Le représentant juridique d'une société de distribution de produits agricoles a déposé une plainte à l'encontre de deux employés de la société. SK le chauffeur du camion poids lourd servant pour le transport et AR un contrôleur au dépôt chargé de superviser les opérations. Le jour des faits SK devait transporter une charge de 26 tonnes de blé et de la déposer auprès de la société commanditaire. Ce jour là personne n'a vu le camion entrer à l'intérieur du parking central de la société. L'agent réceptionniste a déclaré que le camion n'est pas venu et qu'il n'a pas déposé ladite quantité de blé. Les caméras déposées n'ont pas enregistré l'arrivée du camion. Plus tard, SK interrogé sur la marchandise non déposée a déclaré qu'il l'a déposée comme d'habitude. Les responsables de la société ont fait appel aux auxiliaires de la justice. Ces derniers ont procédé à l'arrestation de KS pour les besoins de l'enquête. Fouillé il avait sur lui la somme de 2300 dinars en espèces. Interrogé sur la provenance de l'argent il a déclaré que cet argent lui appartient. AR chargé des contrôles des opérations a déclaré avoir vu SK acheminer le blé au dépôt. Ce témoignage lui a valu d'être également impliqué dans cette affaire. Il a été arrêté. Au cours de l'enquête préliminaire chacun a maintenu ses déclarations. Ils ont été traduits en état d'arrestation devant la chambre criminelle du tribunal de 1ère instance de Tunis. Interrogé en premier SK a déclaré qu'il a bien acheminé les 26 tonnes au dépôt. La procédure exige qu'à chaque arrivée au dépôt il pèse son camion avec la marchandise. C'est le prénommé S qui est chargé d'enregistre le poids. Après la livraison il repèse le camion vide. Le rôle de AR est de prendre un échantillon de la marchandise qu'il envoie pour analyses au labo. Il a déclaré qu'il a effectué toute la procédure d'acheminement de la marchandise. Le juge l'a confronté avec les déclarations de S qui a déclaré que le jour des faits il n'a pas réceptionné la marchandise. Aussi les caméras n'ont pas enregistré l'arrivée du camion. Il a répondu qu'il est innocent et qu'il s'agit d'une accusation calomnieuse. C'est une machination colportée par les responsables de la société. AR a déclaré avoir vu SK effectuer la procédure de la livraison de la marchandise. Deux avocats de SK l'ont défendu en déclarant que cette accusation est une cabale montée par les responsables de la société afin de se séparer de son client sans lui payer les indemnités afférentes à son renvoi. Le témoignage de S ne peut pas être pris en considération par les juges car c'est un témoignage d'employé en faveur de son employeur. Le contraire serait étonnant. Pour ce qui concerne le volet des caméras qui n'ont pas enregistré l'entrée du camion au dépôt, il est fort possible que ce jour là les caméras fussent en panne. Les deux avocats ont demandé l'acquittement pur et simple de leur client. L'avocat de AR a estimé que son client doit être relâché car il n'a commis aucun délit. Son témoignage ne doit pas être une cause pour l'accuser de complicité. L'affaire a été mise en délibéré.