Le divorce qui vient d'éclater comme une bombe, entre Farid Ben Belgacem et le CAB, était dans l'air depuis quelques temps, et n'étonne personne. Ce genre de séparation fait désormais partie de la culture du club de ce club. Il est sûr que l'homme en survêtement a beaucoup donné pour ce club, et lui a tellement apporté, au tout début de la saison, que son nom se faisait scander à chaque sortie. Vint le mois de décembre, et les premières secousses commençaient à se faire sentir, jusqu'à aboutir à ce tremblement de terre de dimanche dernier. Adulé hier, vilipendé aujourd'hui, Farid Ben Belgacem, que nous connaissons bien n'a rien à se reprocher, et pour s'en rendre compte, ses détracteurs, surtout ceux d'entre eux qui l'ont poussé à la porte, doivent aller se renseigner et sur l'homme et sur le technicien, et du côté de Hammam-Lif et du côté de Gafsa. Nous ne cherchons pas ici à le défendre, il a les épaules assez larges et il peut le faire tout seul, mais nous tenons à témoigner ici en toute franchise, et sans le moindre souci de plaire ou de déplaire, en faveur d'une vérité moins évidente et mois simple. Le CAB n'a pas, n'a plus les moyens de ses ambitions, et en foi de quoi, aussi longtemps que cette situation perdurera, il sera condamné à vivre des fins de saisons très difficiles, comme celle qu'il a vécu la saison dernière, et comme celle qu'il s'apprête à vivre. Tout se passe chez lui, comme ses enfants prennent plaisir à le détruire de l'intérieur. Farid Ben Belgacem, n'a jamais été responsable de la dégradation de la situation générale du club. Ses affaires sur le terrain, se passent correctement. Les recrutements qu'il a avalisés, ont été jusqu'à quelques temps plus que satisfaisants aux yeux de tous, patronat du club, techniciens, critiques, consultants... Mais il est connu un peu partout, que lorsque les résultats trinquent, l'entraîneur est en quelque sorte « l'animal » voué au sacrifice. Les maux du CAB, celui de cette saison, n'ont jamais été techniques, ils sont ailleurs. Dépité, déçu par une situation qui ne fait qu'empirer, las de ne pas pouvoir dire la vérité, toute la vérité, il a déclaré à chaud qu'il claquait la porte. En fait son état de santé ne lui permet plus de continuer à exercer. Il est urgent qu'il passe sur le billard, pour un sérieux problème au genou. Il a d'ailleurs adressé officiellement un courrier explicatif au patronat du club, pour que tout se passe dans les règles de l'art, comme on dit banalement dans le jargon. Quand on engage des joueurs, il faut les payer. Au CAB, il y a toujours des retards dans les paiements, et à maintes reprises les joueurs menacent de faire une grève, mais sollicité par son employeur, Farid Ben Belgacem met aussi un costume administratif et arrive à les convaincre de faire marche arrière. Pendant la trêve hivernale, le président du club s'est retiré pendant 47 jours, certainement pour négocier en toute quiétude les départs de Souhaïl Berradhia et Henri Bienvenu. Le technicien était contre leur départ. Pour enfoncer un peu plus le couteau dans la plaie, et se passant de l'avis du coach, il avait prêté quelques autres joueurs qui étoffaient bien l'effectif. A leur tête Hosni Dardouri et Azmi Zaânouni. Cette décision a été prise, certainement dans le but d'alléger la masse salariale, le club se trouvait à l'époque au quatrième rang, et ne savait pas que les vents pourraient tourner, comme c'est le cas aujourd'hui. Un joueur comme Mounirou N'daye, parce qu'il ne perçoit pas régulièrement ses émoluments a remis plusieurs fois son mariage, jusqu'au jour où sa fiancée décide unilatéralement de rompre tout lien, jugeant que le dit joueur n'est pas sérieux. Le dit joueur, avait une belle opportunité pour aller monnayer son talent en Turquie, mais du côté de Bizerte on a exigé un milliard...Comment voulez vous que dans ces conditions un joueur comme lui, ou tout autre qui a une famille à nourrir, un avenir à assurer, donne le maximum de lui-même. Cela, la patronat du club s'en fiche, et laisse le soin à l'entraîneur de calmer les ardeurs. Tout Bizerte est au courant de l'histoire des 800.000 dinars avancés au club, il y en a 600.000 de renfloués (cession de Berradhia et Bienvenu). Il parait que Hamza Baghouli va être bientôt bradé. Des tractations secrètes sont en cours. Le même entraîneur a passé deux autres mois seul, sans que le premier responsable se fasse voir (du 16 février au 16 avril). On devine aisément pourquoi les joueurs sont solidaires avec leur coach... Nous n'entendons pas faire, ici, un procès à qui que ce soit, mais notre devoir nous pousse à révéler au public certaines vérités tangibles. Quand un club engage une quinzaine d'entraîneurs en trois ans, pensez vous qu'il est bien géré ? Sont-ils, tous, incompétents ? Que peut on exiger des joueurs qu'on engage, et auxquels on ne délivre pas à temps, leurs salaires et leurs primes... Nous vous laissons le soin d'imaginer la réponse. Le CAB, club que nous aimons et respectons, a beaucoup perdu de sa crédibilité ces dernières années. N'a-t-il pas perdu une dizaine de procès intentés contre lui, par des gens qui sont passés par le club. Tant que certaines choses ne changeront pas, tant que la gestion des affaires du club se fera au doigt mouillé, il ne sortira pas de l'auberge. Cela fait douze ans que Farid Ben Belgacem est dans le haut niveau, et c'est la première fois de sa carrière qu'il vit une histoire pareille. C'est insigne... Non ?