* Les « freins culturels » autour du travail manuel Le Centre des Jeunes Dirigeants (CJD) est revenu cette semaine à la charge pour s'attaquer de nouveau au problème de l'emploi, dans une table ronde dont l'invité d'honneur est un familier de pareils conclaves, puisqu'il s'agit de M Moncer Rouissi, Président de la Commission nationale sur l'emploi qui s'était expliqué sur la question, voici quelques semaines, devant le même parterre... Cette foi-ci, il ne s'était pas agi essentiellement d'exposer les stratégies nationales en matière d'emploi-ce qui a été le cas quoique très sommairement-, mais d'écouter les préoccupations des jeunes dirigeants et de faire le point sur leurs attentes au moment ou s'achèvent les consultations régionales sur l'emploi,et s'accélèrent les préparatifs en vue de la Consultation nationale sur l'emploi prévue pour le 7 Octobre prochain. Destinée à une discussion sur le thème : « l'emploi dans le secteur des TIC : une carrière haut débit », la table ronde n'en a pas moins tourné autour du problème de l'emploi dans sa globalité , perçu de part et d'autre comme « la priorité nationale numéro un » dans la mesure ou le taux de chômage se situe aux environ de 14,1% , dont l'essentiel se recrute parmi les diplômés de l'enseignement supérieur Des « digressions » n'ont pas manqué de porter sur l'emploi dans le secteur des TIC. Et on a appris, à ce propos, que 55.000 étudiants ont poursuivi leurs études en 2007 dans les branches des technologies de l'information et de la communication et que la dite année a enregistré la sortie de 12000 ingénieurs diplômés. Voilà pourquoi un appel pressant a été lancé pour l'élaboration d'une stratégie nationale fondée sur une refonte de la législation sur les marchés , car, a-t-il été affirmé, la situation actuelle ne permet pas de faire de ce secteur un vecteur de développement et de création d'emplois, alors même que 12% des jeunes dirigeants exercent dans le secteur des TIC.
Rapprocher l'offre de la demande Comme tout marché, celui de l'emploi obéit à la loi de l'offre et de la demande. Or, la problématique qui s'y développe est de comprendre et d'anticiper la demande actuelle et future du marché de l'emploi, avec comme souci fondamental d'établir des synergies qui puissent rapprocher autant que faire se peut la demande de l'offre. Dans cette approche, l'accent a été mis sur la nécessité de mettre en place un système de suivi mesurant le degré d'employabilité des différents diplômes de l'enseignement supérieur. D'aucuns se sont offusqués , à cet égard, de la qualité de l'enseignement dispensé dont les résultats, ont-ils fait observer, ne correspondent que rarement aux profils recherchés par les entreprise, donc par les futurs employeurs. D'autres jeunes chefs d'entreprises ont dit avoir fort à faire pour trouver sur le marché, qui un plombier, qui un charpentier, qui un menuisier, affirmant que de tels métiers ne trouvent nullement grâce aux yeux des jeunes alors qu'ils présentent un potentiel d'emploi indéniable. Aussi demandent-ils que soit mieux valorisé le travail manuel, entaché de perceptions culturelles négatives.La Présidente du CJD, Mme Monia Essaidi a estimé, à ce propos, qu'il est nécessaire d'instituer, comme c'est le cas outre Méditerranée, un label « Artisan de Tunisie », à l'instar de celui « d'Artisan de France ». Des interrogations ont été, par ailleurs, soulevées concernant le role et les interventions de l'Agence nationale de l'emploi et du travail indépendant (ANETI) qui gagnerait à etre mieux connue auprès des opérateurs économiques dont certains ont affirmé ignorer son existence alors que d'autres ont proposé que les bureaux d'emploi aient la même mission et les mêmes mécanismes que les bureaux de recrutement en cultivant la vocation de traiter leurs vis-à-vis comme des clients ayant droit à des prestations personnalisées correspondant à leurs attentes. Cela signifie que l'ANETI ne doit plus se contenter de servir de relais pour les demandes et les offres d'emploi en limitant sa mission à la publication de simples annonces dans ses bureaux ou sur son site web.
De l'emploi pour les nationaux Enfin, nombreux étaient ceux qui, dans le cadre de cette table ronde, se sont élevés contre les politiques de recrutement et d'emploi suivies par les investisseurs étrangers alors que de grands projets financés par des sociétés internationales se multiplient dans différentes branches d'activités. Ainsi, il a été affirmé que de nombreuses compagnies étrangères implantées en Tunisie recrutent à tour de bras des employés étrangers , souvent au mépris de la législation sur le travail et sur le séjour des étrangers , ce qui compromet et réduit d'autant les chances opportunités d'emplois qui devraient revenir aux nationaux.