C'est avec une grande tristesse que le monde du journalisme a appris le décès de M'hamed Jaïbi, journaliste à « La Presse ». M'hamed Jaïbi, éditorialiste, chroniqueur, s'en est allé rejoindre le convoi de ses collègues, les Bady Ben Naceur, Abdelhamid Gmati, Slah Mâaoui, Jamal Karmaoui, Chérif Arfaoui etc. La maladie l'a arraché à ceux qui l'aimaient, à sa femme, ses enfants, sa famille professionnelle et ses amis, il est parti le mercredi 10 à l'âge de 68 ans ? par un jour de soleil, en toute discrétion, confinement oblige. Jaïbi a forgé sa carrière à « La Presse », il faisait partie de l'équipe du soir, celle qui relisait, vérifiait et corrigeait le journal, et avait la charge de l'actualité nationale, de l'éditorial et autres analyses politiques. Tous les après-midi, présent à l'appel du devoir, il lisait tout, scrupuleusement, les yeux collés de trop près au papier et plus tard à l'écran. Il aimait travailler dans la joie ; connaissait tout le personnel, avait toujours un mot, une salutation pour chacun, sans distinction de rang (son sourire rachetait tout) du responsable au journaliste du correcteur au technicien ; omniprésent, il était constamment à l'écoute d'un événement, d'une anecdote ou d'une information quel qu'elle soit. Et, quand il apostrophait un collègue ou un visiteur du journal, c'est toujours accompagné d'un quolibet, d'un geste aimable ou d'une apostrophe amicale ; le sujet de la conversation pouvait attendre. Dans sa profession, il était réactif, constamment à la recherche d'une indiscrétion, de preuves d'une information qu'il recoupait avant rédaction ; c'est pourquoi ses commentaires et analyses étaient fiables, il en tirait une fierté, demandant après parution l'avis de ses pairs sur la teneur et l'effet de son analyse. Passionné de politique nationale, M'hamed a milité au sein du Mouvement des Démocrates socialistes (MDS) qu'il a quitté assez tôt pour divergence d'idées (il a été enterré au cimetière du Jallez dans le carré familial, pas loin des personnalités politiques dont l'ex-président Béji Caïd Essebsi). Une liaison quasi-fusionnelle le liait à son journal, dont il ne pouvait s'en détacher. L'âge de la retraite, la maladie qui s'en est suivi l'ont séparé de ses nombreux confrères, sa deuxième famille, mais pas de sa plume ; fidèle à sa nature, à sa passion du métier, il a continué à envoyer des commentaires, des éditoriaux. A ce propos, Chokri Ben Nessir, directeur de la rédaction de « La Presse », raconte que « deux jours avant son décès, physiquement fatigué, rongé par la maladie, il m'appelait pour proposer un commentaire… ». Paix à son âme. Hamma HANACHI * Toute l'équipe du journal Le Temps présente ses sincères condoléances à toute sa famille