Les vaillants policiers tunisiens sont dans leur droit de se sentir offensés par les propos de la première vice-présidente de l'Assemblée nationale constituante, Mehrezia LaaBidi, les affubulant d'un nom de volailles, mieux encore, poulets. Ni ses regrets pour cet excès de langage, ni ses excuses sur sa page facebook n'ont apaisé l'indignation des forces de sécurité. Leur syndicat a annoncé qu'il la poursuivra en justice. Etablie depuis longtemps en région parisienne (élue d'Enahadha à la Circonscription France Nord), Mme Laabidi s'est faite piégée par un usage hexagonal de « poulets » attribué aux policiers. Elle qui est pourtant spécialiste en traduction, n'avait pas estimé toute la dimension blessante en l'utilisant à l'égard de nos policiers. Les vrais poulets de Tante Yvonne Sans la moindre comparaison, l'ancienne Première Dame de France, Mme Yvonne de Gaulle, se gardait bien d'utiliser pareil vocable à l'égard de son escorte. Elle en a eu cependant une histoire cocasse que nous rapporte l'amiral Alain de Boissieu dans ses mémoires, Pour servir le Général (Plon, 1982. P 165) et relayée par Geneviève Moll, dans son excellente biographie de « Tante Yvonne ». C'était le 22 août 1962, jour de l'attentat du Petit-Clamart perpétré sans succès par l'OAS contre de Gaulle. Ce jour-là, elle accompagnait le Général qui devait interrompre ses vacances chez-lui à Colombey-les-deux-Eglises, pour se rendre à Paris présider le conseil des ministres. Alors qu'il était à l'Elysée, elle se rend chez Fauchon tout proche acheter des pour le dîner et d'autres victuailles.
Le soir sur le chemin du retour, c'est l'attentat. Leur voiture est criblée de balles et ils ne furent sauvés que par l'habilité du chauffeur et une grande baraka. Il fallait changer de voiture, et « Mme de Gaulle s'entend dire, à haute voix : n'oubliez pas les poulets. J'espère qu'ils vont bien. Elle parle des volailles soigneusement emballées dans le coffre. Elle voit le regard surpris des policiers de la seconde voiture. L'un d'eux réplique même : non, non, tout va bien. Elle rougit ».
Fin du quiproquo : personne ne pensera que Tante Yvonne puisse un jour désigner les policiers par ce surnom vulgaire : les poulets…
D'autres temps, d'autres mœurs.
Tags : Mehrezia Laabidi Yvonne de Gualle Charles de Gaulle Attentat du Petit-Clamart OAS