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Ahmed Ounaïes: Les lâches
Publié dans Leaders le 08 - 10 - 2023

Curieusement, nos partenaires européens semblent incapables d'établir le lien entre l'occupation et la résistance. Réagissant, le 7 octobre 2023, à l'assaut de la résistance palestinienne, ils s'empressent de qualifier de terrorisme ce qui, à nos yeux, est un acte de résistance évident. De surcroît, ils s'empressent de proclamer leur solidarité en bloc avec la puissance occupante qui devient donc, pour les Européens, la victime! Pour notre part, ayant grandi dans la culture de la lutte contre le colonialisme, la résistance contre l'occupation et le combat contre la discrimination, nous sommes évidemment solidaires du peuple victime de l'occupation, certainement pas solidaires de la puissance occupante.
Nos partenaires européens n'ont pas tiré la leçon de l'histoire. Ils nous ont fait croire pour un temps, au lendemain de la colonisation et des guerres de libération que nous avons menées dans des conditions inégales pour forcer l'évacuation de nos territoires, et en dépit des pratiques discriminatoires propres à la domination qu'ils avaient exercée sur nous et sur nos terres, ils nous ont fait croire que la Charte des Nations Unies pouvait désormais constituer une base commune pour tous, qu'elle pouvait mettre un terme au fléau de la guerre et que nous pouvions ensemble «créer les conditions nécessaires au maintien de la justice et du respect des obligations nées des traités et autres sources du droit international.»
Le régime d'occupation institué par Israël dans les territoires occupés dure plus de 56 ans. Plus de la moitié du peuple palestinien est né sous l'occupation et subit la loi de l'occupation. Où en est-on des obligations de la Charte et, notamment, de la «responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales»?
Nos partenaires européens sont familiers, plus que nous, du phénomène de l'occupation pour avoir connu dans l'histoire le statut de puissance occupante ou celui de victime de l'occupation, ou les deux, tour à tour. Nous pouvons échanger sur ce thème en toute connaissance de cause. Lorsque treize peuples européens subissaient l'occupation, dans les années 1940, ils avaient opposé à la puissance occupante une résistance qu'ils estimaient comme étant leur devoir, leur honneur, l'expression de leur droit et de leur dignité. Si la puissance occupante, dans sa logique propre, qualifiait la résistance de terrorisme, la littérature européenne de la résistance a assez développé la contradiction pour nous épargner ici l'obligation de le faire.
Or, quand le peuple victime de l'occupation n'est pas européen, mais palestinien, il est qualifié de terroriste dès lors qu'il oppose la résistance à la puissance occupante. Nos partenaires européens, dans leurs votes aux Nations Unies, qualifient constamment les territoires occupés de «territoires occupés», sans équivoque. Comment s'explique leur dérobade le 7 octobre? N'est-il pas clair que le peuple dont le territoire est occupé est assurément victime de l'occupation ? Pourquoi donc, en tant que tel, deviendrait-il terroriste en assumant son devoir de résistance?
Nous sommes en Méditerranée, au voisinage de l'Europe. Pour notre part, nous sommes acquis au principe du règlement du conflit israélo-palestinien dans le respect de la légalité internationale et conformément aux résolutions des Nations Unies. Nous avons avancé un plan de paix à cette fin. Notre plan est assumé par le peuple palestinien, par les pays membres de la Ligue des Etats arabes, de l'Union Africaine et de l'Organisation de la Coopération Islamique. Notre plan ne nie pas le principe de l'Etat israélien. Nous lions la reconnaissance formelle de cet Etat à la fin de l'occupation et à la reconnaissance de l'Etat palestinien dans ses territoires. Prétendre, dans un tel contexte, qu'il faille défendre l'existence d'Israël est une imposture, l'impératif est bien la défense du peuple palestinien.
Ni la puissance occupante, ni l'Europe n'avancent un plan de paix. Si nos partenaires, qui soutiennent expressément la formule des deux Etats, reconnaissent l'Etat israélien sans frontières formelles, pourquoi se dérobent-ils devant la reconnaissance de l'Etat palestinien dans les mêmes conditions ? Ne serait-ce pas déjà une ligne de défense ? Les appels, au sein même de l'Union Européenne, ne manquent pas. Le Ministre des Affaires étrangères du Luxembourg, Jean Asselborn, déclarait au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung daté 17 janvier 2018 que les pays membres de l'Union Européenne devaient accomplir ce pas, ajoutant que le Luxembourg n'était pas seul dans cette disposition, étant assuré de l'accord de la Belgique, de l'Irlande et de la Slovénie, pourvu, ajoutait-il, que la France ouvre la voie. Dès lors, la dérobade confine au déni.
Si des peuples européens ont subi l'occupation pendant cinq longues années, que dire d'une occupation qui en est à 56 ans, sans qu'une initiative vienne y mettre un terme? Nos partenaires réalisent que la situation est injuste et, à ce stade, absolument intenable. Nul ne s'explique qu'une occupation se poursuive indéfiniment. Comment nos partenaires voient-ils donc leur voisinage? Un tel tableau est-il l'ébauche de l'ordre mondial qui s'élabore sous nos yeux, et que le conflit ukrainien semble avoir accéléré? Est-il vraisemblable que les principes du droit puissent encore prévaloir dans le nouvel ordre ou que l'Organisation des Nations Unies subsiste dans la persistance du déni opposé aux buts et principes de la Charte par 27 pays européens?
Nos partenaires font bloc face au conflit ukrainien, face au conflit palestinien, face au rejet de plus en plus clair du Sud global. Il n'a donc pas suffi de tirer la leçon de la décolonisation. Nous sommes, de toutes parts, ramenés à la case départ.
Le peuple palestinien n'est pas seul à la pointe de l'affirmation de ses droits à la liberté, à la justice, à l'égalité, à la dignité.
Ecoutez les voix qui s'élèvent et qui acceptent le sacrifice pour la cause de la liberté et de la dignité.
Cessez de vous emmurer dans votre continent. Le monde évolue, les peuples dominés rejettent, de toute leur force, la politique de puissance sur laquelle vous fondez, en définitive, votre suprématie. Vous avez certes la capacité matérielle de détruire. Nous ne nous résignons pas à la loi de la force. Vous savez que vous êtes incapables de détruire en nos âmes l'amour de la liberté ni le sens de la dignité. Le Sud vous a déjà fait savoir qu'il a cessé d'admettre l'hypocrisie. Vous n'êtes pas dignes d'être nos partenaires.
Le 7 octobre, vous avez fini par tomber le masque. Ecoutez-vous ! Une voix intérieure dénonce en vous la superbe et la lâcheté.
Ahmed Ounaïes
Tunis, 8 octobre 2023


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