* Les retombées doivent être néanmoins relativisées. Elles sont même quelque peu maîtrisées. * Mais au chapitre social, force est de constater que les négociations sont rondement menées malgré certaines difficultés dans le secteur public * Quant à la CNAM, elle a encore besoin de temps pour trouver ses repères Au début de son point de presse donné hier matin au siège du ministère, M.Ali Chaouch, ministre des Affaires sociales, de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger est revenu sur les multiples mesures sociales prises tout récemment en faveur de l'ensemble des travailleurs et sur celles dont ont bénéficié plus particulièrement certaines entreprises en difficulté. Ensuite, ce fut au tour des journalistes de poser leurs questions qui portèrent essentiellement sur les retombées de la crise mondiale sur l'économie tunisienne, la situation de nos travailleurs à l'étranger, le nouveau régime de l'assurance maladie et de la retraite, les négociations sociales, la réhabilitation des quartiers populaires et la situation professionnelle des inspecteurs du travail. Chiffres pas très alarmants Concernant les effets de la crise mondiale sur nos entreprises, le ministre a précisé que bien que réelles, ces retombées restent relatives et sont pour le moment maîtrisées. Ce sont les entreprises exportatrices qui sont les plus touchées et qui ont recouru soit à la mise au chômage technique de leurs ouvriers (13 entreprises), soit à la réduction des heures de travail (99 sociétés) ou bien aux deux mesures à la fois (7 unités). Cependant sur les 200 entreprises en difficulté enregistrées jusqu'à présent, 119 bénéficient d'une aide de l'Etat susceptible de leur permettre d'assurer le paiement des salaires et de garantir la couverture sociale des employés. Les autres dossiers sont actuellement à l'étude et il n'est pas exclu que le nombre des bénéficiaires de cette participation étatique augmente dans les prochains jours. Concernant les ouvriers qui ont perdu leur emploi, ils sont jusqu'à la mi-mars 2009 au nombre de 4200 dont 2900 sous contrat. Les entreprises qui ont fermé ne sont pas nombreuses et certaines d'entre elles ont pris cette décision bien avant la récession. Pour la plupart, elles l'ont fait sans en aviser les autorités compétentes ni même leurs employés. Les dossiers de ces derniers sont actuellement pris en charge et suivis par les différentes inspections du travail dont ils relèvent. Les victimes de la mesure touchent une indemnité de près de 200 dinars sur une période de 12 mois et conservent tous leurs droits à la couverture sociale durant la même période. Quant à nos travailleurs à l'étranger (1.500.000 répartis sur plusieurs points du monde et plus particulièrement sur le continent européen), ils subissent comme tous leurs collègues des pays d'accueil les effets de la crise, mais l'Etat tunisien veille constamment à la préservation de leurs droits et de leur dignité où qu'ils soient. Cela étant, les chiffres nous apprennent que les transferts financiers effectués par nos émigrés n'ont pas connu de baisse jusqu'à mars dernier, et qu'ils ont plutôt enregistré une légère hausse.
La CNAM et régime de la retraite : des prestations à améliorer Dans le dossier de la couverture sociale des travailleurs et de la nouvelle caisse d'assurance maladie, le ministre a souligné la nécessité de donner du temps à la structure créée il y a seulement deux ans pour qu'elle améliore ses prestations bien qu'en si peu de temps, elle ait déjà réalisé des performances remarquables. Grâce à la réforme entreprise dans la couverture sociale et dans l'assurance maladie, le taux de couverture a dépassé les 90% alors qu'il était de seulement 54% en 1987. Pour la première fois dans l'histoire du pays, le régime commun est institué et les secteurs public et privé bénéficient des mêmes prestations en matière de sécurité sociale. Les malades graves ou chroniques dont les soins sont pris en charge ont atteint aujourd'hui le nombre de 260.000, alors qu'ils n'étaient qu'un peu plus de 60.000 avant la réforme. D'autre part, on a dépassé maintenant le chiffre de 8000 médecins et laboratoires conventionnés avec la CNAM. Les délais de remboursement ont été écourtés (20 jours seulement après le dépôt du dossier) et le nombre des succursales de la CNAM réparties sur le territoire ne cesse d'augmenter. En tout cas, ajoute le ministre, des instances spécialisées et des experts qualifiés suivent de près les services de la CNAM et enregistrent l'évolution et la qualité de ses prestations. C'est seulement à la lumière du rapport et du bilan qu'ils présenteront qu'il sera possible d'évaluer plus objectivement la nouvelle réforme. Pour ce qui est des médecins qui, tout en étant conventionnés, refusent d'appliquer les accords signés avec la CNAM, M. Ali Chaouch rappelle que le recours à la manière forte avec les contrevenants n'interviendra que lorsque toutes les autres formes de communication auront été épuisées, parce que le ministère privilégie le dialogue et la concertation dans ses relations avec tous les prestataires des services médicaux. Au sujet du régime de la retraite, et compte tenu de l'évolution du niveau de vie des Tunisiens qui a fait que le nombre des plus de 60 ans représente désormais 10%M de la population et que l'espérance de vie à la naissance soit de 74 ans, cela n'a pas laissé d'affecter les prestations des caisses concernées, en particulier dans le secteur public. Aujourd'hui, 3,6 personnes actives seulement travaillent pour payer l'indemnité d'un retraité alors qu'il y a 20 ans, le pourcentage était plus élevé (5 actifs pour un inactif). Avec le concours d'experts étrangers désignés par le Bureau International du Travail, les instances tunisiennes chargées de préserver les acquis de ce régime et de maintenir l'équilibre budgétaire des caisses jusqu'en 2030, étudient depuis un certain temps déjà les moyens d'atteindre ces objectifs cruciaux.
Des difficultés dans le secteur public A propos des négociations sociales, elles rencontrent parfois des difficultés pour aboutir à des résultats satisfaisants pour tous les partenaires, notamment dans le secteur de la fonction publique ; et si quelques grèves sont enregistrées c'est, affirme le ministre, tout à fait prévisible et naturel. Il n'empêche que dans un peu plus de 100 entreprises publiques sur 213 concernées, les accords ont été signés. " Nous comptons sur le climat de dialogue et de compréhension mutuelle qui prévaut actuellement entre les partenaires sociaux pour réaliser d'autres avancées", a ajouté M.Ali Chaouch. Au sujet des quartiers populaires qui nécessitent réhabilitation, le ministre a énuméré les multiples actions entreprises à cet effet dans divers gouvernorats du pays et rappelé l'approche et la stratégie du gouvernement en matière d'amélioration des conditions de vie et d'habitat des économiquement faibles et qui consiste plus à intégrer les membres valides de ces familles qu'à les assister, et ce dans le but de leur épargner la marginalisation et ses effets désastreux. A la fin de la conférence, il a été surtout question des inspecteurs du travail et de leurs revendications que le ministre trouve tout à fait légitimes au vu des services rendus par ce corps professionnel et des nombreux sacrifices qu'il consent dans l'accomplissement de ses fonctions. M.Chaouch a promis de poursuivre le dialogue avec l'association qui les représente dans le but d'améliorer leurs conditions.