Selon la récente étude sur la bonne gouvernance et les produits pharmaceutiques, 72% des enquêtés se méfient du niveau de transparence du système des médicaments L'Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de valider un plan d'action concocté par un comité de pilotage indépendant, chargé d'une part de l'élaboration d'une étude analytique et évaluative sur la perception du système des produits pharmaceutiques et, d'autre part, de la préparation des assises de la bonne gouvernance en la matière. Ladite étude recense la perception par les Tunisiens de la crédibilité du système, en vue d'intervenir sur les points de méfiance et d'asseoir les jalons d'un système nouveau, crédible, car fondé sur la transparence. Lors d'une conférence de presse, tenue avant-hier au siège du ministère de la Santé —à laquelle ont pris part les représentants des parties concernées—, les résultats de cette étude ont été présentés, ouvrant ainsi la voie à l'assistance pour assimiler les principes-clefs de la bonne gouvernance en matière de produits pharmaceutiques. Le Pr Amor Toumi, évaluateur national, a indiqué que le comité de pilotage a œuvré, une année durant, afin de réaliser cette étude-consultation. Ce travail a permis d'interpeler tous les acteurs, notamment les pharmaciens, les industriels, les professionnelles de la santé, le secteur public et le secteur privé, les administrateurs, les institutions nationales, la société civile, etc. De son côté, M. Lassaâd M'sahli, président du comité de pilotage, a indiqué qu'il est grand temps pour la Tunisie de rompre avec le mode de production fondé sur les relations personneles et de tabler désormais sur la pertinence, la transparence et la crédibilité. L'instauration de la bonne gouvernance exige la substitution du pilotage unilatéral par une approche participative, engageant ainsi toutes les parties prenantes. Une telle mutation serait de nature à attirer de nouveaux investissements étrangers. D'autant plus qu'elle favoriserait la prévention et la lutte contre la corruption, notamment dans un domaine aussi délicat et aussi sensible pour la santé publique, qu'est celui des produits pharmaceutiques. Place à un code de conduite L'instauration de la bonne gouvernance implique des démarches radicales, à même de garantir les principes de la transparence, de la crédibilité et de la pertinence. Aussi, les responsables seront-ils appelés à apprendre à se conformer à un code de conduite garantissant ce lot de principes. «Nous devons promouvoir un leadership éthique, obéissant à un code de conduite. Il s'agit donc d'une stratégie basée sur la discipline et renforcée par la législation anti-corruption. Pour réussir le projet de la bonne gouvernance, il est indispensable de développer des mécanismes de dénonciation de la corruption et de collaborer avec les initiateurs de la bonne gouvernance», indique Mme Nadia Ben Hamdene, pharmacien inspecteur. M. Lassaâd M'sahli insiste sur l'importance de la déclaration des conflits d'intérêt et de l'information infaillible du public sur les décisions prises au fur et à mesure. Il ne manque pas de rappeler l'impératif, pour les responsables, de s'engager dans la lutte contre la corruption, et ce, conformément aux recommandations internationales, notamment celles relatives à la convention internationale de lutte contre la corruption. La Tunisie doit réagir positivement et efficacement par rapport aux actions d'appui dont font preuve maintes organisations internationales, à savoir l'OMS, le Pnud, la BM, ainsi que des pays amis, comme l'Italie et l'Allemagne. Déficit informatif et promotionnel L'étude, qui a mobilisé 130 sources d'information, relevant des secteurs public et privé, a permis de rassurer les experts sur l'invulnérabilité du système par rapport au risque de corruption. Certes, 72% des enquêtés soupçonnent le peu de transparence du système. Cependant, l'étude montre que le niveau de transparence du système est satisfaisant. Elle a dévoilé, en revanche, un flagrant déficit informatif et promotionnel sur les produits pharmaceutiques. L'orateur estime que le projet de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques serait d'une grande utilité pour combler ces lacunes. Il recommande, aussi, la généralisation des sites web pour une meilleure vulgarisation de l'info pharmaceutique. Il est à souligner que, suite à l'évaluation du critère de transparence, notamment au niveau des circuits de distribution, le comité de pilotage a proposé un plan d'action relatif à l'élaboration du programme national de bonne gouvernance dans le domaine pharmaceutique, lequel plan a été validé par l'OMS. La mise en œuvre dudit programme exigera l'intégration des principes de la bonne gouvernance dans la législation tunisienne.