Le nouveau décret relatif aux élections des directeurs, doyens et présidents des Universités ainsi que des membres des conseils de tous les établissements d'enseignement supérieur suscite toujours le courroux des professeurs universitaire. Dans un communiqué publié hier, la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) à renoncer à sa politique de fuite en avant et à ouvrir des négociations sur ce décret très controversé. «Le ministère de l'Enseignement supérieur est plus que jamais appelé à renoncer à sa politique de fuite en avant en ce qui concerne le décret électoral. Faute de quoi, nous serons obligés de boycotter l'ensemble des activités du ministère », a souligné la Fédération syndicale rattachée à l'Union Générale Tunisienne du Travail. La FGESRS a appelé dans ce même ordre le ministre Slim Khalbous à tenir une nouvelle séance de dialogue sur le décret électoral avant de le soumettre au conseil des Universités pour approbation. De leur côté, onze présidents d'Université ont appelé dans un communiqué publié le 7 juin le ministre de l'Enseignement supérieur à convoquer une réunion du conseil des Universités pour examiner la mouture finale du décret en question. Ces onze dirigeants d'Université parmi lesquels figurent le président de l'Université de Tunis, Hmaïed Ben Aziza, le président de l'Université de la Manouba, Chokri Mabkhout, et le président de l'Université de Sfax, Rafik Bouaziz, ont aussi menacé de boycotter les activités du ministère au cas où le ministre ne leur prête pas une oreille attentive. Les professeurs universitaires estiment que le nouveau décret électoral comprend plusieurs « irrégularités, incohérences et mesures anti-démocratiques». Parmi les mesures dénoncées par la FGESRS, on citre notamment l'autorisation des chefs de département à participer aux élections du doyen ou du directeur de chaque établissement d'enseignement supérieur. Cette mesure est très contestée vu que les chefs de département ne bénéficient que d'une légitimité électorale très réduite. Ils ne sont en effet élus que par les membres de ce département (le nombre des membres d'un département ne dépasse pas une dizaine dans certains cas) tandis que les membres des conseils scientifiques qui étaient naguère les seuls autorisés à participer au vote sont élus par l'ensemble des enseignants permanents. D'autre part, la participation des chefs de département aux élections rend aussi quasi-impossible le retrait de confiance au directeur ou au doyen puisque cette procédure qui vise à éviter toute propension à la gestion unilatérale de l'université nécessitera désormais le feu vert des deux tiers (2/3) des membres des conseils scientifiques et des chefs de départements. Autre point litigieux évoqué par la Fédération générale : l'adoption du scrutin uninominal pour l'élection du doyen ou du directeur de chaque établissement universitaire et du mode de scrutin de liste pour l'élection du président de chaque université et de ses deux adjoints. « Cette incohérence risque de transformer l'Université en un espace de luttes partisanes et idéologiques. De plus, elle risque de conduire au rejet de l'ensemble du décret électoral en cas d'introduction d'un recours auprès du Tribunal administratif», a commenté le secrétaire général de la FGESRS, Hassine Boujarra. A noter que la FGESRS a organisé le 7 juin plusieurs un sit-in de protestation contre le décret promulgué par le ministre de l'Enseignement supérieur. Du côté du ministère, on assure que le décret électoral a fait l'objet de consultations approfondies avec le syndicat et les instances pédagogiques. «L'ensemble des nouveautés introduites dans le décret sont le fruit d'un large consensus », a précisé une source bien informée au ministère, tout en indiquant que ce dernier va prêter une oreille attentive aux doléances des universitaires.