Et si tout le mal venait de la psychologie de nos dirigeants ? Oui, il serait temps de se poser la question. Il serait temps de dire à ces messieurs qui président aux destinées de nos clubs : « Vous exagérez ». Et, pire que tout, ils sont derrière la banalisation du dénigrement, nouent et dénouent des alliances, aliment et cultivent la paranoïa, se prétendent « corrects » et « bien éduqués » (ce n'est pas un défaut, en effet), mais s'arrangent bien pour que les clivages se creusent, pour diaboliser leurs prédécesseurs et, pour tout dire, faire le vide autour d'eux. N'en déplaise à ceux qui nous envoient chaque jour des pamphlets (que nous publions d'ailleurs et dont quelques uns se réfugient derrière des noms imaginaires, véhicule privilégié de la calomnie des lâches) et, bien oui, tout un chacun sait qu'aujourd'hui, les dirigeants des clubs, les dirigeants fédéraux et tutti quanti, ont un besoin impérieux d'éducation civique, Bertrand Marchand dit : « Seul le respect des règles pourra restituer sa force au football ». C'est-à-dire, suppose-t-on, le respect de la règle de droit et de loi dans son acceptation large. Oui, « le droit c'est la morale de ceux qui n'en ont pas ». C'est la première règle qu'on enseigne aux futurs juges et aux futurs avocats, mais elle est inopérante chez les futurs avocats du diable. Pourquoi diable justement, bien de présidents de clubs actuels vendent-ils leur âme au diable ? Qu'est-ce qui justifie cette métamorphose qui fait d'eux des trapézistes du verbe faussement noble parce que chargé des sous-entendus haineux ? Qu'est-ce qui fait que ceux qui vivaient à l'ombre de leurs « maîtres » se retournent contre eux, une fois propulsés sous les feux de la rampe ? On appelle cela le complexe de Perrichon, concept psychanalytique et auquel ont recours les politologues pour expliquer, par exemple, l'anti-atlantisme de De Gaulle qui n'a jamais su vivre avec une réalité : les Anglais l'ont hébergé et les Américains ont libéré la France ! C'est cela Perrichon : la vue du bienfaiteur fait mal. Combien de Perrichon y a-t-il parmi nos dirigeants sportifs ? Que serait Slaheddine Zahaf sans ce comité de soutien qu'il trouve le moyen de critiquer pour peu que les virements dans les caisses du club tardent à tomber ? Et, d'ailleurs, qui tire les ficelles, qui tire profit, dans tous les sens du terme, des éternelles rivalités intestines autour du club ? Pourquoi s'arrange-t-on (à Sfax) pour que le Club Sfaxien ne gagne pas de trophées ? C'est la réalité. Tant que le club court derrière une consécration, les vannes seront toujours ouvertes. Calcul matériel morbide en fin de compte. Un mercantilisme devenu systématique : on achète et on vend. Mais, en fait, qui dirige le Club Sfaxien ? Et qui dirige l'Espérance ? Et qui dirige l'Etoile ? La seule visibilité possible, actuellement, c'est au parc « A » qu'elle est possible. Kamel Idir sait se mettre à sa vraie place. Il sait se référer en toute humilité à un grand frère spirituel, Hamadi Bousbiï, et à des Clubistes qui aiment leur club : Belhassen Trabelsi, Hammouda Ben Ammar, Férid Abbès, Saïd Néji... Il a la décence et l'intelligence de ne pas se retourner contre ses « soutiens » et quels « soutiens ». Ce n'est, donc, pas un Perrichon. Et mieux que cela c'est grâce à cette cohérence structurelle (un Comité directeur ; un Conseil d'administration) que le Club Africain redevient grand, même si sur le terrain les choses évoluent très lentement... Mais voilà que du côté de Sousse, on nous murmure que Moëz Driss s'est assagi, qu'il se réfère maintenant systématiquement à Jenayeh parce qu'il a compris qu'un Jenayeh, loin de la présidence du club, est plus aimé, quelque part regretté. Mais, en fait, c'est pourtant, facile d'être président de club : pas de ruptures. Car on se brûle les ailes, parfois, à vouloir voler seul et très haut. Le sport favori de Perrichon et qui faisait son aura auprès des habitants de sa bourgade était de survoler un ravin en pleine course. Un jour il trébuche. Un berger lui tend une perche et le sauve. Perrichon tue le berger. Nos Perrichon se reconnaîtront.