Consentir davantage d'efforts en matière de maîtrise et d'économie d'énergie pour préserver et renforcer les nombreux acquis économiques, sociaux et humains, sagement réalisés, en Tunisie, ou accepter des réajustements progressifs des prix au détriment de l'amélioration continue du pouvoir d'achat et de la compétitivité de l'entreprise, tel est le choix devant lequel le Premier ministre, M. Mohamed Ghannouchi, a placé les Tunisiens, à la veille du nouvel an, en ouvrant, hier à Tunis, la 10ème Conférence annuelle des comités d'entreprises tenue sur le thème « rôle des comités d'entreprises dans l'enracinement de nouveaux comportements en matière d'économie d'énergie chez les travailleurs ». Plus de 600 représentants de comités d'entreprises, délégués d'ouvriers, chefs d'entreprises et cadres administratifs ont pris part à cette Conférence organisée à l'initiative du ministère des Affaires sociales, de la solidarité et des Tunisiens à l'étranger.
En effet, le Premier ministre a annoncé la mise en œuvre d'un nouveau programme national de maîtrise et d'économie d'énergie couvrant la période 2008 // 2011 et reposant sur les mêmes orientations que celles ayant servi à l'élaboration du premier programme triennal en cours d'exécution, dans ce domaine. Or, malgré les résultats probants obtenus grâce à ce premier programme, son évaluation a montré la nécessité de le renforcer afin de pouvoir affronter les défis liés à l'augmentation continue du prix du pétrole brut sur le marché mondial et qui a atteint , ce jour même, 97 dollars le baril, en tâchant, notamment, de rester dans les limites des crédits prévus par le budget de l'Etat en faveur de la subvention des prix des produits de base, soit 400 millions dinars pour 2008, contre 450 millions dinars en 2007. Ainsi, la seule bouteille de gaz liquéfié bénéficie à la vente au public d'une subvention de 11 dinars et est ainsi vendue à 7 dinars, contre 18 dinars, son prix réel. Ce nouveau programme vise à encourager l'utilisation des équipements et appareils à basse consommation d'énergie dont les lampes. Dans ce but, la loi de finances de 2008 a imposé une redevance supplémentaire sur les lampes traditionnelles pour limiter leur usage, alors que dans les pays de l'Union européenne, ces lampes traditionnelles vont être interdites à partir de 2009, et la Tunisie va s'ouvrir complètement à l'espace européen, à la faveur de l'instauration de la zone de libre échange avec l'Union européenne, dès janvier 2008, pour les produits industriels, en particulier. Au même moment, certaines classes de réfrigérateurs qui consomment beaucoup d'énergie vont être interdites, alors que les entreprises économiques seront incitées à effectuer des audits énergétiques annuels et réguliers et à remplacer leurs équipements consommant trop d'énergie par des équipements plus propres et plus économes, en la matière, outre l'extension du réseau d'utilisation du gaz naturel qui entre déjà pour 44% dans la couverture des besoins énergétiques de la Tunisie , contre 2,3 pour le charbon utilisé notamment par les cimenteries et plus de 56% pour le pétrole. Ce nouveau programme prévoit également l'impulsion des activités de recherche pétrolière pour augmenter la production nationale dans ce domaine, et l'encouragement des énergies nouvelles et renouvelables, notamment l'énergie solaire pour les chauffe-eaux.
Répondre à l'appel Situation qui relève véritablement du paradoxe, pour le moins qu'on puisse dire, le Premier ministre a rappelé, dans ce contexte, que les bénéfices réalisés par la Tunisie grâce à la vente du pétrole brut qu'elle produit sont utilisés pour subventionner les produits pétroliers usinés. Or, les moyens d'aller, encore, de l'avant dans la maîtrise de l'énergie et la réalisation de plus d'économie en matière de consommation énergétique publique et privée existent considérablement, a dit le Premier ministre, appelant, à cet effet, tous les Tunisiens à une plus grande adhésion au programme national de maîtrise et d'économie d'énergie. Il a félicité les organisateurs pour le choix du thème de cette 10ème Conférence, se déclarant persuadé que les travailleurs sauront répondre positivement à cet appel du gouvernement, comme ils l'ont toujours fait à toutes les occasions en vue d'apporter leur contribution à la réalisation des ambitieux objectifs nationaux de développement économique et social. Aussi, a-t-il dit, malgré tous les défis internes et externes, la Tunisie a constamment veillé à fonder sa politique de développement sur la corrélation entre la dimension économique et la dimension sociale, option illustrée, entre autres, par les majorations successives et régulières des salaires depuis 1990 et l'adoption du dialogue social comme règle de conduite dans les relations entre les partenaires sociaux. Il a évoqué, à ce propos, les directives présidentielles données, début décembre, pour engager un nouveau round de négociations sur les augmentations salariales. A l'issue de la séance d'ouverture, les travaux se sont poursuivis sous la présidence du ministre des Affaires sociales, de la solidarité et des Tunisiens à l'étranger, M. Ali Chaouch. Les participants ont écouté trois communications relatives au sujet de la Conférence, la première sur la politique de maîtrise de l'énergie en Tunisie, faite par M Ben Aissa Ayadi, directeur général de l'Agence nationale de maîtrise de l'énergie (ANME), la deuxième sur les résultats du programme de maîtrise de l'énergie dans l'administration et les entreprises publiques faite par M. Mounir Bahri, et la troisième sur l'utilisation des énergies de substitution faite par M. Sami Marrouki, tous deux directeurs à l'ANME. Auparavant les participants ont écouté des allocutions prononcées au nom des Organisations nationales, l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (UTICA), l'Union tunisienne générale du travail (UGTT) et l'Union tunisienne de l'agriculture et de la pêche (UTAP).