Le chef des forces armées américaines en Irak, le général Ray Odierno surprend tout le monde en déclarant qu'il s'attend à d'autres attaques de grande ampleur d'ici le 17 mars ", c'est-à-dire d'ici les législatives jugées cruciales pour l'avenir du pays. Un aveu d'impuissance au milieu d'un champ de mines humaines ; une tendance à jouer sur l'amalgame aussi en mettant la recrudescence de la violence sur le compte des clivages confessionnels. La main d'Al Qaïda est-elle vraiment palpable dans ce qui se passe ? N'a-t-on pas établi un lien - fut-il ténu - de cause à effet après la pendaison d' " Ali le chimique ", qui n'a pas, en soi, un caractère historique, mais qui réveille ces démons provoqués par la pendaison de Saddam, un jour d'Aïd, un jour d'Islam ? Si les Américains pensent que l'enjeu est exclusivement confessionnel, ils se trompent. S'ils croient pouvoir annihiler le nationalisme irakien en exhumant ce chiisme irakien frustré mais dévastateur, ils font là un mélange des genres. S'ils croient pouvoir déplacer les pesanteurs entre le chiisme de Qom, la ville de Khomeiny et celui de Kerbala, là où a été tué l'imam Hussein, ils risquent de créer un nouveau monstre sanguinaire. A l'évidence les néo-conservateurs de Bush gouvernent toujours : ils veulent souffler sur les feux de braise de " La grande discorde ".