Le décret relatif aux élections relatif aux élections des directeurs, doyens et présidents des Universités ainsi que des membres des conseils de tous les établissements d'enseignement supérieur et de recherche publié récemment par le ministre de l'enseignement Supérieur ne cesse de faire des vagues. Dans un communiqué publié hier, douze présidents d'Université ont tiré à boulets rouges contre ce décret qui comprend des «mesures dangereuses» et « juridiquement inadéquates». «Suite à l'examen du décret relatif aux élections des structures académiques et des dirigeants des universités, nous précisons que les présidents des Universités n'ont pas été consultés sur plusieurs points fondamentaux de ce décret dont le mode des élections du conseil de l'Université et du président et de l'institution universitaire et de ses deux adjoints »,le communiqué signé par les douze dirigeants d'Universités parmi lesquels figurent le président de l'Université de Tunis, Hmaïed Ben Aziza, le président de l'Université de la Manouba, Chokri Mabkhout, et le président de l'Université de Sfax, Rafik Bouaziz. « Le décret comprend plusieurs irrégularités comme les modes de scrutin contradictoires en ce qui concerne les élections des doyens et des directeurs d'un côté ( scrutin uninominal) et les élections des présidents des universités et de leurs adjoints de l'autre (scrutin de liste) », ajoutent les signataires du communiqué, tout en appelant le ministère de tutelle à débattre du décret controversé avec les conseils des universités afin de rectifier le tir. A noter que seul le président de l'Université de Sousse n'a pas signé le communiqué publié par les hauts dirigeants des Universités tunisiennes. De son côté, la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique (FGESRS) a fustigé le décret électoral «préparé dans les bureaux clos du ministère de l'Enseignement Supérieur» et qui comprend plusieurs «mesures anti-démocratiques ». «Nous refusons cette logique de passage en force qui anime le ministère de tutelle puisque le décret n'a pas fait l'objet de consultations entre les autorités et la plus haute instance pédagogique, en l'occurrence le conseil des universités », a indiqué la fédération dans son communiqué. «Le texte n'a pas aussi fait l'objet de négociations sérieuses avec la partie syndicale », a ajouté la Fédération rattaché à l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT). Légitimité électorale réduite Parmi les mesures dénoncées par la FGESRS, on citre notamment l'autorisation des chefs de département à participer aux élections du doyen ou du directeur de chaque établissement d'enseignement supérieur. «Cette mesure constitue un fait sans précédent pour plusieurs raisons. D'abord, les chefs de département ne bénéficient que d'une légitimité électorale très réduite parce qu'ils ne sont élus que par les membres de ce département (le nombre de ces membres ne dépasse pas une dizaine dans certains cas) tandis que les membres des conseils scientifiques sont élus par l'ensemble des enseignants permanents », souligne le secrétaire général de la FGESRS, Houcine Boujarra. Et d'ajouter : «La participation des chefs de département aux élections rend aussi quasi-impossible le retrait de confiance au directeur ou au doyen puisque cette procédure qui vise à éviter toute propension à la gestion unilatérale de l'université nécessitera désormais le feu vert des deux tiers (2/3) des membres des conseils scientifiques et des chefs de département ». Autre point litigieux évoqué par la Fédération générale de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique : l'adoption du scrutin uninominal pour l'élection du doyen ou du directeur de chaque établissement universitaire et du mode de scrutin de liste pour l'élection du président de chaque université et de ses deux adjoints. «C'est une contradiction qui reflète un manque de cohérence et qui conduira au rejet de l'ensemble du décret électoral en cas d'introduction d'un recours auprès du Tribunal administratif », fait remarquer M. Boujarra qui appelle le ministère de tutelle de renoncer à ses tentatives de mettre la partie syndicale devant le fait accompli et à ouvrir un dialogue sérieux sur tous les aspects relatifs aux élections des dirigeants des Universités et des structures pédagogiques.