Mesures particulières (prêts26/26) en faveurs des artisanes rurales - Quels débouchés pour les cycles de formation dispensés à nos artisanes dans des centres spécialisés, quelles possibilités de vente se présentent à elles en ces temps où la concurrence se fait de plus en plus sentir ? Et quel avenir réserve-t-on à notre tapis tunisien qui a du mal à prendre son envolée ? Pour y répondre, un colloque s'est tenu hier dans la matinée au siège du CREDIF portant sur le thème « les artisanes et les canaux de distribution. » Le tapis tunisien dont le commerce bat de l'aile a été largement discuté lors de cette rencontre organisée à l'occasion du 20ème anniversaire du CREDIF. Donner de l'élan à notre ‘'Margoum'' ou ‘'Klim'' c'est aussi lui permettre d'avoir de la notoriété, tout comme le tapis iranien qui rappelle un Orient de soie et de satin rouge, ou celui du pays du Bosphore, la Turquie. Pour prendre la place qui lui échoit notre tapis national a besoin d'être repensé dans le cadre d'une stratégie de communication. La confection du tapis, un secteur à promouvoir en premier C'est du moins le souhait de Mme Khédija Chahloul, directrice de l'Office national de l'Artisanat ONA qui a fait remarquer « Le tapis était l'objet d'un conseil ministériel le 5 mai 2010. Le but étant de promouvoir notre tapis à l'étranger et en Tunisie et d'apporter de l'aide aux personnes qui vivent de ce produit qui porte notre cachet, notre identité nationale ». Depuis 2001, en effet, notre tapis tunisien a commencé à voir les canaux de distribution qui lui sont réservés se réduire comme une peau de chagrin. Raison pour laquelle, les instances publiques planchent sur la promotion de notre tapis. Idem pour notre artisanat qui emploie actuellement 97000 artisanes, soit 84% du total des artisans répertoriés. « C'est un domaine essentiellement féminin » souligne notre interlocutrice qui a longuement parlé de la stratégie nationale pour la promotion du tapis qui draine 70% de l'ensemble des artisans dans notre pays. Une stratégie de communication La stratégie de communication en question, vise, en effet, à augmenter le nombre des foires de l'artisanat dans divers gouvernorats du pays étant donné que le tapis est quasiment absent dans les centres commerciaux et les lieux de vente les plus fréquentés. Les médias s'avèrent aussi un choix stratégique pour la promotion de ce secteur à travers des compagnes de sensibilisation et d'information sur les manifestations qui s'organisent autour du tapis. On cite à titre indicatif le programme télévisuel qui passe tous les vendredis ‘' Anamil Dhahabia'' (Doigts d'or). ‘'El kemla'', un nouvel espace de promotion de notre artisanat Toujours dans le cadre de cette stratégie, des showrooms permanents ont ouvert ou ouvriront leurs portes dans diverses régions du pays, à savoir, à Nabeul, à Djerba et à El Omrane. « L'espace d'El Omrane a été baptisé Galerie El Kemla, faisant allusion à la fille du gouverneur de Kairouan du 18ème siècle qui nous a légué le plus vieux tapis de Kairouan qu'on préserve jusqu'à aujourd'hui. », précise la directrice de l'ONA qui nous a, également, parlé de la création, d'ici à la fin de l'année de cellules représentatives de notre artisanat dans six spécialités différentes rassemblant les meilleures entreprises du genre. La médina de l'artisanat est aussi un projet dont la trajectoire a déjà commencé à se dessiner dans les esprits des uns et des autres, promettant un avenir meilleur pour l'exportation de notre artisanat. « Côté exportation, on peut dire les transactions directes sont limitées en nombre. On espère remédier à cela en encourageant nos artisanes à participer dans les foires internationales les plus importantes, en allouant des subventions aux personnes qui souhaitent investir dans ce domaine…et en utilisant l'outil internet en tant que moyen de communication sans pareil pour promouvoir notre artisanat», souligne Mme Khédija Chahloul. Femme rurale Dans ce même ordre d'idées, il y a lieu de remarquer que l'Etat ne lésine sur aucun moyen pour encourager les femmes à travailler dans le domaine de l'artisanat. Mme Bébia Bouhnek Chihi, ministre des Affaires de la femme, de la famille, de l'enfance et des personnes âgées qui a présidé cette rencontre a mis l'accent, en effet, sur l'importance d'aider la femme à devenir maîtresse de son destin en travaillant et en gagnant sa vie de la sueur de son front. La femme rurale notamment, qui attire la sympathie des instances publiques a obtenu, en effet, 27% des prêts fournis par la caisse 26/26, un chiffre qui caracolera les 35% à l'horizon 2011. « On peut se targuer, par ailleurs, de voir naître une nouvelle génération d'artisanes instruites voire même d'un niveau intellectuel très avancé. » avance madame la ministre. Ces nouvelles artisanes qui ont percé ces dernières années, peuvent se féliciter des innovations qu'elles ont apportées à notre artisanat, en puisant dans nos traditions et le legs des temps. Histoire de nous livrer un artisanat qui se fait à la modernité.