Le Temps continue à recueillir les impressions des Tunisiens et leurs attentes concernant ce passage de témoin d'une année à une autre. 2007 a, déjà, laissé sa place à 2008. De larges espoirs reposent sur le nouvel an pour que la Tunisie puisse progresser sur tous les plans et pour que les Tunisiens bénéficient d'un meilleur cadre de vie qui leur permet de mieux exprimer leurs talents. Dans de pareilles occasions, ce sont les souhaits qui priment mais, ils ne sont que les reflets de soucis vécus au quotidien. Donc, comment se présentent les attentes des invités du Temps d'aujourd'hui ?
Ahmed Inoubli Secrétaire Général de l'UDU « Pour une société démocratique et moderne » « Je pense que l'année 2007 a connu plusieurs réalisations à l'Union Démocratique Unioniste (UDU) notamment la réapparition de l'organe de presse du parti El Watan. Sur le plan national, l'année 2007 a connu plusieurs réformes politiques suite à la volonté présidentielle de promouvoir la vie politique et de consolider le pluralisme. Pour ce qui est de l'avenir, l'UDU va continuer à œuvrer pour faire évoluer le paysage politique et approfondir les réformes politiques en remettant sur le tapis son initiative concernant l'élargissement du dialogue national pour consacrer une société démocratique et moderne. »
Mongi Khammassi, Secrétaire Général du Parti des Verts pour le Progrès : « Raffermir l'esprit de concertation et de dialogue » « Nous sommes animés par l'intime conviction qu'il est très important de consolider et de raffermir l'esprit de concertation et de dialogue à même de constituer une véritable garantie dans l'élaboration de nos divers objectifs futuristes. Il est d'ailleurs certain que l'année écoulée s'est notamment caractérisée par un visible dynamisme médiatique et une manière plus osée dans l'expression des préoccupations du citoyen et des expectatives des partis et de l'élite intellectuelle. Nous aspirons à ce que se poursuive cette ouverture médiatique concrétisant de plus belle façon le progrès et le développement de notre nation. Le Parti des Verts pour le Progrès est d'avis que l'année 2007 a été fertile à plus d'un niveau. Nous avons célébré le Cinquantenaire de la Proclamation de la République, celui de la Publication du Code du Statut Personnel tout comme le Vingtième anniversaire du changement et de la création du Conseil Constitutionnel sans oublier le début de l'application du XXIème plan de Développement 2007-2011. Tous ces événements ont incontournablement eu un impact majeur sur la vie publique surtout que notre pays n'est pas resté en marge des mutations internationales. Je pense personnellement que l'Etat ainsi que les composantes de la société civile et politique ont pris de plus en plus conscience de l'ampleur des défis et enjeux qui se posent au pays, notamment en matière économique et en matière de préservation du pouvoir d'achat du citoyen. Les événements de Slimane ont considérablement marqué l'année 2007. Si la Tunisie a réussi à vaincre la haine et a continuer à garantir la sécurité et la stabilité, nous avons pris conscience que la catégorie des jeunes méritait de plus amples attentions et encadrements et se devait de participer, positivement, dans la vie publique. Les dernières consultations effectuées ont montré, preuve s'il en faut, le refus des jeunes à investir les espaces associatifs et politiques en contrepartie d'un intérêt accru pour des moyens de divertissements parfois vils et violents. Nous sommes intimement convaincus, au sein du Parti des Verts pour le Progrès, que l'opposition ne peut être que modérée et centriste, refusant l'esprit de rupture avec l'Etat et la soumission aux instances étrangères pour de stricts intérêts personnels. En 2007, nous avons assisté à une nouvelle approche de l'opposition tunisienne, une opposition qui a consolidé les valeurs de pluralisme et de démocratie. La réponse favorable et hautement symbolique que le Chef de l'Etat a donné à l'adresse des attentes de l'opposition lors du Vingtième anniversaire du Changement a traduit le souci et la faculté présidentiels à ouïr toutes les approches et opinions qui vont dans le sens du raffermissement du rang national ».
