Le Temps-Agences - Quand les Palestiniens jouent au football à Anata, en Cisjordanie, mieux vaut ne pas expédier le ballon au-dessus du mur de séparation israélien qui passe au milieu du stade municipal. Car récupérer la balle est à leurs risques et périls. Avant, pour aller ramasser les ballons perdus, Mourad Obeidi devait ramper dans un tunnel creusé sous la barrière de béton. Aujourd'hui, c'est quasiment impossible, Israël ayant interdit l'accès aux abords du mur. Les footeux d'Anata, petite ville palestinienne relativement aisée dans la banlieue nord d'Al Qods, ont peur de se faire tirer dessus par les soldats israéliens. "Ils prétendront que j'étais en train de préparer un attentat", déclare Mourad Obeidi, joueur amateur de 21 ans, qui manie le ballon sur le terrain poussiéreux d'Anata. "Ils tiraient parfois des grenades lacrymogènes quand on était à l'intérieur du tunnel, mais d'autres fois, on réussissait à ramener le ballon. Maintenant c'est impossible", raconte-t-il. Comme beaucoup d'habitants d'Anata, Obeidi a une carte de résident d'Al Qods, toute proche, mais depuis la construction de la barrière de séparation, il s'est retrouvé du mauvais côté, en Cisjordanie occupée, et donc isolé de la Ville sainte. L'édification de la clôture, le mur de l'apartheid, empiète sur la Cisjordanie et rend problématique la création d'un Etat palestinien viable. Dans un avis rendu le 9 juillet 2004, la Cour internationale de justice (CIJ) a jugé illégale la construction de cette barrière et exigé son démantèlement, tout comme l'a fait ensuite l'Assemblée générale de l'ONU. Israël n'a pas tenu compte de ces demandes. A Anata, le mur a amputé la moitié du stade de foot et Moussa Khalil, l'entraîneur du club local, veille à ce que ses joueurs ne frappent pas le cuir trop haut.