Bien avant l'arrivée de l'hiver, la pluie et les intempéries ont commencé à faire des dégâts, alors que les responsables cherchent des explications peu convaincantes à leur incapacité de gérer une situation qui, pourtant, était gérable, avant la révolution. Des ministres font des déclarations fracassantes pour accuser le citoyen d'être à la source des inondations, alors que l'un d'eux affirme que le réseau d'évacuation ne sont pas fait pur accaparer autant d'eau de pluies, alors que, pourtant, la situation était meilleure, dans le passé. Depuis la révolution, on n'a pas cessé de rabâcher les oreilles des citoyens de déclarations sur des programmes pour la protection des villes contre les inondations (sachant que ces programmes datent de la période de la présidence de Zine El Abidine Ben Ali), alors que la plus simple des opérations n'a pas été réalisée, que ce soit par les services de l'Office national de l'assainissement (ONAS) ou des services municipaux. Le curage des canaux d'évacuation et le dragage des cours d'eau, oueds et rivières étaient des opérations courantes, au printemps et en automne, afin de prévenir ou, du moins, limiter les risques d'inondations, de débordements des oueds et d'obstruction des canaux d'évacuation. Mais, actuellement, les services concernés semblent ne plus accorder de l'importance à ces opérations, pourtant très importantes. Tous les citoyens sont unanimes à affirmer que les camions des services de l'ONAS et ceux des municipalités ne font leur apparition que lorsque le mal est fait et que les pluies provoquent des dégâts. Lors des dernières pluies, la capitale et ses principales rues ont été inondées et il n'y a qu'à voir les photos qui ont circulé sur les réseaux sociaux, avec le centre-ville et, principalement, l'avenue Habib Bourguiba où il était impossible de circuler pour comprendre l'ampleur des dégâts, non pas des dégâts, mais ceux commis par des responsables incompétents qui ne sont pas capables de prévenir les moindres risques. Des quantités importantes de pluie se sont abattues, mercredi, à El Battan, Tébourba, Jedaïda et Borj El Amri (gouvernorat de Manouba) où des quartiers et des établissements éducatifs se sont trouvés sous l'eau et le trafic routier paralysé à cause des fortes pluies enregistrées, mercredi, à El Battan (64mm) et Tébourba (30mm). Et c'est l'infrastructure qui est à nouveau pointée du doigt. Les cours ont été suspendus, à partir de 16h00, notamment, à l'école primaire Habib Thameur, à Tébourba, où les agents de la protection civile sont intervenus pour évacuer 20 élèves bloqués et leur institutrice. Il en est de même pour les écoles primaires Kheireddine et Hannibal et le collège de Didon où les cours n'ont pas totalement repris, jeudi matin, pour poursuivre l'évacuation de l'eau. A El Battan, les eaux ont envahi dix maisons. Selon la maire, MabroukaSalhi, les agents des services de l'assainissement ont assuré le nettoyage des canalisations dans les cités Ben Ghenia, Slayia et au centre-ville. Jeudi après-midi, des rues à Zouitina et Borj Erroumi sont submergées par des torrents d'eau. Néjib Ben Cheikha, directeur des eaux urbaines au ministère de l'Equipement, a dénoncé la destruction des biens, des édifices publics et des systèmes d'évacuation d'eaux de pluie relevant des municipalités, ainsi que les constructions anarchiques au bord des oueds. Il a promis d'intervenir d'urgence, à partir d'hier, au niveau du parc d'Oued Ellil envahi par les déchets et les constructions anarchiques. Dans toutes les réactions des responsables politiques et administratifs, c'est le citoyen qui est le mouton de Panurge qu'on accuse de tous les maux. Mais le devoir de ces responsables n'est-il pas de veiller à réparer les dégâts, avant les catastrophes? Sinon, pourquoi les payons-nous?