Peut-on aujourd'hui séparer la politique de la religion ? Un peu partout dans le monde l'impression est que les religions reprennent du terrain sur le politique, après la consécration de la nécessité de séparer la religion de l'Etat. Question, oh, combien épineuse et problématique ! Pourtant l'évolution de l'humanité a été marquée par le recul des religions au fur et à mesure de l'édification de l'Etat unitaire centralisé et l'adoption des philosophies du contrat social sanctionnant la séparation des pouvoirs et des structures politico-sociales vers plus d'autonomie et de liberté fonctionnelle. Malgré les directives claires du Christ sur la nécessité de "donner à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu", il a fallu des siècles à partir de Saint Augustin, le "Carthaginois", pour que l'Eglise Chrétienne accepte la séparation avec l'Etat et de passer d'une autorité para-étatique mais transcendante et source de légitimité du pouvoir temporel, à sa vocation actuelle plus proche de la culture sociale et solidaire que prétorienne. Du côté du judaïsme même évolution malgré le caractère spécifique de cette religion qui a été souvent persécutée à travers le temps depuis l'Antiquité. L'attachement et l'excès de ferveur de ses adeptes n'est de fait que l'héritage de cette culture de la "conservation" ravivée par les pogroms et les drames de la 2e guerre mondiale. Mais pour ceux qui connaissent bien les réalités juives et qui osent s'écarter des débats fanatisés et passionnels la plupart des partis politiques israéliens à l'exception bien sûr des extrémistes, connaissent eux aussi une évolution marquée vers la laïcité. Un ami juif tunisien de longue date et que je ne peux soupçonner de velléités guerrières ni de haine anti-arabe et musulmane, connaissant bien sa famille et l'éducation tolérante qu'il a donnée à ses enfants, me disait il n'y a pas longtemps que Liberman le "fougueux" ministre des Affaires étrangères d'Israël n'est pas "juif" et Barrack le ministre de la Défense non plus ! Ce sont des laïcs ! qui n'ont rien à voir avec l'héritage et l'essence même du judaïsme ! L'Islam depuis l'aube de la révélation, et le prophète Mohamed, ont consacré de la manière la plus claire le respect des religions et la liberté des croyances. L'Islam à ses origines a été plus porteur de fraternité que de conflits. Il a même développé une législation pour protéger les lieux de culte et les fidèles des autres religions. Cette législation peut paraître pour certains, limitative et un peu "discriminatoire", mais il faut la mettre dans son véritable contexte historique pour comprendre qu'elle était, avant-gardiste et très évoluée, dans son époque, puisqu'elle a consacré dans les faits les libertés religieuses. Mais alors quelle mouche a piqué le monde aujourd'hui, pour assister à cette effervescence "religieuse" qui touche spécialement les trois religions monothéistes ? Les acquis du rationalisme gagnés à travers des siècles de luttes et de souffrances consentis par des esprits libérés et modérateurs sont-ils à nouveau menacés par l'envahissement du religieux et son ascendant de plus en plus visible sur le politique. A notre avis si la tendance se confirme la première responsabilité c'est celle du politique lui-même et surtout de l'Occident ! Car c'est bien, lui qui est en charge des problèmes d'économie et de société dans le monde. L'Occident, à tout seigneur tout honneur, se doit de rectifier sa stratégie surtout vis-à-vis du monde musulman. Le fait "d'écraser" tout le temps les ambitions légitimes, de cette partie intégrante de l'humanité ne peut qu'avoir un effet multiplicateur de la frustration et des sentiments d'injustice ressentis par plus d'un milliard de musulmans. Les décideurs qui trônent sur le monde d'aujourd'hui doivent savoir que les musulmans, aussi, ont accès à leurs idéaux et à leurs valeurs consacrés dans les constitutions occidentales et qui sont la : "liberté et la justice". La diffusion de la connaissance est telle qu'on ne peut plus tromper ni flouer personne ! ... Alors les musulmans pourront plus facilement évoluer vers le "ramollissement" de la culture traditionnelle et la rationalisation de la religion. Obama l'a compris, mais une hirondelle ne fait pas le printemps surtout quand sa volonté est handicapée et contrôlée par les siens... Dieu je me garde de parler du "Congrès" !