SIFE, « Students In Free Entreprise » prend ses quartiers au CJD. C'est mardi dernier lors d'une réception organisée au siège de l'UTICA que la structure tunisienne de cette ONG américaine créée en 1975 dont la mission est de projeter l'Université dans le monde de l'entreprise, est officiellement entrée en activités. Parrainée par le Centre des Jeunes dirigeants SIFE Tunisie y sera donc hébergée et c'est Khaoula Boussemma qui pilotera le projet. La communauté d'affaires s'est mobilisée pour la circonstance. L'UTICA par la voie de Tarak Ben Yahmed, président de Fédération et membre du bureau exécutif, a manifesté toute sa sollicitude à cette initiative. Mais également le ministère de l'emploi et bien entendu le ministère de l'Enseignement supérieur, étant donné que l'université est le partenaire incontournable. Et le projet a trouvé également deux prestigieux sponsors Coca Cola et Attijaribank
Du théorique au pratique Il s'agit bien de ce qui pourrait être le plus stimulant des projets de fin d'études puisque les diplômés de l'Université sont appelés à encadrer une population de promoteurs d'un genre particulier. Il s'agit d'aller dans les milieux défavorisés des villes ou des campagnes et d'aider les braves gens à se mettre à leur compte. Quoi de plus exaltant cela revient à valider les connaissances théoriques acquises tout au long du cursus universitaire. C'est à l'évidence le plus dur des tests car les étudiants seront jugés sur résultats. Evidemment de l'extérieur le défi peut paraître mineur mais c'est un vrai challenge car on peut avoir le savoir et être dépourvu de pédagogie. Dans le fond c'est là la véritable pierre d'achoppement de l'édifice. Déjà qu'avec ses propres enfants on éprouve du mal et de la lassitude à les faire performer alors qu'en est-il de tierces personnes étrangères au domaine et qu'il faut convertir à la culture de l'initiative privée. Last but not least il faut également les acquérir au goût du risque. Quand on est sans ressources la chose prend un tout autre relief ». C'est plus inhibant qu'attrayant. Et c'est là probablement que réside l'essentiel du travail.
Un sens du leadership La mission présente des défis multiples. Les informaticiens vivent ce genre de défis quand ils basculent du langage codé vers ce qu'ils appellent l'Unix, le langage ouvert. Compacter tout ce qu'on a appris et dont on s'enorgueillait qu'il soit compliqué et ardu en des consignes claires formalisant un mode d'emploi de la promotion de l'entreprise à des profanes. Le plus dur sera d'identifier les personnes et les profils susceptibles de percevoir le message. Pour cela il faut avoir une dotation de leadership qui vous procurerait ce qu'il faut de charisme et ne parlons pas d'autorité mais au moins d'ascendant pour convaincre des gens à tenter l'aventure de création d'entreprise. Ça n'a l'air de rien mais ces qualités quand on est pourvus, en général on les exploite pour soi. Via SIFE on fera donc du son de soi et c'est peut être ce qui motive les éléments brillants à intégrer le réseau SIFE.
Tenter le strike Réinsérer ceux qui guettaient leur chance et ont jusque-là manqué certainement de moyens et surtout d'un appui psychologique pour tenter le strike et s'installer pour compte propre est un acte de contribution au développement du pays. On ne sortira pas des multi à partir des « favellas » et du pays profond mais il y aura des expériences stimulantes qui pourront doper les sens du business chez les économiquement faibles, première population cible du programme. Casser l'engrenage et la fatalité de la pauvreté, voilà peut être le message profond. Il reste que le pays a formalisé une stratégie nationale en la matière et L'expérience de la Banque tunisienne de solidarité et le fonds 21-21 ont donné des résultats remarquables. Elles occupent le terrain et offrent des perspectives beaucoup plus stimulantes. Mais d'une certaine façon en répandant la culture du risque elles ont aussi préparé le terrain à SIFE.
Impressions Leurs impressions nous intéressent et notamment l'avis de Willaim Reach qui a fait le déplacement pour la circonstance :« Aider les gens à résoudre leurs problèmes par eux-mêmes et les mettre sur la voie peut être pas de l'abondance mais au moins de l'émancipation » Hakim Sammami, responsable de SIFE - Morrocco : « Notre mot d'ordre est que les gens instruits tentent de faire de même avec ceux qui n'ont pas eu la chance d'accéder à l'instruction » et enfin Hassan Bertal : « C'est l'occasion pour les étudiants de se colleter aux réalités du terrain et de se forger un profil de team leader fort utile dans l'univers de l'entreprise et le monde des affaires en général. »