Le Temps-Agences - Deux employés de l'ONG Aide médicale internationale ont été enlevés dans la nuit de samedi à dimanche au Soudan par des hommes armés non identifiés, ont annoncé le Quai d'Orsay et l'organisation. Ces deux personnes étaient basés à Ed el Fursan, dans le sud de la province du Darfour, où se déroule un conflit à l'origine de poursuites judiciaires de la Cour pénale internationale (CPI contre le régime de Karthoum. "S'agissant d'une situation concernant une ONG française, le Centre de crise du ministère des Affaires étrangères et européennes a été immédiatement mobilisé", précise le Quai d'Orsay dans un communiqué. Selon une source onusienne à Khartoum, des hommes armés ont capturé les deux employés et deux gardes soudanais dans les locaux de l'ONG samedi peu avant minuit. Ils ont ensuite relâché les deux gardes. Aide médicale internationale dénonce avec "vigueur" dans un communiqué "cet enlèvement dirigé contre des membres de son équipe, qui oeuvre au quotidien pour préserver la santé des populations locales". Ni les autorités françaises ni Aide médicale internationale n'ont fourni la nationalité et l'identité des deux personnes enlevées. Affrontements tribaux La région d'Ed el Fursan, située à environ 90 km de la capitale du Nord-Darfour, Nyala, est depuis plusieurs semaines le champ d'affrontements de deux tribus rivales, les Habbania et les Fallata, qui s'y disputent des terres agricoles. Leur conflit, très ancien, s'est intensifié avec l'arrivée massive d'armes en six ans de conflit darfouri. Un porte-parole de l'Armée de libération du Soudan, l'une des principales organisations rebelles, a démenti que ses éléments soient impliqués d'une manière ou d'une autre dans l'enlèvement. Trois employés étrangers de Médecins sans frontières (MSF) ont été enlevés en mars dans le nord du Darfour. Certains responsables d'organisations humanitaires craignent que ce type d'opérations ne se développe. "On a eu droit à pratiquement tout le reste - vols, détournements de voiture, attaques. Mais l'enlèvement de personnel international n'a jamais été un problème avant", a déclaré l'un de ces responsables. "S'il s'agit du début d'une nouvelle tendance, les organisations d'aide internationale devront alors décider de l'opportunité de laisser leur personnel international sur le terrain, à l'extérieur des grandes villes du Darfour, où il est particulièrement vulnérable", a-t-il ajouté.