J'étais heureux comme un prince des mille et une nuits, perché sur mon balcon du premier étage, face à l'une des plus belles plages du pays, sur la corniche de Mahdia. En ces débuts de juillet, les estivants n'avaient pas encore déferlé et j'ai pu jouir à loisir des bienfaits de l'eau et des brises marines. J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir, la vue du Borj et avec un bout du cimetière marin, versant nord. Je coulais des jours paradisiaques quand soudain, arriva en dessous du balcon un camion qui occupa le trottoir et d'où sortirent, par on ne sait quel tour de magie, une bonne quinzaine de créatures hommes, femmes adultes et enfants confondus. A peine ont-ils émergé qu'un autre camion vint s'installer à côté du premier éjectant une smala semblable à la première et les deux groupes se rassemblèrent. Qu'est-ce donc que ces étranges créatures ? J'en étais là de mes réflexions quand un troisième camion vint rejoindre les deux autres et d'où émergea une troisième smala qui vint grossir les rangs des deux premières. Puis, on découvrit un quatrième camion qui était là avant les trois autres et que je n'avais pas vu arriver. Quelques jeunes hommes ôtèrent la bâche du véhicule me faisant découvrir une véritable caverne d'Ali Baba… remplie de nourritures. Il y avait absolument tout, du pain en passant par les petits piments rouges, l'incontournable pastèque, la bouteille d'huile, les bidons d'eau, les assiettes, les couteaux, les oignons, les épices, les tomates, des paquets fermés sur leur mystère, le parasol, les draps… Que viennent faire ces étranges créatures ? Se baigner ? On n'a pas besoin de tout cela pour le faire. Tout ce beau monde s'installe en bord de mer à l'ombre d'un parasol entouré par les draps. Une vraie maison de fortune. On allume un feu de charbon et l'on commence à faire griller des merguez et de la viande. L'air est empesté. Pourtant, les autorités ont débarrassé la corniche des étals et des échoppes anarchiques. Que gagne la ville de l'installation de ces hordes barbares sur ses plages ? De la saleté mais sûrement aucun millime. Il faut que les estivants comprennent enfin que les plages ne peuvent pas être des salons et des cuisines improvisés. Il faut arrêter le massacre.