Le processus de mise en place d'un mécanisme commun entre les pays maghrébins pour l'achat de médicaments, vaccins et sérums se poursuit et la commission technique maghrébine pour les achats groupés de médicaments s'est tenue, hier et avant-hier, à Tunis en vue d'évaluer les étapes franchies pour réaliser l'objectif de réactiver le processus des achats communs, en veille depuis 2000. Ce processus répond aux recommandations de la 10e session du Conseil des ministres de la Santé de l'UMA (Tunis, mai 2008) et de la première réunion de la commission technique en charge du dossier (Rabat, décembre 2008). Cette réunion s'intègre dans la stratégie commune en matière de médicaments qui ne saurait que renforcer la position des pays maghrébins face au dictat des multinationales. Une offre unie provenant du Maghreb ne pourrait avoir que des incidences positives sur les prix proposées au marché maghrébin réuni. Cette concertation faciliterait également l'approvisionnement en médicaments des cinq pays du Maghreb, les uns auprès des autres, en instaurant une préférence maghrébine lors de l'examen des soumissions. L'idée est d'autant plus intéressante que l'enveloppe d'achat des médicaments dépasse les 600 millions de dinars en Tunisie, soit près de 450 millions de dollars, elle est de l'ordre de 1,5 milliard de dollars en Algérie et de près de 700 millions de dollars au Maroc. La production locale des médicaments couvre les besoins à concurrence de 85 % au Maroc, 50 % en Tunisie et 30 % en Algérie. Ces ratios peuvent s'améliorer d'une manière substantielle si les pays maghrébins décident de s'approvisionner les uns auprès des autres. Ils peuvent obtenir de meilleurs prix pour les autres médicaments achetés sur le marché international en préparant des appels d'offres communs aux cinq pays du Maghreb.
Les premières pistes Les besoins maghrébins en médicaments étant presque identiques, les responsables des départements concernés dans les pays du Maghreb pensent qu'il serait plausible de réactiver le comité maghrébin d'achat commun des médicaments et de lui déléguer le soin d'acheter une liste de produits définie d'un commun accord. Pour surmonter les éventuels problèmes pouvant surgir avec les produits locaux, il a été convenu de commencer avec les vaccins, les produits d'oncologie, les sérums et les médicaments issus de la biotechnologie, surtout que ces produits sont concentrés entre les mains d'un nombre limité de firmes à l'échelle internationale et que les pays maghrébins s'approvisionnent très probablement auprès d'un même fournisseur. Concernant les autres produits, il faudra déjà dresser la liste des besoins communs en médicaments, commune aux pays du Maghreb, en attendant l'élaboration d'une nomenclature commune de médicaments de base et l'actualisation de la convention maghrébine d'achat groupé. Par ailleurs, l'idée d'introduire une préférence maghrébine dans les appels d'offres de médicaments fait son chemin. Une telle option ne pourrait que renforcer la production locale dans les pays respectifs, chacun selon ses spécificités. Il a été également convenu entre les responsables des organismes en charge de l'achat de médicaments, vaccins et sérums au niveau des pays de l'Union du Maghreb Arabe de faciliter la coopération inter- laboratoires nationaux de contrôle de la qualité des produits médicamenteux et de continuer la lutte contre les médicaments non conformes aux normes ou contrefaits. Mourad SELLAMI ---------------------------------------- La conquête de l'Afrique S'il est positif que la coopération maghrébine aboutit à coordonner l'achat des médicaments auprès des multinationales pour obtenir un meilleur prix et parvient à accorder la préférence maghrébine lors de l'octroi des marchés, elle doit également s'étendre à une coordination structurelle entre les fabricants maghrébins de médicaments en vue de se présenter en rangs unifiés aux appels d'offres internationaux sur les marchés d'Afrique et des autres pays du monde. Le non-Maghreb coûte déjà une perte de 1,5 % à 2 % de taux de croissance pour chaque pays maghrébin et des centaines de milliers de création de postes d'emploi en moins. Par ses spécificités internes et son respect des normes internationales, le secteur des médicaments est en mesure de brasser large en matière de coopération intermaghrébine.