Les dramatiques faits de cette affaire pénible remontent au mois de janvier de l'année écoulée lorsque les services d'urgence de l'hôpital Habib Thameur de Tunis ont informé les autorités judiciaires de l'admission d'un jeune, mortellement blessé. Le meurtre a eu pour théâtre une place de la cité Taïeb Méhiri à Mhamdia, une banlieue proche de la capitale, vers le coup de minuit. Deux jeunes, particulièrement au bord de l'hystérie et ayant ingurgité de l'alcool à... 90° mélangé à de l'eau minérale, ont participé à cet assassinat gratuit et stupide, le premier directement, le second d'une manière indirecte, en refusant à quiconque d'intervenir pour empêcher cet acte fatal. Le meurtrier avait auparavant acheté des bouteilles d'alcool pur ainsi que des bouteilles d'eau minérale afin de préparer une boisson alcoolisée « maison » qu'il ne tarda pas à partager avec des acolytes qui se contentèrent d'un dîner monacal, vu leurs modestes bourses, étant pratiquement au chômage. Leur libation terminée, ils retournèrent au village. C'est alors que le hasard a voulu que la victime rencontre son futur bourreau. Une vive discussion devait opposer les deux hommes à propos du prix d'une paire de vieilles chaussures à l'issue de laquelle un des deux protagonistes s'engouffra chez lui. Quelques instants plus tard, il en sortit, armé d'un coutelas affilé, appartenant à son père qui s'en sert, d'habitude, pour égorger les ovins. Sans crier gare il le plongea, à deux reprises, dans le corps de son rival, la première dans l'abdomen, la seconde dans le ventre. Ces deux coups furent suffisants pour qu'il périsse, juste à son arrivée à l'hôpital. Pourtant, certaines personnes présentes sur le lieu du crime ont tout fait pour dissuader l'agresseur dont le complice s'est saisi de l'arme blanche pour blesser un intervenant. Et quel intervenant : le propre père de l'assassin qui a tenté de prévenir ce drame. Et comme le veut la procédure, les autorités ont ordonné l'ouverture d'une information judiciaire suivie d'une enquête afin de faire toute la lumière sur ce meurtre. Déférés au parquet, les deux délinquants ont été incarcérés et inculpés d'homicide volontaire avec préméditation pour l'assassin et de violences graves et port prohibé d'arme blanche pour le second inculpé. Bientôt, ils comparaîtront devant la chambre criminelle du tribunal correctionnel de Tunis.