Il y a de ces phénomènes défiant toute logique et en tout cas tout sens de l'humanisme, qui laissent coi et irritent même le plus imperturbable et le plus flegmatique. Ces actes barbares, consistant pour leurs auteurs à attaquer à l'arme blanche, une femme seule ou un homme âgé et démuni de tout moyen de défense, constituent une menace considérable dont il faut tenir compte au quotidien et prendre les dispositions nécessaires pour ne pas être pris de court. Voilà une jeune fille se rendant à son domicile après une journée de labeur qui est surprise par un énergumène mal intentionné. Celui-ci voulant brûler les étapes et aller directement au but, lui barre le chemin, en lui exprimant le désir si saugrenu soit-il, d'abuser d'elle. Cependant, et s'attendant à une résistance de la part de sa proie, il exhibe une arme blanche pour l'obliger à s'exécuter. Là, les réactions diffèrent selon les victimes. Mais si l'une d'entre celles-ci, est prise de panique, le forcené utilise alors les grands moyens en passant à l'acte :Il n'hésite pas à la balafrer, par défi et afin de se donner de la contenance et prouver sa force. Ce fut la raison pour laquelle, le législateur a prévu de graves sanctions pour ce genre d'acte qui sont, d'une grande gravité, puisqu'un coup de couteau peut causer la mort de la victime. Mais en attendant, et lorsque celle-ci est sauvée à temps, les séquelles que peut laisser un coup de lame de rasoir ou de n'importe quelle arme blanche, aussi bien sur le plan physique que psychique, sont considérables. Que sera le sort d'une jeune fille avec une balafre au visage ? Même après une intervention chirurgicale esthétique, les séquelles morales restent à jamais gravées dans la tête de la victime, même quand elle les refoule au fond de son inconscient. Même quand la balafre a disparu physiquement, elle ne peut être effacée, de la mémoire de l'intéressée. Elle reste doublement gravée, lorsqu'il s'agit d'un acte de violence préalable à une tentative de viol, comme ce fut le cas dans l'affaire qu'a eu à juger dernièrement le tribunal de première instance de la Manouba, et où une jeune fille fut agressée avec une lame de rasoir par un délinquant qui tenta de l'entraîner dans un endroit isole afin de la violer. Ce fut du moins ce que déclara la victime dans la plainte qu'elle déposa auprès des agents de la brigade criminelle en présentant un certificat médical constatant qu'elle a été victime de deux profondes blessures au visage, qui ont nécessité plusieurs points de suture. Avec deux balafres au visage, le préjudice subi par la pauvre jeune fille était considérable. Arrêté, le jeune homme nia cependant les faits incriminés, déclarant qu'il avait lié connaissance avec la jeune fille en question, et qu'il n'avait jamais usé d'une quelconque violence à son égard. Son avocat plaida l'absence de preuves, puisqu'il n'y a dans le dossier, que la parole de la victime contre celle de son client, pour lequel il sollicita l'acquittement. Cependant, le tribunal après en avoir délibéré, condamna l'accusé à deux ans de prison ferme.