Très manifestement, la qualité de l'environnement et le climat des affaires en Tunisie n'est pas celui qu'attendent les jeunes dirigeants ni celui dont ils disent pouvoir s'en accommoder. C'est la conclusion globale d'une enquête sur « La qualité de l'environnement institutionnel et du climat des affaires en Tunisie » menée par le Centre de jeunes dirigeants relevant de l'UTICA et dont le rapport préliminaire vient d'être publié. Sans doute y voit-on les aspirations d'une jeunesse avide de voir les choses changer vite et en profondeur, mais on doit à la vérité de dire que les constats faits et les jugements portés par les sondés ont de quoi interpeller ceux à qui revient en premier lieu la responsabilité de mieux faire pour que les jeunes chefs d'entreprise trouvent les ressources d'aller de l'avant en apportant au titre de la croissance leur enthousiasme, leur esprit novateur et leur savoir-faire. Selon les auteurs de l'enquête, une certaine incompréhension affecte encore les relations souvent tendues entre l'administration et les jeunes dirigeants des entreprises et un véritable état des lieux tout aussi précis que global s'impose afin d'orienter l'action rapidement et efficacement. Bien plus, ils trouvent que « l'investissement privé peine toujours à décoller et des déséquilibres sectoriels et régionaux persistent alors qu'un certain nombre d'indicateurs, relatifs à la qualité de l'environnement des affaires et à la gouvernance des entreprises en Tunisie, restent toujours en deçà des espérances ».
Investissement privé en deçà des attentes Dans la foulée, le rapport fait observer que si le programme de mise à niveau a constitué un tournant pour de nombreuses entreprises ,l'effort d'investissement privé reste en deçà des attentes et, malgré les progrès réalisés, plusieurs entreprises continuent à subir les lenteurs administratives, les réflexes bureaucratiques et les déséquilibres aussi bien régionaux que sectoriels. Sur un plan parallèle, si les classements internationaux montrent que la Tunisie occupe des rangs (en matière de qualité de l'environnement des affaires, de compétitivité des entreprises et de compétitivité globale) assez honorables, il n'en demeure pas moins que le défi d'accélération et de sécurisation des investissements privés nationaux et internationaux reste important.
S'ils reflètent une partie de la réalité quotidienne des entreprises tunisiennes et qu'ils permettent de se comparer (dans une démarche de benchmarking) sur un certain nombre d'indicateurs aux autres pays du monde, ces classements souffrent également d'un certain nombre de faiblesses qu'il ne faudrait pas occulter pour » aboutir à un diagnostic fidèle, fiable et réaliste des forces et faiblesses du climat des affaires en Tunisie ».
Nabeul en pôle position Les jeunes dirigeants ont une « compétence » particulière en matière de réflexion sur les contraintes institutionnelles et sur les caractéristiques du climat des affaires. En effet, ce sont ces jeunes qui subissent le plus les contraintes aussi bien administratives qu'économiques et financières de l'environnement et qui, même s'ils peuvent manquer du recul que leurs aînés pourraient avoir, và vivreivent de très près ces contraintes et sont plus représentatifs de la « moyenne » des entreprises tunisiennes. En d'autres termes, « nous pensons que les jeunes dirigeants qui vivent les contraintes de l'environnement national sont plus aptes à parler de celles-ci que ceux qui ont partiellement ou totalement réussi à s'en affranchir », affirment les auteurs du rapport. Tous les acteurs du climat des affaires y passent et d'abord, l'administration, surtout fiscale, la douane, les caisses de sécurité sociale, les organismes de soutien, l'Utica et enfin le cadre réglementaire. I l est frappant de constater que c'est dans le gouvernorat de Nabeul que les acteurs du climat des affaires sont les mieux notés, ou plutôt les moins négativement, alors que les JD de Gabès y portent le jugement le plus sévère. I l n'en demeure pas moins que , selon les résultats de l'enquête que l'administration fiscale est « crédité » du score le plus faible (2,38) suivie par les caisses de sécurité sociale (2,68). Aux unes et aux autres, il est reproché de ne pas faire assez en termes d'éthique, de communication et de transparence, cependant que leurs prestations sont perçues dans le gouvernorat de Nabeul comme moyennement satisfaisantes. L'administration fiscale est jugée la moins performante à Gabès (suivie de Sfax et de Monastir). Il lui est reproché son manque de communication/transparence notamment dans la région de Sfax outre le fait qu'elle ne dispose pas des compétences nécessaires ,notamment dans la région du Kef. S'agissant de la Douane, elle ne rentre pas dans les grâces des JD de Gabes, pas plus que dans celles du Kef et de Bizerte qui trouvent que la compétence des agents de l'administration de la douane est particulièrement faible ainsi que leur éthique. Toutefois, la caractéristique perçue la plus positivement(ou plutôt la moins négativement) est celle de la prévisibilité des actions au même titre que l'engagement des agents. Sous cet angle, la caisse de sécurité sociale est pointée du doigt surtout à Gabès alors que son score le plus élevé est réalisé à Sfax. D'une façon générale, la caractéristique qui pose le plus de problèmes pour la sécurité sociale est celle de la communication/transparence (score de 2,59 au niveau national). En ce qui concerne les prestations des partenaires publics et parapublics, ce sont les centres techniques qui font le moins bien tandis que les centres d'affaires tendent vers une satisfaction moyenne. Si l'API et l'APIA récoltent la note de 2,70, aux alentours d'une satisfaction moyenne, on trouve qu'elles manquent d'engagement outre les griefs concernant leur éthique et le manque de prévisibilité de leur comportement. D'autre part, alors que les structures nationales centrales de l'UTICA se détachent en tête, les fédérations nationales sont médiocrement notées pour le manque de prévisibilité de leurs actions, si bien que cette prévisibilité est un élément crucial pour développer la confiance entre les JD et les fédérations. Enfin et concernant le dispositif réglementaire, les JD touvent celle régissant la fiscalité « compliquée et peu cohérente ». La deuxième catégorie de réglementations qui pose problème est celle des marchés publics. Les deux principales faiblesses de celle-ci sont sa faible applicabilité et son manque de diffusion. Plus globalement, le réglementaire des entreprises manque de simplicité et de cohérence, disent en chœur les JD sondés.