Le Temps-Agences - L'Union européenne a décidé de reprendre langue avec la Syrie dans l'espoir de préserver la paix au Liban, où ses pays membres fournissent le gros des casques bleus depuis la fin de la guerre de cet été entre le Hezbollah et Israël. Le représentant de la diplomatie des Vingt-Sept, Javier Solana, se rendra la semaine prochaine à Damas dans le cadre d'une tournée qui l'emmènera aussi à Beyrouth et en Arabie saoudite, pays qui soutient le gouvernement pro-occidental de Fouad Siniora. Dans les milieux diplomatiques de Bruxelles, on constate que les efforts pour isoler la Syrie et l'Iran, principaux parrains du Hezbollah, ont plutôt contrecarré ceux visant à consolider le cessez-le-feu intervenu le 14 août au Sud-Liban après une guerre de 33 jours qui a fait plus d'un millier de morts. Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Dermot Ahern, dont le pays a envoyé 160 casques bleus dans la région dans le cadre de l'élargissement de la Force intérimaire des Nations unies (Finul) intervenu à la suite du conflit, a présenté le Liban comme une "poudrière". Ahern, qui s'est rendu récemment sur place, où il estime que la situation peut dégénérer à tout moment, a justifié la mission de Solana à Damas en déclarant à Reuters que la Syrie était un "partenaire régional" incontournable et que "la diplomatie vaut mieux que de tourner le dos aux gens". "Le Conseil européen m'a mandaté pour entreprendre ce voyage (...) afin de dire aux Syriens quelle est la situation, que nous voulons travailler avec eux, et plus particulièrement sur la question libanaise", a déclaré Solana au terme du sommet des Vingt-Sept à Bruxelles. Depuis l'assassinat en février 2005 de l'ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, un ami personnel du président Jacques Chirac, la France s'opposait à tout contact entre l'UE et la Syrie de Bachar Al Assad, soupçonnée d'avoir commandité le crime. Chirac, dont c'était le dernier Conseil européen avant l'expiration de son quinquennat, a dit avoir approuvé "sans réserve" ce que l'Elysée a présenté d'abord comme une "mission personnelle" de Solana puis comme une initiative de l'Union sur un sujet "qui nécessite une complète cohérence" de sa part. "J'approuve sans réserve l'initiative de M. Solana, qui est d'ailleurs une initiative de l'Union", a déclaré le président français en soulignant que l'émissaire européen était porteur d'un "message clair, élaboré, et qui a le consensus général" Estimant que la capitale syrienne était incontournable dans le règlement des divers dossiers proche-orientaux, plusieurs ministres européens des Affaires étrangères européens s'étaient rendus ces derniers mois "en ordre dispersé" à Damas, suscitant les "réserves" de Chirac. "Là, on a décidé, enfin, que l'Europe parlerait d'une seule voix", s'est félicité le chef de l'Etat français lors d'une conférence de presse au terme du Conseil européen de Bruxelles. "Il est certain que nous devons parler d'une seule voix", a renchéri pour sa part Dermot Ahern.