Mustapha Ben Jaâfar, Secrétaire Général du FDTL « La voie de la réforme est un impératif national!! » « Le bilan de l'année 2007 ne pousse guère à l'optimisme en matière de développement politique. Commencé par des affrontements sanglants entre un groupe armé et les forces de sécurité, qui ont fait « officiellement » 14 morts dont deux victimes parmi les forces de l'ordre,. l'année se termine par le procès engagé, dans des conditions unanimement contestées, contre ce groupe étiqueté « Groupe de Soliman ». Elle se termine aussi avec l'épilogue d'une grève de la faim de prés de quarante jours menée par trois enseignants ^pour avoir été limogés en raison de leurs engagements syndicaux. Ces faits sont symboliques de cette année 2007 dominée par une multitude de procès organisés dans le cadre de la Loi antiterroriste et par une série de grèves de la faim qui ont définitivement consacré ce moyen extrême dans l'arsenal des luttes pour recouvrir des droits les plus élémentaires. Ces faits reflètent en fait l'état de verrouillage du système politique qui n'a épargné aucune des composantes indépendantes du paysage politique, syndical et associatif avec pour conséquence de pousser des individus, voire des responsables vers des solutions extrêmes, au péril de leur santé sinon de leur vie. Dans ce sombre tableau, la levée du blocus autour du siège de la ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, peut apparaître comme un frémissement contre le courant dominant. Mais il est encore trop tôt pour dire si c'est le début d'une décrispation ou une parenthèse qui sera bientôt fermée... En tous cas, n'insultons pas l'avenir et continuons d'espérer et d'agir pour que 2008 soit l'année de l'ouverture. L'ouverture est indubitablement liée à quelques mesures sans cesse revendiquées par l'ensemble des forces démocratiques indépendantes du pouvoir. Amnistie générale, libération de l'espace médiatique et du champ public, neutralité de l'administration, sont les seules mesures susceptibles d'assainir le climat général du pays et de transformer le pluralisme de façade en vrai pluralisme, condition sine qua non « d'une vie politique évoluée ». Mais elles dépendent, en premier lieu, de la volonté. des tenants du pouvoir Le bilan à l'échelle de notre parti est à l'image de l'ensemble, car c'est l'absence de cette volonté d'ouverture qui explique pourquoi la voix du FDTL, pourtant légalisé en octobre 2002, est, depuis plus de cinq ans, absente des médias audio visuels nationaux ; pourquoi notre journal « Mouatinoun »rencontre tant d'obstacles dans sa distribution, pourquoi ne bénéficie- t-il pas de soutien financier public et de publicité, à l'instar des périodiques des autres partis, pourquoi nos réunions se tiennent elles sous haute surveillance. Tout se passe comme s'il y avait une volonté d'étouffer une voix , qui dérange car peu portée à la complaisance Et pourtant, les solutions revendiquées ne mettent en danger ni la stabilité ni la sécurité du pays. L'une comme l'autre sortiront renforcées par le respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme, par la participation citoyenne la plus large à la vie publique et la responsabilisation qui en résulte. Car c'est la cohésion nationale qui est le seul garant de la stabilité 2008 est l'année des défis. Elle sera difficile pour de larges secteurs de la population menacés dans leur pouvoir d'achat, pour les centaines de milliers de chômeurs actuels et à venir et, d'une façon plus générale pour notre économie et nos entrepreneurs qui, à partir du 1er janvier,. seront directement confrontés aux contraintes de l'intégration de la Tunisie à la Zone de Libre Echange avec les pays de l'Union européenne. Pour y faire face, il est dérisoire de jongler avec les chiffres favorables et de vanter les « performances » choisies contre la réalité durement vécue par les citoyens. Parmi les dossiers urgents, deux ont, à mes yeux une importance capitale : notre système éducatif qui se dégrade à vue d'œil et le chômage qui ne peut que s'aggraver en dehors d'une véritable révision de nos choix économiques. La voie de la réforme est un impératif car l'intérêt national en dépend La repousser, pour « gagner du temps » ou préserver quelques intérêts, ne fera que rendre les solutions encore plus difficiles pour le pays et les futures générations. Enfin, je voudrais formuler, quoique, sans grande illusion, l'espoir de voir cesser l'occupation, la violence et l'injustice que vivent nos frères en Irak et en Palestine ».