Beethoven interprété par le pianiste Mehdi Trabelsi au programme du rendez-vous mensuel de l'Orchestre symphonique tunisien, mardi soir au Théâtre de la Ville de Tunis. Le rendez-vous était l'un des plus importants de cet automne à Tunis et une foule nombreuse s'est rendue au Théâtre pour assister à un concert de l'un des meilleurs pianistes tunisiens. Sacré dépaysement — ô combien agréable — pour celui qui débarque de l'atmosphère agitée du quotidien ! D'ailleurs, on note parmi les présents, ce soir-là, un couple qui n'est pas passé inaperçu et qui a suscité l'enthousiasme des spectateurs, malgré sa discrétion : il s'agit de Hamma Hammami, leader du Front populaire et candidat à la présidentielle, ainsi que son épouse Radhia Nasraoui, avocate et militante des droits de l'homme. L'Ouverture Egmont de L.Van Beethoven a donné le ton du concert. Excellente relecture dont l'exécution générale permet de mieux goûter à une conception dense, tantôt lyrique, tantôt dynamique. Accompagné par l'Orchestre symphonique tunisien et dirigé par le maestro Hafedh Makni, le soliste Mehdi Trabelsi bénéficie d'un cadre idéal pour exprimer son art. Cet actuel maître du clavier s'est découvert dès l'âge de trois ans une attirance pour le piano. A l'âge de 12 ans, il entre au Conservatoire national de Tunis. Il obtient une maîtrise de musique avec mention très bien et le Prix présidentiel, ce qu'il lui vaut une bourse pour préparer une thèse de doctorat en musique qu'il soutient en janvier 2005 à la Sorbonne. Dès lors, il enchaîne les prix, obtient le premier prix et le Diplôme supérieur de piano du Conservatoire royal de Bruxelles, ainsi que la médaille d'or en piano à l'Ecole de musique de Tourcoing. Il est actuellement enseignant à l'Institut supérieur de musique de Tunis. Teintée de romantisme, son interprétation est d'une clarté incomparable. L'attention portée à chaque touche, la souveraine maîtrise instrumentale et les affinités de l'interprète avec l'univers beethovénien ont littéralement emporté le public. Le concerto de l'Empereur en allegro, adagio un poco mosso, rondo et allegro est tenu jusqu'à son terme avec une clarté de ligne, une imagination sonore et un sens des contrastes qui donnent toute sa signification au texte. La deuxième partie du concert a été réservée aux œuvres du compositeur tchèque Antonin Leopold Dvorák. La riche palette sonore de ses compositions, dignement interprétées par l'Orchestre symphonique tunisien, a contribué à la réussite du spectacle, à savoir : Danses Slaves n°4 et 6 op.46 et la Danse Slave n°10 op.72. Ces pages radieuses se terminent sur une composition de Mohamed Makni, «Ouverture Belfort», une composition séduisante qui a été offerte en bis. Tant d'émotions palpitent dans cette œuvre dont les musiciens ont su extraire toute la beauté.