Si les relations économiques entre la Tunisie et la Chine ont connu une évolution constante durant les dernières années, en revanche les officiels et les opérateurs économiques ne sont pas satisfaits du volume actuel des échanges commerciaux entre les deux pays. Ainsi, la Tunisie et la Chine ont décidé de passer à la vitesse supérieure pour booster leur coopération économique à travers notamment la mise en place de grands projets structurants gagnant-gagnant. C'est dans ce cadre que le chef du gouvernement Youssef Chahed a eu, dernièrement un entretien avec le vice-ministre chinois des Affaires Etrangères, Zhang Ming. Le ministre chinois a remis au chef du gouvernement une invitation officielle adressée par son homologue chinois pour effectuer une visite à Pékin en compagnie d'une délégation d'hommes d'affaires. Le vice-ministre chinois des Affaires étrangères a souligné la détermination de son pays à réaliser les projets programmés entre les deux pays et à mettre en œuvre les accords conclus lors des travaux de la Conférence internationale sur l'investissement. La prochaine visite de Chahed à Pékin ne manquera pas en effet de donner une forte impulsion à la coopération entre la Tunisie et la Chine et de la projeter vers de nouveaux horizons prometteurs à même de satisfaire les aspirations des deux pays à établir un partenariat équilibré et mutuellement avantageux. La création d'un conseil de coopération Tuniso-Chinois est de nature à donner un nouveau souffle à la coopération tuniso-chinoise. Composé de 10 membres, ce conseil comme l'a précisé Dr Mohamed Sahbi Basly, ancien ambassadeur de Tunisie en Chine, en Inde et en Espagne, à Radio Med s'inscrit dans le cadre de nombreux efforts fournis par la société civile pour essayer d'attirer l'attention des gouvernements successifs sur les solutions potentielles pour dégager le pays de la crise et défend ainsi l'opportunité du soutien que pourrait apporter la Chine à l'économie tunisienne, spécialement dans les circonstances actuelles. « La Chine, souligne M Basli, est un pays qui ne cesse d'étonner le monde. C'est un pays dont le PIB était largement inférieur au nôtre il y a 10 ans. Aujourd'hui, il est 3 fois supérieur à celui de la Tunisie. il n'existe aucune structure au département des affaires étrangères, ni à la présidence du gouvernement, ni même à la présidence de la république, une sorte de cellule Asie, capable de constituer une sorte d'interface entre le monde Asiatique et la Tunisie, alors que tous les observateurs avertis s'accordent pour dire que le centre de gravité du monde ne cesse de se déplacer vers l'est du globe. C'est pour toutes ces raisons que j'ai décidé, avec une poignée d'amis convaincus du bien fondé de ma démarche, de créer le conseil de coopération Tuniso-Chinois, dans un espoir de combler ce vide institutionnel existant à ce jour, en vue de promouvoir les relations bilatérales entre les deux pays et permettre du même ressort de consolider l'œuvre du gouvernement à ce propos ». Le transport, un obstacle majeur ! La Tunisie a de bons atouts pour diversifier ses échanges avec la Chine et développer ce marché qualifié de porteur. C'est un passage obligé pour toutes les civilisations et les cultures, raison de plus des échanges économiques et commerciaux entre l'est et l'ouest. Elle se doit d'utiliser cette stratégie de pont et d'accès aux marchés Arabes et Africains à partir de l'Asie et plus particulièrement de la Chine. Les deux pays semblent complémentaires sur plusieurs points. Un déficit commercial de 3.154,4 MD La Chine reste le pays avec lequel la Tunisie enregistre le déficit commercial le plus important (-3.151,4 MDT). La coopération bilatérale en matière d'investissement et de partenariat reste toutefois très limitée. Et là il est temps de booster cette coopération. Le vice-ministre chinois des Affaires ètrangères, Zhang Ming a affirmé la disposition de son pays à soutenir la proposition appelant les hommes d'affaires chinois à s'installer en Tunisie pour promouvoir l'emploi des jeunes et s'orienter vers les marchés européens et africains. Le 12 décembre 2016, la Tunisie et la Chine ont adopté le principe de l'échange du dinar et du yuan pour payer en monnaies nationales une partie des opérations commerciales et financières entre les deux pays. La Banque centrale de Tunisie (BCT) et la Banque centrale de Pékin ont signé, un mémorandum d'entente et de coopération, favorisant une plus grande ouverture dans les deux secteurs bancaire et financier. Certains obstacles techniques doivent être éliminés pour que la machine se mette en marche. Le développement du transport entre les deux pays constitue un élément clé dans la promotion des flux touristiques à destination du pays et des échanges économiques et commerciaux. Un marché porteur pour le tourisme tunisien Le marché chinois est l'un des plus grands en termes de nombre de touristes. 120 millions d'entre eux voyagent à l'étranger durant l'année. Pour développer ce marché, le ministère des Affaires étrangères a décidé d'accorder l'entrée en territoire aux citoyens chinois sans visa pour une durée n'excédant pas deux semaines. C'est un élément qui devrait à n'en pas douter pousser les Chinois à venir nombreux. D'ailleurs, pour promouvoir plus la destination, un mémorandum d'entente a été signé entre l'Office national du tourisme tunisien (ONTT) et l'agence en ligne Alitrip, du géant chinois du commerce électronique, Alibaba, la plus importante plateforme d'e-commerce mondiale. Ce mémorandum, signé en marge de la participation tunisienne au Salon international du tourisme du 11 au 13 novembre 2016, offre des possibilités supplémentaires de promouvoir, numériquement, le tourisme tunisien en Chine, d'autant plus que la plateforme chinoise totalise, quotidiennement des dizaines de millions de visiteurs. Bref, il faudrait plaider pour un partenariat économique « stratégique » entre les deux pays, un partenariat win-win qui sorte des sentiers battus. Un proverbe chinois enseigne : « Si vous voulez aller plus vite, allez seuls, mais si vous voulez aller plus loin, allez ensemble. » Nous voulons faire le chemin ensemble avec les Chinois.