Présidentielle : Kaïs Saïed a voté à Ennasr, aucune déclaration à la sortie…    Elections présidentielles 2024 en Tunisie : les chiffres clés d'une logistique bien rodée    Méfiez-vous des résultats non officiels des élections à l'étranger    Chroniques de la Byrsa: La Poste, comme elle va (I)    Comment les perspectives de croissance économique du Japon sont passées au pessimisme    Quarante ans de détention : La justice française examinera la libération du plus ancien prisonnier du monde    Mes Humeurs: L'art et la paix    Commentaire: Des traîtres parmi nous    La Zliza marque des points: L'ASG sur de bons rails    La confiance en ses moyens, la folie pour certains: Le Stade monte en gamme    Equipe de Tunisie: Naturalisation de Rodrigues, est-ce la bonne solution ?    Météo Tunisie - Temps nuageux dans la plupart des régions avec de faibles précipitations    Palmarès du 39e FIFF de Namur: La Tunisie rafle trois Bayards d'Or Par notre envoyée spéciale à Namur    Le RFR entre dans la dernière ligne droite…    Présidentielle 2024: Les prérogatives du président de la République dans la Constitution de 2022    Présidentielle 2024: AUX URNES, CITOYENS: Pour une Tunisie souveraine, stable et prospère    Gafsa – Infrastructure de base: Mdhilla fait peau neuve    Pourquoi: Ces crevasses qui nous agacent !    Kairouan – Demandes de mutation des enseignants: Les causes et les conséquences !    Quels sont les sites iraniens dans le viseur d'Israël selon leurs médias ?    L'Isie invite les électeurs à la prudence face aux fausses informations    Présidentielle - Hatem Sakli : la zone du "Reste des pays européens" a enregistré une forte affluence    Un quart des Israéliens envisagent d'émigrer après un an de conflit à Gaza    Ridha Bergaoui: Le fruit du Dragon à la conquête du monde    Tunisie – METEO : Pluies éparses sur le centre ouest    INS - L'inflation se stabilise à 6,7% en septembre 2024    SNTRI : port du brassard rouge et menace de grève    Kasserine : Le champion de la tomate aura une excellente récolte en 2024    Voici la liste des joueurs convoqués pour affronter les Comores    Tataouine : Des interventions d'urgence face aux dégâts des pluies intenses    La route Romaine entre Djerba et Zarzis sera opérationnelle à cette date    Manouba : ils voulaient écouler presque 7 tonnes d'olives et de dattes avariées    Développement de l'Intelligence Artificielle en Tunisie : Partenariats public-privé et coopération internationale    Pourquoi | L'art de compliquer les choses…    Naufrage à Djerba | Les recherches des disparus se poursuivent    A propos du volet «Expositions» de la 7e édition de la Biennale d'art contemporain Jaou Tunis (9 oct. – 9 nov. 2024) : «Les voi(x)es de la résistance», des filaments d'espoir tissés par les arts    «Tlèbys» de Souheil Nachi à la Galerie Archivart du 12 octobre au 12 novembre 2024 : Réminiscences    Drame de Djerba : les cadavres de treize naufragés remis à leurs familles    Tunisie – Kairouan : 40 millions de DT pour la réhabilitation des bassins aghlabides et la mosquée Okba    Tunisie: Ce dimanche, accès gratuit aux musées    Les Voi(x)es de la Résistance : Jaou Tunis, l'art comme rempart contre l'effacement    Hommage à Ouanès Khligène 'l'Ami du bonheur' à la cité de la culture de Tunis    Michael Schumacher fait une apparition émouvante pour le mariage de sa fille    Un drame a secoué la communauté tunisienne en Allemagne et sur l'île de Djerba    Michel Blanc, une icône du cinéma français, s'en va à 72 ans    Wafa Masghouni remporte la médaille d'or aux Mondiaux de taekwondo 2024    Présidentielle : Toutes les manifestations sportives prévues du 4 au 7 octobre reportées    Sfax : la Cité sportive renvoyée "sine die" faute de financements, point mort depuis 2021    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



L'égalité successorale : un enjeu d'équité pour les hommes aussi
Publié dans Leaders le 14 - 08 - 2017

Par Salma Zouari - En Tunisie, il y a eu des avancées très importantes en matière d'égalité des droits au sein de la famille et des droits économiques, mais la discrimination persiste notamment en matière d'héritage et on peut se demander pourquoi. Quels sont les enjeux économiques et sociaux en présence et quelles sont les conséquences des inégalités face à l'héritage?
J'ai tenté de répondre à ces questions dans une étude publiée en 2014 par le COLLECTIF 95 MAGHREB EGALITE et son point focal tunisien AFTURD avec le concours de ONU FEMMES. L'étude portait sur l'égalité dans l'héritage et l'autonomie économique des femmes; l'objectif était de trouver des arguments en faveur de l'égalité successorale en Tunisie, arguments qui tiennent compte du profil genre du pays et des avancées de la théorie économique sur la question.
