Les faits dans cette affaire remontent à quelque temps où la victime était intervenue pour sauver la femme de son ami, en empêchant celui-ci de la violenter. L'accusé qui avait téléphoné chez lui à Sfax, avait trouvé au bout du fil sa belle- mère qui lui dit que sa femme n'était pas encore rentrée. Il était furieux contre celle-ci et voulait lui donner une bonne correction pour ses absences répétées. Cependant, il se dirigea chez lui, pour en avoir le cœur net et constata que les lumières étaient allumées dans la chambre à coucher, signe que son épouse était bien à la maison. Aussi, furieux et hors de lui, il fit irruption par la fenêtre après avoir brisé les vitres. Son ami qui se rendit compte de la réaction du mari, rejoigna celui-ci, pour venir au secours de l'épouse et empêcher qu'elle soit battue par son mari. Il barra le chemin à celui-ci pour permettre à la bonne-dame d'aller se réfugier dans la salle de bain et s'enfermer à double tour. Ce qui déplut au mari, arrivé au paroxysme de la colère, pour s'en prendre à son ami qui croyait bien faire. Le forcené lui assena un coup sur la tête à l'aide d'une bouteille vide. Pour se défendre, son ami, se dirigea vers la cuisine pour se saisir d'un couteau par lequel il voulait le menacer. Le mari n'hésita pas à lui assener un deuxième coup sur la tête à l'aide de la même bouteille qui, cette fois s'est brisée et la victime tomba à terre. Il lui arracha le couteau avec lequel il lui asséna un coup au flanc. La victime essaya de se relever, malgré le sans qui giclait de sa blessure pour gagner la porte de sortie. Mais le mari le rattrapa et, se saisissant cette fois-ci d'une grosse pierre, il lui asséna plusieurs coups sur la tête. La victime perdit connaissance. Elle était peut-être agonisante au moment où son ami la prit hors de chez lui, pour la déposer chez sa grand-mère, avant de changer ses vêtements maculés de sang et aller au poste de police raconter sa mésaventure. Il fut inculpé de meurtre avec préméditation, en vertu des articles 201, 202 du code pénal. Devant le tribunal, il soutint qu'il n'avait pas du tout l'intention de tuer son ami, ni même de le violenter. Il était venu, pour avoir une explication avec son épouse concernant la procédure de divorce qu'ils avaient engagée. Son ami était intervenu au mauvais moment, précisa t-il. Il était en effet, sous l'emprise de la colère. En outre, c'était la victime qui s'était saisie à un moment donné, de l'arme du crime, en l'occurrence un couteau qu'elle alla chercher à la cuisine. L'accusé avait réagi en conséquence, en cherchant par la même à se défendre. C'était donc par un concours de circonstances malencontreux que la victime trouva la mort. Son avocat plaida en ce sens, soutenant que son client n'avait aucune intention de tuer son ami. Il demanda au tribunal de juger son client sur la base de l'article 205 et non 201 et 202 du code pénal. Après délibérations, le tribunal acquiesçant à la demande de l'avocat, et écartant la thèse de la préméditation, condamna l'accusé à 10 ans d'emprisonnement.