Fondé en 1986, le festival international de musique symphonique d'El Jem aborde sa nouvelle session qui aura lieu du 7 juillet au 11 août. Dix soirées sont au programme avec des formations italiennes, autrichiennes, russes et coréennes. Toute les musiques classiques au coeur du prestigieux amphithéâtre antique! C'est l'une des rares manifestations de sa génération à avoir su préserver son identité et son projet initial. Trente-trois ans après sa fondation, le Festival international de musique symphonique d'El Djem continue en effet son parcours, mettant en exergue la musique classique et mettant aussi en valeur le magnifique amphithéâtre antique de la région. La symbiose entre un festival et son amphithéâtre Car, à El Jem, le site du festival est son atout premier! Hébergée au sein de l'amphithéâtre du deuxième siècle, le festival a su cultiver une image qui le lie intimement à ce colosse de pierre qui pouvait accueillir jusqu'à 30.000 spectateurs. L'aménagement de gradins à l'identique, le superbe travail d'éclairage et la majesté des lieux donnent en effet un caractère unique à cette manifestation. Le maintien et la confirmation d'une direction artistique claire complète ce premier atout et permet à El Jem de s'installer dans une belle continuité. En Tunisie, de nombreux festivals mettent à profit une synergie entre patrimoine et culture. Ces manifestations culturelles sont ainsi installées aussi bien dans des théâtres antiques qu'au sein d'autres monuments faisant partie de l'héritage monumental du pays. A ce titre, les festivals de Carthage, Dougga ou Bulla Regia sont installés dans des théâtres antiques. A Oudna, c'est l'amphithéâtre local qui abrite, comme à El Jem, des soirées culturelles. Les exemples abondent et soulignent bien le rôle de l'art dans la mise en valeur du patrimoine. En ce sens, il convient aussi de noter la similarité qui existe entre l'architecture des théâtres de plein air actuels et ceux de la période antique. Il suffit d'observer le théâtre de Hammamet ou ceux plus récents de Djerba ou Tabarka, pour constater une remarquable continuité. "Cameristi de la Scala de Milan", Wiener Opernball et Philharmonie coréenne A l'heure actuelle, c'est à El Jem que cette continuité est la plus achevée grâce à une symbiose totale entre le monument et le festival. Toutefois, cette symbiose ne serait rien sans les choix artistiques judicieux qui prévalent dans ce contexte. Les dix soirées de cette édition 2018 confirment la bonne tenue du festival, malgré une soirée jazz inscrite au programme sans se soucier vraiment de la continuité artistique. Le festival sera inauguré par les 130 artistes des Cameristi de la Scala de Milan. Il s'agit de l'orchestre et des choeurs de la célèbre institution milanaise qui se produiront le 7 juillet. Comme le veut la coutume, le Wiener Opernball sera présent comme chaque année. Les artistes de l'opéra de Vienne seront sur scène le 21 juillet pour une soirée qui constitue l'un des clous du festival. Autre grosse sensation, la présence des musiciens de l'Orchestre de la République russe du Tatarstan donnera des couleurs inédites à la clôture du festival, le 11 août prochain. Le reste du programme est de bonne facture et se caractérise par une diversité de bon aloi. L'orchestre de chambre de Majorque (Espagne) donnera son récital le 14 juillet. L'Orchestre italien Piazza Victoria renouera avec El Jem le 19 juillet alors que l'Orchestre philharmonique de Seongnam (Corée du sud) se produira le 28 juillet. La participation tunisienne prendra les couleurs de l'Orchestre symphonique tunisien (le 4 août). De plus, Hassen Doss se produira avec les Symphonistes européens dans le cadre d'une soirée où sera aussi programmé un ciné-concert en première partie. Cerise jazz sur ce gâteau classique, le Seme Soul Jazz Band sera à l'honneur le 8 août, peu avant la clôture officielle d'El Jem 2018. La session promet donc d'être riche, animée et essentiellement articulée sur le classique. Fort de sa stabilité, le festival de musique symphonique d'El Jem est ainsi en passe de confirmer sa bonne santé et son indiscutable statut de précurseur dans son domaine.