Je me limiterai ici à montrer que l'inégalité successorale pose un problème de justice sociale non seulement pour les femmes vis-à-vis des hommes (ceci est évident), mais aussi à trois autres niveaux : entre hommes, entre femmes et de façon plus générale entre ménages. Ceci est a priori surprenant quand bien même vérifiable. Je montrerais que l'inégalité successorale participe à la formation des inégalités économiques et sociales, et contribue à la surreprésentation des femmes parmi les pauvres.
Il convient d'abord de remarquer que la problématique des inégalités successorales est intimement liée au comportement démographique dominant. En effet, dans une société où prévaut l'enfant unique, la question de l'inégalité successorale ne se pose pas. La fille unique ou le fils unique est légataire universel et hérite de la totalité du patrimoine familial.
La problématique des inégalités successorales ne devient entière que lorsqu'une femme donne naissance à plus d'un enfant.
Considérons pour simplifier, une société qui a accompli sa transition démographique et où, en moyenne, un couple donne naissance à deux enfants (c'est approximativement le cas aujourd'hui en Tunisie). Dans cette société, deux personnes meurent et cèdent la place à deux personnes qui à leur tour, en mourant, cèderont la place à deux personnes etc.
Supposons que cette société soit composée de trois types de couples : A, B et C. Ces couples ont exactement les mêmes ressources (égales à l'unité). On est par conséquent dans une société parfaitement égalitaire où il n'y a ni riches ni pauvres.
Conformément à l'hypothèse de transition démographique, chaque couple aura deux enfants. Statistiquement parlant, un couple peut avoir avec la même probabilité, soit deux garçons, soit deux filles, soit un garçon et une fille. Par conséquent, il y aura autant de ménages avec deux garçons que de ménages avec deux filles ou de ménages avec une fille et un garçon.
Supposons alors que le couple A donne naissance à deux garçons (Ahmed et Ali), le couple B à deux filles (Badria et Bochra), et le couple C à une fille et à un garçon (Chedlia et Chedli).Chacun des couples lègue sa fortune à ses enfants. Ahmed et Ali héritent chacun la moitié des ressources parentales. Badria et Bochra ont elles aussi, chacune, la moitié des ressources parentales. Par contre, dans le ménage C, Chedlia hérite le 1/3 des ressources familiales et Chedli les 2/3 des ressources familiales. Analysons la distribution de richesse de la deuxième génération:
* Nous constatons qu'il y a une inégalité entre les femmes : Badria et Bochra ont une richesse égale à ½, Chédlia a une richesse égale à 1/3. Chédlia n'a pas moins de mérite que Badria et Bochra, mais elle a eu un frère plutôt qu'une sœur.
* Nous constatons qu'il y a une inégalité entre les hommes : Ahmed et Ali ont une richesse égale à ½, Chédli a une richesse égale à 2/3. Chédli n'a pas plus de mérite que Ahmed et Ali mais il a eu une sœur plutôt qu'un frère.
* Nous constatons aussi que la personne la plus riche est Chédli, c'est un homme, la personne la plus pauvre est Chédlia, c'est une femme. Pourtant, ils n'ont ni plus ni moins de mérite que les autres. Ce modèle très simple, montre ainsi, comment l'inégalité successorale donne lieu à une surreprésentation des femmes parmi les pauvres, et une surreprésentation des hommes parmi les riches alors même qu'aucun n'en assume la responsabilité et n'y est pour quoi que ce soit. On comprend aussi, que des hommes plus riches grâce à l'inégalité successorale (comme Chadli), s'opposeront à l'égalité successorale qui impliquera pour eux une perte de ressources et de position sociale.
* Supposons que Ahmed épouse Badria, les ressources du couple s'élèvent à 1, Ali et Chedlya se marient, leurs ressources sont égales à 0,83 et enfin Bochra et Chédli forment un couple avec 1,16 de ressources. Ainsi, nous sommes partis d'une première génération absolument égalitaire, dans laquelle les ménages ont tous la même richesse et nous nous retrouvons avec une deuxième génération de ménages inégalitaire avec trois niveaux de richesse (voir illustration 1 ci-dessous)
Au total, l'inégalité successorale est à la fois source d'iniquité entre les femmes, source d'iniquité entre les hommes, source d'iniquité entre les femmes et les hommes et source d'iniquité entre les ménages. On peut faire un plaidoyer en faveur de l'égalité successorale pour des raisons d'équité, parce qu'une égalité successorale induit une distribution plus équitable des ressources entre les hommes, une distribution plus équitable des ressources entre les femmes, une distribution plus équitable des ressources entre les ménages. L'égalité successorale contribue aussi à lutter contre la pauvreté, notamment celle des femmes.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.