Présidentielle : Zouhaïer Maghzaoui a voté à la Marsa    Présidentielle : Un taux de participation de 14,5% à 13 heures    Présidentielle 2024 : Le président de l'ARP s'acquitte de son devoir électoral    Mohamed Tlili Mansri optimiste quant au taux de participation    Farouk Bouasker : Forte affluence dès l'ouverture des bureaux de vote à 8h    Comment les perspectives de croissance économique du Japon sont passées au pessimisme    Chroniques de la Byrsa: La Poste, comme elle va (I)    Mes Humeurs: L'art et la paix    Commentaire: Des traîtres parmi nous    Quarante ans de détention : La justice française examinera la libération du plus ancien prisonnier du monde    La Zliza marque des points: L'ASG sur de bons rails    La confiance en ses moyens, la folie pour certains: Le Stade monte en gamme    Equipe de Tunisie: Naturalisation de Rodrigues, est-ce la bonne solution ?    Palmarès du 39e FIFF de Namur: La Tunisie rafle trois Bayards d'Or Par notre envoyée spéciale à Namur    Le RFR entre dans la dernière ligne droite…    Pourquoi: Ces crevasses qui nous agacent !    Kairouan – Demandes de mutation des enseignants: Les causes et les conséquences !    Quels sont les sites iraniens dans le viseur d'Israël selon leurs médias ?    Présidentielle - Hatem Sakli : la zone du "Reste des pays européens" a enregistré une forte affluence    Les prévisions météo de ce dimanche 6 octobre    L'Isie invite les électeurs à la prudence face aux fausses informations    Ridha Bergaoui: Le fruit du Dragon à la conquête du monde    Un quart des Israéliens envisagent d'émigrer après un an de conflit à Gaza    ISIE : Horaires d'ouverture des bureaux de vote et appel à la vigilance contre la désinformation    Tunisie – METEO : Pluies éparses sur le centre ouest    INS - L'inflation se stabilise à 6,7% en septembre 2024    SNTRI : port du brassard rouge et menace de grève    Kasserine : Le champion de la tomate aura une excellente récolte en 2024    Voici la liste des joueurs convoqués pour affronter les Comores    Tataouine : Des interventions d'urgence face aux dégâts des pluies intenses    La route Romaine entre Djerba et Zarzis sera opérationnelle à cette date    Manouba : ils voulaient écouler presque 7 tonnes d'olives et de dattes avariées    Développement de l'Intelligence Artificielle en Tunisie : Partenariats public-privé et coopération internationale    Pourquoi | L'art de compliquer les choses…    Naufrage à Djerba | Les recherches des disparus se poursuivent    A propos du volet «Expositions» de la 7e édition de la Biennale d'art contemporain Jaou Tunis (9 oct. – 9 nov. 2024) : «Les voi(x)es de la résistance», des filaments d'espoir tissés par les arts    «Tlèbys» de Souheil Nachi à la Galerie Archivart du 12 octobre au 12 novembre 2024 : Réminiscences    Drame de Djerba : les cadavres de treize naufragés remis à leurs familles    Tunisie – Kairouan : 40 millions de DT pour la réhabilitation des bassins aghlabides et la mosquée Okba    Tunisie: Ce dimanche, accès gratuit aux musées    Les Voi(x)es de la Résistance : Jaou Tunis, l'art comme rempart contre l'effacement    Hommage à Ouanès Khligène 'l'Ami du bonheur' à la cité de la culture de Tunis    Michael Schumacher fait une apparition émouvante pour le mariage de sa fille    Un drame a secoué la communauté tunisienne en Allemagne et sur l'île de Djerba    Michel Blanc, une icône du cinéma français, s'en va à 72 ans    Wafa Masghouni remporte la médaille d'or aux Mondiaux de taekwondo 2024    Présidentielle : Toutes les manifestations sportives prévues du 4 au 7 octobre reportées    Sfax : la Cité sportive renvoyée "sine die" faute de financements, point mort depuis 2021    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Salma Zouari: La gestion de la crise sanitaire a-t-elle été efficace ?
Publié dans Leaders le 28 - 04 - 2020

Officiellement, le premier cas Covid+ a été identifié en Tunisie le 2 Mars. Dès le 4 Mars, des mesures préventives et proactives ont été introduites par les pouvoirs publics pour limiter la progression du virus. Au fil du temps, elles ont été intensifiées et elles ont abouti à un couvre-feu décrété le 17 Mars et à un confinement général décidé le 20 mars (https://covid-19.tn/fr/mesures-preventives/). Parallèlement, des mesures de soutien aux familles et aux entreprises ont été introduites pour limiter les incidences économiques et sociales du confinement et de la pandémie. http://www.finances.gov.tn/sites/default/files/2020-03/com_coronavirus_01.pdf ; https://covid-19.tn/fr/blog/banque-centrale-de-tunisie-nouvelles-mesures-pour-la-limitation-des-retombees-economiques-et-sociales-de-la-propagation-de-la-pandemie-du-covid-19/
Le 19 Avril, le chef du gouvernement a annoncé qu'un dé-confinement progressif et ciblé sera mis en œuvre à partir du 4 mai. Pour éclairer les mesures correspondantes, il convient de faire le point sur la progression de la pandémie en Tunisie et d'étudier l'efficacité des mesures jusque-là mises en œuvre pour la contenir.
Les observations
On se réfère dans cette note à deux principaux indicateurs : le nombre cumulé des cas officiellement identifiés Covid+ et le nombre de cas actifs. Celui-ci est égal au nombre des Covid+ diminué du nombre des guéris et du nombre des décédés. Ce dernier indicateur est important, parce que ce sont les cas actifs qui sont potentiellement source de propagation du virus.
