonté de rompre définitivement avec le passé a été également réitérée par le nouveau Premier ministre désigné, M. Béji Caïd Essebsi dans un autre discours politique, caractérisé par la franchise, la sincérité et le pragmatisme. M. Béji Caïd Essebsi a demandé aux Tunisiens d'accorder « le préjugé » favorable à son futur gouvernement. En déclarant que sa première priorité est de rétablir la sécurité et l'autorité de l'Etat et de relancer l'économie, actuellement au « bord du gouffre », M. Béji Caïd Essebsi répond aux attentes de la population tout en la mettant devant ses responsabilités pour garantir à la Tunisie une transition saine et sans dégâts. Et à l'entendre affirmer que son gouvernement va assumer ses responsabilités avec loyauté et qu'il sera guidé par les nobles valeurs humanitaires et l'intégrité, il ne sera pas loin de bénéficier du préjugé favorable qu'il revendique.