Le port de pêche de Kélibia, assure en moyenne 15% de la production nationale de poisson. Toutefois les conditions de travail ne sont pas idéales pour les marins pêcheurs qui ont observé hier un sit -in pour réclamer une amélioration de leur exercice dans ce port. Les marins pêcheurs s'inquiètent du déclin des ressources halieutiques, conséquence de la pèche illicite. Ils déplorent l'absence de suivi du plan de mise à niveau du port et l'anarchie qui y règne. Pour y remédier, ils préconisent l'amélioration de l'hygiène, l'agrandissement du bassin du port, son dragage et l'enlèvement des embarcations qui y échouent. Ces marins appellent aussi au bénéfice d'une subvention durant la trêve biologique. Ce repos est imposé en raison de la surexploitation des ressources halieutiques pour éviter la destruction de cette richesse du littoral, et protéger notamment l'espadon. En effet, le nombre d'espadon de Méditerranée a diminué à un rythme stupéfiant de 70% entre les années 1980 et 2017. Malheureusement, plus de 80% des espadons débarqués en Méditerranée sont des juvéniles qui n'ont pu se reproduire, ce qui rend impossible la reprise biologique du stock de ce poisson. Si tous les pays membres de la CICTA (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l'Atlantique) sont d'accord sur le quota de pêche à l'espadon, ils ne seront forcément pas d'accord sur les répartitions. Cette restriction a provoqué la colère des pécheurs tunisiens notamment ceux de Kélibia qui sont obligés d'observer une longue trêve biologique. Ce qui les pousse à chômer durant le reste de l'année, de mars à octobre. « Nous sommes d'accord pour préserver l'espadon. Mais nous devons aussi protéger le pêcheur », disent ils. Le repos biologique est indispensable à la reconstitution des stocks halieutiques. Mais du côté des pêcheurs, cette mesure est mal accueillie. Ils affichent actuellement leur inquiétude quant à l'impact de cette décision sur leurs revenus. Ils veulent faire entendre leur voix. « Avec la trêve biologique, on est contraint au chômage», affirment les marins qui demandent une subvention suite au repos biologique. Les marins appellent aussi à la réorganisation du commerce du poisson qui connaît actuellement une situation d'anarchie structurée, caractérisée par la spéculation et l'absence de tout contrôle. En effet, le poisson fait l'objet de transactions entre plusieurs intervenants, parfois même à l'extérieur du port. De plus, le secteur a vu ces derniers mois l'arrivée de nouveaux intermédiaires qui proviennent d'autres domaines d'activité et d'autres régions. Les réserves halieutiques diminuent en raison de la pêche intensive et du raclage des fonds marins. Le fond de la mer subit en conséquence un changement aigu et certaines espèces marines, qui ne vivent plus dans des conditions favorables, risquent de disparaître. Leur calibre change également à cause de la surexploitation et de l'absence de repos biologique. D'où cet appel des marins pêcheurs de Kélibia qui appellent à améliorer leurs conditions de travail et à sauver leur activité en perte de vitesse