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La manœuvre habile de Marzouki ou quand Beji Caied Essebsi est pris au piège...
Publié dans Leaders le 26 - 11 - 2014

La lettre de Moncef Marzouki à l'attention de Beji Caied Essebsi l'invitant à former le gouvernement dévoile une stratégie politique d'une grande habileté. Elle porte indéniablement l'empreinte d'Ennahdha et de son fin limier et tacticien, et confirme, si besoin était, que les "manœuvres" consensuelles depuis l'amorce des rencontres entre les chefs des deux "grands partis" et le démarrage du débat national n'ont été qu'un leurre qui forcément n'a engagé que ceux qui y ont cru.
L'ambivalence du parti islamiste n'est pas une révélation, elle relève de la maîtrise stratégique des représentants de l'islam politique, autant qu'elle la démontre. Et quelle que soit la position qu'on a vis-à-vis de ce parti, il serait naïf et irresponsable de le lui reprocher. Marzouki a profité du soutien non déclaré mais réel d'Ennahdha, c'est un fait mais non un délit. Les deux protagonistes ont habilement manœuvré.
Acte un, Ennahdha intègre le Débat National. Il s'est engouffré dans la brèche qui lui a grandement ouvert la voie de la normalisation, aidé en cela par différents protagonistes, depuis le quartette, jusqu'à certains de ses adversaires politiques en passant par le gouvernement de technocrates, et surtout par l'amnésie de l'électeur. Ce qui l'a amendé de son bilan catastrophique, tant sur le plan strictement technique de la gestion de la vie publique, qu'idéologique avec les dérives qui ont laissé s'installer subversivement violence, assassinats politiques et terrorisme.
Acte deux, les élections législatives. Nida Tounes qui s'est fait le porte drapeau d'un certain héritage "moderniste" s'est présenté comme l'unique barrage au retour de l'islam politique au pouvoir en faisant de l'opposition entre deux projets de société son principal thème de campagne. Mais le principal adversaire d'Ennahdha, arrivé en tête de scrutin, suivi d'assez prêt par Ennahdha, soucieux de préserver des équilibres probablement liés à certains arrangements politiques, et préoccupé par la présidentielle, a tenté de neutraliser son adversaire, dans un jeu de séduction pour le partage du pouvoir. Le doute a été entretenu par les déclarations en faveur du consensus "le plus large possible", en surfant sur l'ambivalence sémantique de la cohabitation et de l'alliance. Et avec la bénédiction du dialogue national, Nida Tounes a reporté la formation du gouvernement à l'après élections présidentielles. En façade, Ennahdha a cédé et n'a soutenu aucun candidat aux présidentielles.
Acte trois, Moncef Marzouki, dont le parti n'a pas participé au dialogue national et donc est affranchi de tous ses engagements, et alors qu'il est candidat aux présidentielles, remet sa casquette de président sortant, mais en exercice, et lance son injonction. Quelle que soit l'interprétation qu'on peut faire du texte constitutionnel, cette manœuvre, par son message politique, met le parti vainqueur aux législatives et son candidat aux présidentielles devant trois difficultés. D'abord, le retour vers "l'institution" du dialogue national, qui reste une institution informelle, amène le débat dans l'arène du respect de la Constitution et des Institutions. Elle offre aux détracteurs de Beji Caied Essebsi la possibilité de brandir l'argument de la transgression de la Constitution, des Institutions et de fait de l'Etat de Droit et les conforte dans leur principale rhétorique du retour des anciennes pratiques. Ensuite, elle accroît la pression sur Nida Tounes amené à plus de clarté quant à ses ententes avec Ennahdha, d'autant plus que la nouvelle assemblée est appelée à se réunir au cours de la semaine prochaine, avec ce que cela comporte d'investitures, dont la présidence de l'assemblée, et formation des commissions, et que Ennahdha laisse entendre qu'il devra se prononcer sur son report de voix dans les jours qui viennent. Enfin, Nida Tounes est certainement conscient que les promesses du parti islamistes ne représentent aucune garantie. Il est forcément pris entre deux feux. Accorder des concessions à Ennahdha au risque d'être, quand même, "roulé dans la farine", ou se radicaliser et prendre ses distances de ce parti et l'avoir dans une opposition frontale déclarée.
La marge de manœuvre de Beji Caied Essebsi est très serrée. Il lui faut prendre en compte plusieurs paramètres.
Il a quasiment fait le plein de son électorat. La géographie électorale ne lui est pas favorable dans les régions ou chez les catégories d'électeurs en rupture ou en quête d'un certain changement. Il lui faut nécessairement convaincre une partie de ces électeurs et surtout coopter des abstentionnistes. D'autant plus qu'il ne peut pas compter sur des consignes de vote dans un contexte où la discipline partisane n'est pas ancrée dans les traditions politiques, en dehors du principal parti idéologique, en l'occurrence Ennahdha.
Le thème de campagne des législatives, appuyé sur l'opposition de deux projets de société, n'est pas porteur pour les élections présidentielles et serait une rhétorique d'arrière-garde. De la même manière, la stigmatisation du candidat Marzouki, et la focalisation sur la nature des soutiens dont il a pu bénéficier ne peut que lui profiter sans accorder plus de crédit à son adversaire. Elles sont même contre productives, particulièrement vis à vis d'une tranche de l'électorat, qui ne manque pas d'afficher son scepticisme à l'égard de la "démocratisation" de Beji Caied Essebsi. Le retour à une campagne de pugilat, d'échanges d'accusations, de violences verbales qui peuvent rapidement et facilement dégénérer en une situation à haut risque, ne pourra, sinon aggraver la tendance abstentionniste, la maintenir au même niveau.
Finalement, les seules chances de Beji Caied Essebsi dépendront de l'affirmation de la ligne gouvernementale de Nida Tounes qui lui permettra de "fixer" un électorat clairement coopté sur la rupture avec l'islam politique, quitte à perdre définitivement un appui hypothétique d'Ennahdha qui sera toujours incertain. D'autre part, elles résident dans un changement de sa stratégie de campagne et ne pourront croitre que par une vraie déconstruction politique de Moncef Marzouki. Celle-là ne peut pas faire l'économie d'un débat direct, sur le bilan et le passif, certes, mais sur les perspectives et la capacité à inverser la donne politique en adéquation avec les prérogatives du chef de l'Etat. L'attitude fuyante de BCE le dessert et affaiblit sa supposée posture d'homme d'état, porteur de la vision de l'homme d'état et capable d'affronter et de gérer les crises.
Contrairement au sacro saint principe de « consensus », servi au nom du salut public, mais qui est plutôt un subterfuge au service d'arrangements politico partisans, ce choix clivant sera la meilleure option dans l'intérêt du pays, indépendamment des résultats du deuxième tour des présidentielles et du futur locataire de Carthage. Il offrira une ligne politique claire de gestion et de gouvernance, sans la moindre équivoque, et donnera de la visibilité aux électeurs qui devront, à la fin de cette législature, assumer leurs choix, les évaluer et éventuellement les réajuster.


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