Sur la figure1, la courbe représentant le nombre de cas identifiés positifs (courbe bleu) continue à croitre montrant que la propagation du virus se poursuit. En revanche, la courbe représentant le nombre des cas actifs (courbe orange), décroit laissant entrevoir une fin prochaine de la pandémie.
Source des données traitées: Communiqués du Ministère de la santé.
Comment expliquer cette divergence des évolutions ? Peut-on parler, malgré tout, d'une fin proche de l'épidémie ou bien décèle-t-on des indices d'une évolution moins réjouissante ?
Méthode
Pour répondre à ces questions, nous simulerons une courbe théorique de cas Covid+ (courbe rouge sur la fig2) basée sur un coefficient de transmission constant égal à 2,3 sur toute la période. Dans ce cas, le nombre de Covid+ simulé est une suite géométrique de raison 1,23 (1,23 sera désigné comme le coefficient de propagation théorique). Le coefficient de transmission 2,3 a caractérisé l'évolution du nombre des malades lors de la première phase de l'épidémie en Tunisie, c'est-à-dire avant la décision du confinement. Il importe de remarquer que ce coefficient est modéré notamment en raison des diverses mesures prises de façon proactive pendant cette période pour limiter la propagation du virus. Dans certains pays, ce coefficient a atteint 7.
Ce coefficient est à appliquer aux cas actifs, c'est-à-dire à ceux qui sont susceptibles de contaminer d'autres personnes. Nous comparerons cette courbe simulée (courbe rouge) aux cas observés (courbe bleu).
Si la courbe simulée se superpose à la courbe observée (courbe bleue), le coefficient de propagation théorique (1,23) est égal à celui observé.
Si la courbe simulée surclasse la courbe observée, la vitesse effective de propagation du virus est inférieure à 1,23. Dans ce cas, les mesures prises s'avèrent efficaces, leur impact est d'autant plus important que l'écart entre les deux courbes est important.
Par contre, lorsque la courbe simulée se trouve au-dessous de à la courbe observée, la vitesse effective de propagation du virus augmente et devient supérieure à 1,23. Les mesures s'avèrent d'efficacité limitée.
Résultats
Source : la courbe Covid+ (bleu) représente les données publiées par le Ministère de la santé.
La courbe rouge représente les cas que l'on aurait observés avec un coefficient de propagation
constant depuis le début de la pandémie
La figure révèle
• Une première phase où les deux courbes sont quasiment confondues; cette phase correspond au mois de mars et rend compte de la situation avant que la décision du confinement, prise le 20 mars, donne des résultats probants dix jours plus tard. Cette phase capitalise l'effet de l'ensemble des mesures qui ont été introduites progressivement en mars, sans lesquelles le coefficient de propagation du virus aurait été supérieur à 1,23.
• Une seconde phase où la courbe observée se situe au-dessous de la courbe simulée ; cette phase commence pendant la dernière semaine de mars et s'achève 4 semaines après l'entrée en vigueur des mesures de confinement. Pendant cette phase, lesdites mesures démontrent une certaine efficacité puisque l'épidémie progresse moins vite que la situation simulée.
• Une troisième phase où la courbe observée se situe au-dessus de la courbe ; cette phase est amorcée le 16 avril. Elle montre qu'à coefficient de propagation constant (1,23), nous aurions dû observer pendant cette période, moins de cas positifs. A titre d'exemple, selon la dernière observation, le nombre de Covid + effectivement constaté est de 967 cas alors que théoriquement, avec un coefficient de 1,23, on aurait dû avoir 855 cas uniquement.
Pendant cette phase, la vitesse effective de propagation du virus a donc été supérieure à 1,23. L'augmentation de la vitesse de propagation du virus pourrait s'expliquer par un relâchement général du respect des mesures de confinement et de distanciation sociale. Elle pourrait aussi résulter de dérives observées au moment de la distribution des aides sociales le 5 avril dont l'impact se ressent 10 jours plus tard.
Conclusion
Le vécu des tunisiens en période de confinement a donné lieu à des innovations qui ont permis à ceux qui en ont bénéficié, de s'accommoder un tant soit peu de la situation (télétravail, enseignement à distance, paiements en ligne, commerce en ligne, livraison à domicile…). Mais, ces innovations n'ont concerné qu'une frange limitée de la population. Par ailleurs, à défaut de procédures publiques digitalisées de cash-in / cash out, le paiement des aides sociales à la population ou bien l'acquittement des obligations fiscales et sociales par les entreprises auraient été des occasions de promiscuité et des sources probables d'une accélération de la propagation du virus. Il en est de même pour divers autres évènements politiques, ayant drainé des foules.
Par ailleurs, avec le temps, le degré de compliance de la population aux mesures qui lui sont dictées, a probablement baissé. Pour certains, le confinement est une limitation de leur liberté qu'ils ne peuvent supporter trop longtemps. Pour d'autres, le confinement les empêche de « gagner leur vie » et ils sont obligés de le briser pour pouvoir nourrir leur famille.
Au moment où les autorités envisagent un dé-confinement progressif de la population, elles doivent garder à l'esprit que tant qu'il existe encore des cas actifs parmi la population, une augmentation du coefficient de propagation du virus similaire à celle que l'on soupçonne les derniers jours, pourrait engendrer une progression de l'épidémie plus rapide que ce qui a été jusque-là observé. Le dé-confinement doit donc nécessairement s'accompagner d'une généralisation des mesures de protection et de distanciation dans les moyens de transport, dans les espaces de formation et sur les lieux du travail.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.