Le Temps-Agences - Le Conseil de sécurité de l'Onu a appelé l'Irak à former rapidement un nouveau gouvernement après que le représentant des Nations unies dans le pays eut mis en garde contre une dégradation des services et des infrastructures en raison du retard. Près de cinq mois après les élections législatives du 7 mars, l'Irak peine à former un gouvernement en raison des désaccords persistants sur le nom du Premier ministre, selon des hommes politiques irakiens et des responsables des Nations unies. Dans un communiqué, le Conseil de sécurité exhorte la classe politique irakienne à "former aussi rapidement que possible un gouvernement ouvert et qui représente la volonté du peuple irakien et son souhait de voir un Irak fort, indépendant, uni et démocratique." Le représentant des Nations unies en Irak, Ad Melkert, a dit aux 15 membres du Conseil que le retard "contribuait à l'incertitude dans le pays et créait des conditions qui pourraient être exploitées par des individus opposés à la transition démocratique irakienne." Ces reports "ont également un impact sur les infrastructures de base du pays et les services, et affectent les conditions de vie et le bien être des citoyens irakiens", a-t-il indiqué. Le Premier ministre Nouri al Maliki a déclaré lundi que son désir d'effectuer un second mandat n'entraînait pas un blocage du processus de formation d'un nouveau gouvernement et a demandé à ses concitoyens de se montrer patients. -------------------------- 4,7 millions d'Irakiens ont fui le pays depuis 2003 Le Temps-Agences - Comme des milliers d'Irakiens, Ahmed ne rêve que d'une chose: obtenir un visa pour les Etats-Unis après les menaces de mort contre sa famille proférées par des insurgés pour sa collaboration avec des médias occidentaux. "Les fondamentalistes m'ont téléphoné pour m'avertir : si tu n'arrêtes pas de travailler pour eux, nous te tuerons ou nous tuerons un de tes enfants", explique-t-il. Ahmed, journaliste, a un fils et deux filles. Depuis 2003, plus de 4,7 millions d'Irakiens ont fui leurs foyers, la moitié d'entre eux s'exilant à l'étranger. Un déplacement de population qui rappelle celui des Palestiniens en 1948, lors de la guerre d'indépendance israélienne. Après une année d'enseignement en 2008 au Etats-Unis, Ahmed était plein d'optimisme à son retour en Irak. Il a vite déchanté. "Autrefois, il y avait des attentats à la bombe, des mines au bord des routes. Aujourd'hui, ce sont des assassinats, l'effondrement des services publics, pas d'eau, pas d'électricité. J'ai peur pour mes enfants quand ils vont à l'école." Pour des candidats à l'émigration comme Ahmed, le rêve est de s'installer aux Etats-Unis. D'autres veulent se rendre en Europe, ou alors plus près, au Liban, en Syrie, en Turquie ou en Jordanie, où les visas sont plus faciles à obtenir. "Cette année, 4.500 Irakiens devraient se rendre aux Etats-Unis dans le cadre du programme pour les réfugiés, c'est deux fois le nombre de l'an dernier", déclare Mark Storella, coordinateur de ce programme à l'ambassade américaine à Bagdad. En 2004, seulement 66 Irakiens s'étaient rendus aux Etats-Unis dans le cadre de cet accord, qui vise à mettre en sécurité des collaborateurs menacés par les insurgés. En 2008, 13.828 réfugiés irakiens ont reçu des visas pour se rendre aux Etats-Unis. Ils étaient 18.838 l'année suivante. La procédure pour être autorisé à s'installer aux Etats-Unis prend plusieurs mois. Mais le rêve tant attendu se révèle parfois décevant et certains réfugiés décident finalement de rentrer au pays, quels que soient les risques. "Je n'y croyais pas de pouvoir aller aux Etats-Unis, c'était un rêve qui se réalisait", raconte Bachir Rachid Mahmoud, un caméraman de CNN. "Mais dès que j'ai atterri à New York, cela n'avait plus rien d'un rêve. La réalité, ce n'est pas ce qu'on voit au cinéma ou ce que vous racontent des amis. C'était vraiment un autre monde, j'étais paumé, vraiment mal dans ma peau", dit-il. Mahmoud, 22 ans, avait demandé un visa américain après avoir été menacé de mort par Al Qaïda. Après deux mois passés au Texas, il voulait rentrer chez lui. "Tout était différent. La culture, la vie en communauté, tout cela n'avait rien à voir avec l'Irak. Des amis irakiens ont tenté de me convaincre de rester mais vraiment je ne pouvais pas. Je savais qu'une telle occasion ne se représenterait pas et pourtant j'ai décidé de rentrer en Irak." Le nombre de civils victimes des violences en juillet en Irak a presque doublé par rapport au mois de juin, selon le gouvernement de Bagdad. Au total, 396 civils ont été tués dans des explosions de bombes ou d'autres attaques perpétrées le mois dernier, contre 204 en juin et 275 en mai. Depuis l'invasion anglo-américaine de 2003, 100.000 civils ont trouvé la mort en Irak, estime l'ONG britannique www.iraqbodycount.org.