Le Temps-Agences - Le président français Nicolas Sarkozy a entamé hier en Arabie saoudite une tournée dans trois monarchies du Golfe, son premier voyage dans une région désormais incontournable compte tenu de l'influence croissante que lui donne la manne pétrolière. L'Airbus présidentiel s'est posé peu après 16h00 HT sur l'aéroport international du roi Khaled, où M. Sarkozy a été accueilli à sa descente d'avion par le souverain saoudien, Abdallah Ben Abdelaziz Al Saoud. Après la cérémonie d'accueil, M. Sarkozy a pris le chemin de Ryadh et de la Résidence des Hôtes. Dans une interview publiée hier par Al-Hayat, quotidien saoudien basé à Londres, M. Sarkozy qualifie l'Arabie saoudite d'"allié incontournable de la France dans la région", parce qu'elle est "un pôle de modération et de stabilité". "L'objectif" de cette visite, affirme-t-il, est "de donner une nouvelle dimension à notre partenariat stratégique avec l'Arabie Saoudite". M. Sarkozy se rend ensuite aujourd'hui au Qatar et demain dans les Emirats arabes unis. A Ryadh, le chef de l'Etat français devait devancer de quelques heures son homologue américain George W. Bush, actuellement en tournée dans quatre pays du Golfe, quelques heures seulement après le départ de M. Sarkozy pour Doha. Témoin de ce chassé-croisé diplomatique, la route conduisant de l'aéroport au centre-ville de Ryadh était pavoisée hier de drapeaux américains, saoudiens et français. "Bienvenue à la France", titrait le quotidien Al-Jazirah. Les Saoudiens voient dans cette double visite la preuve de l'importance croissante de l'Arabie sur la scène mondiale. De part et d'autre, on insistait sur l'importance que revêt la venue du chef de l'Etat français, à la fois sur le plan diplomatique et dans le domaine économique. "Les entreprises françaises sont en mesure de répondre aux attentes de l'Arabie Saoudite dans tous les secteurs, et plus particulièrement ceux de l'énergie, des transports --notamment ferroviaires et aériens--, ou de la distribution de l'eau", a encore déclaré M. Sarkozy à Al-Hayat. Du côté saoudien, le quotidien de langue anglaise Arab News parlait d'un "axe franco-saoudien", qui est "particulièrement important à un moment où le Moyen-Orient traverse des crises dangereuses qui risquent d'embraser toute la région". "Tout amène à penser que la visite du président Sarkozy sera marquée par une coopération accrue entre les deux pays dans des domaines nouveaux et importants", concluait le journal. Pourtant, l'Elysée a prévenu qu'aucun contrat ne devrait être finalisé pendant cette visite. Quatre "accords" devraient néanmoins être signés. Selon l'Elysée, ils portent sur l'institutionnalisation de la concertation politique entre les deux pays, la coopération dans le domaine de l'énergie, le développement de la formation d'universitaires en France (augmentation sensible du nombre de boursiers saoudiens) et le développement de la formation professionnelle. Aujourd'hui, M. Sarkozy prononce devant le "Majlis Al-Choura" (Conseil consultatif) un discours où il sera question, selon l'Elysée, du "dialogue des cultures, de religion et des valeurs communes". Il s'adressera ensuite à des hommes d'affaires français et saoudiens. Commentant l'accord "de coopération pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire" que la France signera demain à Abou Dhabi avec les Emirats, M. Sarkozy a réaffirmé à Al-Hayat sa conviction: "le monde musulman n'est pas moins raisonnable que le reste du monde pour recourir au nucléaire civil pour ses besoins en énergie, dans la pleine conformité avec les obligations découlant du droit international", a-t-il dit. Cet accord sera le 3ème du genre signé par la France avec des pays arabes, après ceux conclus l'an dernier avec l'Algérie et la Libye.