Les évènements du 9 avril: Un élan national Les évènements du 9 avril 1938 traduisaient cet élan populaire de toujours, à défendre le territoire et la souveraineté du pays par tous les moyens. Le peuple tunisien avait en effet réagi de manière spontanée contre l'occupation française dès son avènement en mai 1881. Les tribus, tant au nord qu'au sud s'étaient vaillamment défendues contre les agressions des forces coloniales qui n'eurent aucun scrupule à massacrer des innocents sur leur propre territoire. Depuis, la répression des autorités coloniale allait crescendo, sans pour autant parvenir à amener les résistants à se résigner . Bien au contraire, cela ne faisait qu'attiser le feu du militantisme populaire. Et les mouvements militantistes organisés dont celui des jeunes Tunisiens en 1907, et tous les autres qui lui emboîtèrent le pas? Ils n'avaient fait en réalité qu'encourager et renforcer le mouvement national, et véhiculer par différents moyens et stratégies les dénonciations et les revendications populaires. Ainsi le ton du mouvement jeunes tunisiens dirigé par Ali Bach Hamba et ses amis en 1907 était plutôt mesuré. Ils firent éditer un journal hebdomadaire "Le Tunisien" à travers lequel ils pouvaient exprimer leurs idées. Avec Abdelaziz Thaalbi qui prit la relève en faisant paraître le même journal en langue arabe le ton avait durci. Il ne faisait qu'exprimer la pensée du peuple qui subissait davantage d'exactions de la part des autorités coloniales. En 1911, les troupes italiennes avaient envahi la Tripolitaine. Le "Tunisien" exprima l'entière solidarité du peuple tunisien avec le peuple frère libyen. En novembre de la même année la municipalité de Tunis dont le conseil était constitué de français décida l'immatriculation du Jellaz pour y faire passer une voie ferrée. Ce qui donna lieu à une manifestation à laquelle avait participé le peuple, toutes classes et tendances confondues afin de s'opposer à cette décision, considérée comme une atteinte au droit des sépultures . Ils occupèrent le cimetière à titre de protestation. Ce qui amena les forces coloniales à une réagir en faisant intervenir l'armée qui tira aveuglement sur les civils . Ce qui se solda par plusieurs morts et blessés. Ce fut un vrai carnage qui avait marqué à jamais le peuple, et l'avait même décidé à tenir bon et ne point se résigner. Au sud tunisien et à la même période l'armée française s'affronta au peuple qui protestait contre les spoliations subies continuellement par les autochtones. Au cours des évènements du tramway en 1912 suite à un accident dont fut victime un enfant, les manifestations étaient mus par le même mobile et défendaient la même cause. Le Destour parti constitué par Thaâlbi et un ensemble de militants, avait également été le porte-parole de l'ensemble du peuple dans ses revendications et ses contestations. Bien que ses membres étaient pour la plupart, de souche tunisoise, il répondait aux vœux de tout le peuple tunisien. Il allait de même pour le Néo-Destour, constitué en 1934 de dissidents du Destour qui avaient changé de stratégie, mais qui militaient pour le même dessein. En cette période, le Néo-Destour avait préconisé une politique pacifiste, en vue de procéder à une concertation avec les autorités coloniales. Cependant que la répression des autorités coloniale ne cessait d'augmenter notamment à l'égard des travailleurs qui protestaient contre les spoliations de leurs droit. Des manifestations de solidarité étaient décidées pour la journée du 8 puis du 9 avril 1938. Cette dernière journée restera gravée dans la mémoire collective. Le jour du 9 avril traduisait en effet la colère du peuple qui dégénéra en émeute d'une violence extrême avec au bout, une centaine de morts et plusieurs blessés. Ce fut une preuve de plus de cet élan nationaliste, qui restera intarissable tout le long de la période du mouvement national et jusqu'à la réalisation du but final: La libération du pays du joug du colonialisme.