L'association «Les amis du Kef » vient encore une fois, de relever le défi en organisant du 28 avril au 1er mai, la troisième édition du festival « Le Kef chante la Tunisie », sur fond de contestations sociales, sit-in et coupures d'eau ; ces maux dont souffre la région du Nord- Ouest depuis des mois déjà, et qui ont eu leurs répercussions sur le déroulement des festivités, du moins lors de la première soirée d'animation à la Kasba qui n'a pas drainé le public, en colère contre le timing de la manifestation. Pour le comité d'organisation composé de Leila Boulifa, (présidente de l'association), Lassaad Dhaoui, Hend Chaouch, Sihem Rezig Kefi, Rakia Mechri et Besma Dhaoui, le but du festival est de valoriser l'héritage culturel, artistique et culinaire de l'ancienne Sicca Veneria, en relançant les multiples circuits touristiques dans une région qui regorge de monuments et de sites historiques, témoins des époques glorieuses de la coexistence et de la tolérance entre les peuples et les croyances . Et en insistant aussi sur le fait, que la culture constitue le meilleur moyen pour revendiquer et se faire entendre, en invitant les investisseurs de tous bords, tunisiens et étrangers, à venir investir et créer une nouvelle dynamique dans le domaine économique. S'exprimer par la joie, la musique, l'art culinaire, les jeux éducatifs et sportifs, était le mot d'ordre du Comité d'organisation qui espérait voir la ville du Kef, rayonner au-delà des trois jours de festivités tenues à la Kasba, à la Place des Arts (la Basilique) et à la Place de la Fontaine Eddir, en présence des invités venus des différentes régions du pays et de personnalités diplomatiques, en particulier, MM. Omer Farouk Dogan et Raimondo de Cardona, respectivement, ambassadeurs de Turquie et d'Italie en Tunisie, comme pour nous rappeler quelques pans de l'histoire relatifs à l'époque romaine puis ottomane de la ville du Kef. Le Kef, un musée à ciel ouvert, pour reprendre les termes de Leila Boulifa, dans la mesure où on a réussi par les multiples festivités, à donner un nouveau souffle à une ville fière de ses traditions et au passé historique des plus riches. A l ‘époque romaine, elle fut connue sous le nom de Cirta, capitale de la nouvelle province de Numidie. Lors de sa conquête par les Arabes au 7ème siècle, elle changea de nom pour devenir Shakbanaria. Puis, à partir du 16ème siècle, elle prit la dénomination d'El Kef (le rocher). Ville des rois, elle fut fortifiée par Hussein Ben Ali, natif du Kef et fondateur de la dynastie Husseinite. Au cours de l'occupation française, Le Kef conserva l'important rôle de chef-lieu avec une forte vocation au militantisme politique, devenant, de ce fait, le sanctuaire de luttes nationales aussi bien algérienne que tunisienne, d'où les relations de bon voisinage entretenues depuis toujours. Et de par leur proximité avec l'Algérie, les transfrontaliers franchissent régulièrement la frontière pour s'approvisionner en biens et en produits alimentaires... « Le Kef chante la Tunisie » était l'occasion selon Lassaad Dhaoui, de crier haut et fort, que la région qui est le point de mire du Nord-Ouest, n'est pas une zone rouge et que les Keffois, hommes, femmes mais surtout les jeunes, restent malgré tout confiants en attendant des jours meilleurs. D'où l'organisation au cours de ces journées, d'une table ronde par le Cife, portant sur le thème : « El Kef, le deuxième souffle du tourisme, culture et nature », avec la participation de Mmes, Nejiba Chouk, Sihem Rezig Kefi, Monia Bousselmi et Sonia Garma. A la kasbah du Kef, visible de partout et qui demeure l'un des symboles de la ville et à l'histoire immémoriale, on a vu se produire, des spectacles de rue avec la Kharja de Sidi Bou-Said, le Hezb de Mahdia , mais aussi, de très belles soirées musicales avec «Halfaouine » de Nidhal Yahyaoui, et « Fellagha » de Nasreddine Chebli, alias Nasro, (Tanit de bronze aux JMC 2016) ; des soirées de projection Mapping, son et lumière et un défilé de dix stylistes modélistes, (habits traditionnels par le Cife). A la place de la Fontaine Eddir, on a été nombreux à assister aux insolites performances de Snadid Dahmani et Khayala Tadjerouine, sur fond de youyous de femmes invoquant la joie et l'espoir...et cerise sur le gâteau, le patrimoine culinaire de la région représenté par le fameux mets de Borzghen pour accueillir le printemps. Aux «Amis du Kef », de continuer sur cette voie pour que le Kef puisse chanter la Tunisie, encore et toujours !