Ça y est, il n'en reste plus que quelques heures. Après 63 matches, deux finalistes se sont dégagés : la France et la Croatie, une affiche portant des parfums de l'édition 1998, qui avait vu les Bleus triompher chez eux. Les Vatreni auront à cœur de venger leurs prédécesseurs, battus par la bande à Aimé Jacquet en demi-finale de France 1998. Néophytes lors de cette édition, les Croates avaient été privés de finale par les deux seuls buts de Lilian Thuram en équipe nationale. Quant aux Français, ils vont espérer que l'homme qui arborait le brassard lors de la finale de Saint-Denis sera leur porte-bonheur au Stade Loujniki. S'il réédite dans son costume de sélectionneur le succès obtenu en tant que joueur en 1998, Didier Deschamps deviendra le troisième homme de l'histoire, après Mario Zagallo et Franz Beckenbauer, à décrocher une étoile en tant que joueur puis en tant qu'entraîneur. La France a fait preuve de pragmatisme et d'autorité pour dominer la Belgique 1-0 en demi-finale. La Croatie, a dû passer par la prolongation - pour son troisième match consécutif - pour écarter l'Angleterre. Les hommes de Zlatko Dalic pourront-ils faire mieux que les héroïques pionniers de 1998 ou Didier Deschamps aura-t-il droit à un nouveau jour de gloire ? La dernière marche est la plus belle, mais c'est aussi la plus difficile à gravir. Les joueurs français sont bien placés pour le savoir, eux qui gardent le goût amer de leur défaite en finale de l'EURO 2016 face au Portugal. Cette semaine à Istra, c'est donc un groupe très concentré sur son sujet mais toujours fidèle à sa décontraction naturelle qui a préparé la dernière ligne droite. Les joueurs le répètent, ils abordent cette finale de la même manière qu'un match ordinaire. Pour être champions du monde, les Bleus vont devoir remporter le défi athlétique que vont leur imposer les Croates. Comme elle l'a montré face aux Anglais, la bande à Luka Modric reste dangereuse jusqu'à la fin, mais la France a présenté de solides garanties défensives. Personne n'attendait la Croatie à pareille fête. Pourtant, les Vatreni n'ont pas volé leur place dans cette prestigieuse finale. Même si, en mettant toutes leurs prolongations bout à bout, les Croates ont disputé 90 minutes de plus que les vice-champions d'Europe, ne nous attendons pas à les voir accuser le coup physiquement. Si la Croatie peut franchir ce dernier obstacle, elle entrera dans l'Histoire. Cette génération dorée conduite par Luka Modric ne va pas se laisser impressionner par le fait qu'elle dispute une grande finale, à l'image de Mario Mandzukic ou d'Ivan Rakitic, déjà buteurs en finales de Ligues des champions de l'UEFA. Les hommes de Dalic ne sont plus qu'à un pas d'un sacre pour l'éternité. Le sélectionneur de la France, Didier Deschamps : « La gagne à tout prix !» Didier Deschamps a décidément toujours la culture de la "gagne". Ses Bleus ont dominé la Belgique, mardi 10 juillet, à Saint-Pétersbourg (1-0) lors de la demi-finale du Mondial-2018 et ont désormais rendez-vous dimanche à Moscou, contre le vainqueur du match Croatie-Angleterre disputé mercredi dans la capitale russe. À 49 ans, il croit mordicus en sa bonne étoile. Interrogé sur l'expression qui fait florès, "la chance à DD", parfois dans un versant plus félin, il ne l'avait pas niée lundi, mais y avait corrélé la notion de travail : "Que je sois souvent au bon endroit au bon moment, c'est probable, je n'ai pas à me plaindre. Il y a certainement mieux que moi, il doit y avoir pire aussi. Je sais, et j'associe évidemment l'ensemble de mon staff, tout le travail qui est fait. Il y a des exigences qui sont là, c'est ce qui me plaît." Le parcours n'a pas toujours été aisé : Deschamps était proche de la sortie avant le barrage retour du Mondial-2014 (victoire 3-0 contre l'Ukraine) et n'aurait sans doute pas résisté à une élimination dès les 8e de finale contre l'Argentine en Russie. "On a assez d'expérience pour savoir ce qui aurait pu se passer", a souligné son adjoint Guy Stéphan la semaine dernière. Mais voilà, ce sont là deux de ses principaux faits d'armes, et sa marque : au pied du mur, l'équipe de France sait faire le dos rond et s'imposer. Après un revers 2-0 à Kiev en qualifications du Mondial-2014, et au sortir d'une phase de poules laborieuse sur le plan du jeu dans le second, achevée dans un ennui charriant toutes les nuances de gris contre le Danemark (0-0). Autre prouesse, la victoire 2-0 contre les champions du monde allemands en demi-finale de l'Euro-2016, qui avaient pourtant bien secoué les Bleus. C'est sa patte : tant pis pour la maîtrise, tout pour la gagne. Il a ainsi été brocardé pour le jeu parfois terne de son équipe, ou sa frilosité, une forme de conservatisme attachée à des statuts. Mais les résultats plaident pour lui. À confirmer aujourd'hui à Moscou. Le sélectionneur de la Croatie, Zlatko Dalic : «Le plus beau moment de nos vies» Zlatko Dalic veut voir ses joueurs prendre du plaisir lors de la finale de Coupe du monde contre la France. La Croatie s'apprête à jouer sa première finale de Coupe du monde face à l'équipe de France. . En conférence de presse, Zlatko Dalic a relativisé la fatigue de ses joueurs et leur demande surtout de prendre du plaisir : " C'est la finale de la Coupe du monde. Les joueurs savent ce que cela représente. Ce qui me fait plaisir, c'est que tous mes joueurs me diront s'ils ne sont pas à 100%, on a une relation excellente et ils sont prêts à dire "je ne suis pas en forme, je suis prêt à ne pas jouer". Je respecte ce genre d'attitude". "On n'insiste pas sur les séances d'entraînement, on n'a rien à faire de particulier, il faut juste récupérer. Il y a quelques petites blessures, quelque petits problèmes. J'espère que tous mes joueurs seront prêts à jouer demain mais si ce n'est pas le cas on a d'excellents joueurs dans les starting blocks", a ajouté le sélectionneur de la Croatie. Zlatko Dalic est revenu sur la relation qu'il entretient avec son effectif : "Notre relation s'appuie sur le respect et la confiance. Je veux être ami avec eux mais ils comprennent mon rôle et l'acceptent. C'est moi qui prends les décisions finales mais une telle relation est très importante en équipe nationale, on est ensemble pour une période brève, on n'a pas le temps d'avoir des conflits. Je ne prends aucune décision tant que je n'ai pas parlé aux joueurs. C'est la solution que j'ai adoptée pour l'instant, ça nous a apporté de l'unité, une amitié, ils savent que je suis un ami pour eux. Ils m'écoutent, me respectent, nous sommes ici comme une famille depuis six semaines. Ça sera difficile de nous séparer car nous sommes très proches les uns les autres". "Le huitième de finale a été le match le plus difficile. Avant la rencontre, j'avais dit que les neuf points accumulés lors de la première phase n'auraient servi à rien en cas d'élimination, ce fut un match difficile mais il n'y a plus de pression aujourd'hui. Je ne vais pas rajouter de la pression sur les épaules de mes joueurs avant une telle rencontre. Le stade sera plein, le monde entier regardera, alors je leurs dis : "sortez, jouez votre football, ne soyez pas inhibés ni distraits !". C'est le plus beau moment de notre vie à tous»