Après le succès de ses quatre premières éditions, le festival "Jaou" revient en continuant à innover. Fondée par Lina Lazaar qui continue à en être la cheville ouvrière, cette manifestation qui se définit comme une plateforme participative d'art et de réflexion se déroulera à Tunis du 27 juin au 1er juillet Pour sa cinquième édition, le festival "Jaou" restera fidèle à son projet et aux ambiances prometteuses induites par le nom même de la manifestation. En effet, tablant sur l'innovation et brassant les expressions artistiques, ce festival (qui en fait est à la fois un symposium d'artistes et un forum d'échanges) tente de confirmer les ouvertures opérées au cours des sessions précédentes. De Bab Menara à El Aouina, un retour vers le territoire Déployé sur quatre lieux différents, amplifié par quatre pavillons consacrés aux arts, "Jaou 2018" sera un peu partout, là précisément où on n'attendait pas des interventions artistiques de cette qualité. En effet, installé à Bab Menara, Sidi Bou Khrissan, Montplaisir et El Aouina, le festival investit de nouveaux lieux et convoque d'autres publics. Cette recherche de proximité se double d'un devoir de réappropriation du territoire par des moyens artistiques. Véritable stratégie d'intervention dans l'espace public et dans les lieux les plus inattendus, la démarche de "Jaou" est résolument moderne et s'inscrit dans une mouvance globale qui devient de plus en plus visible dans nos murs. Au même titre que par exemple "Dream City" ou "Interférences", cette autre plateforme développe sa présence dans l'espace public tout en assignant aux intervenants culturels une fonction qui dépasse le ludique pour pleinement investir les vastes champs de l'éducation populaire. Nous l'avons vu une nouvelle fois ces dernières semaines avec la tournée de la Caravane nomade des deux rives qui a osé la gageure de planter son dispositif dans le stade d'une cité populaire, comme à El Hrairia, ou dans les marges de la ville, comme à Sfax, Gafsa ou Sbeitla. Dans ce dernier cas, les publics dans leur diversité ont répondu présent et donné l'impact recherché à l'événement. Pour "Jaou" et selon les spécificités de cette manifestation, les objectifs sont différents car l'art et ses perceptions sont au coeur du processus. De fait, ce festival est doublement expérimental: d'abord par les territoires qu'il englobe, ensuite par la charge innovante des oeuvres artistiques proposées. Ainsi, pour cette édition, la thématique centrale tournera autour de la notion d'héritage culturel et offrira aux artistes de développer leurs variations sur cette matrice. Cela devrait donner lieu comme chaque année à des projets surprenants qui oscillent entre installations, performances et happenings. Un pôle de réflexion sur les pratiques artistiques En prélude à "Jaou 2018", deux rencontres seront également au programme. Elles permettront de rencontrer les commissaires des expositions qui se tiendront dans une vingtaine de jours tout en discutant de ce métier e commissaire qui se trouve au centre de l'actualité artistique. Ces rencontres permettront de débattre avec des étudiants en art plastique, design graphique, audiovisuel et management culturel. La première de ces rencontres a eu lieu hier à l'école des Beaux-Arts de Tunis et a été structuré autour d'une conversation entre Lina Lazaar et Amel Ben Attia, l'une des commissaires de "Jaou 2018". Ces préludes se poursuivront autour des mêmes thèmes le 25 juin prochain dans les locaux de l'Institut français. Notons par ailleurs que les autres commissaires d'exposition seront Aziza Harmel, Khadija Hamdi et Mariem Ben Salah. C'est donc bientôt parti pour "Jaou 2018", un festival qui compte bien confirmer son caractère de pôle de réflexion sur les pratiques artistiques doublé d'un espace de création sans entraves.