Du 11 au 18 octobre, aura lieu la 4e édition des «Douz doc days» consacré au cinéma documentaire. La manifestation est sur les rails malgré quelques grains de sable. Hichem Ben Ammar critique l'attitude du ministère du Tourisme. Pourquoi avoir choisi cette période pour tenir la 4° session..... Est-ce à cause des élections ? Pas du tout ! La date du festival a été décidée bien avant que la date des élections soit fixée. Nous avons plutôt pensé à la météo. En cette arrière-saison d'été, le climat se prête bien aux projections en plein air. Nous voulons, pour attirer les touristes vers Douz, créer une occasion festive de plus à une période où l'activité touristique a besoin d'être stimulée. En général, les manifestations culturelles ont lieu à Douz au mois de décembre et notre souci étant de maintenir la régularité des actions pour dynamiser la région nous avons pensé établir une complémentarité avec le festival international du Sahara qui est et restera le point culminant.. Vous projetez également les films sous une tente ? Oui ! Pour rappeler les origines du cinématographe qui se déroulait autrefois sous des tentes foraines mais surtout pour attirer l'attention sur le fait qu'il n'y a plus de salles de cinéma en Tunisie. Nous voulons ainsi mettre le doigt sur l'indigence des infrastructures culturelles dans les régions. Ceci dit, cette année nous allons également projeter en plein air au musée du Sahara dans un cadre magique ! Qu'est-ce que le ciné train ? Le ciné train est l'une des originalités des «Douz Doc Days». Les invités du festival font le trajet en train jusqu'à Gabès puis en bus jusqu'à Douz. Une vraie épopée qui permet aux participants de faire connaissance dès le départ de Tunis ! Au cours des six heures de train, des activités sont proposées. Le ciné train est en réalité un atelier itinérant qui donne lieu à de petits reportages et à des diaporamas réalisés par les étudiants de l'Insitut supérieur des arts et métiers de Gabès qui filmeront le voyage pour parvenir à montrer le résultat le lendemain lors de la cérémonie d'ouverture. Les scénarios sont conçus au départ de Tunis, le tournage se fait entre Hammamet et Sousse tandis que la post-production est effectuée entre Sfax et Gabès. Ce défi a déjà été relevé avec succès l'an dernier ce qui permet de renouveler l'expérience au cours de cette quatrième édition en espérant que cela deviendra une véritable tradition et même une des particularités du festival. La SNCFT, partenaire de cette opération, se félicite d'accompagner les cinéastes en les transportant et en leur ouvrant la voie pour aller jusqu'au bout de leur quête. Quel sera l'événement majeur de cette session ? Sans conteste la projection de Remparts d'argile de Jean louis Bertucelli. Tourné en 1968 d'après la célèbre étude sociologique de Jean Duvignaud à propos du village de Chebika, Remparts d'argile relate une grève de casseurs de pierres. Interdit de tournage en Tunisie, le film fut réalisé en Algérie et n'a pas été diffusé sous nos cieux, ni au temps de Bourguiba ni sous Ben Ali. Nominé aux Oscars en 1971, Remparts d'argile fut un succès international et reste dans la mémoire des cinéphiles comme un film culte. Avec ses accents de tragédie grecque, cette œuvre épurée s'inscrit dans la veine militante caractéristique de cette période. Les «Douz Doc Days» constituent, quarante ans après, la meilleure opportunité pour projeter enfin ce film, à quelques kilomètres du village qui a inspiré sa réalisation. C'est surtout un hommage car Jean Louis Bertucelli est décédé en mars 2014. Du vivant du réalisateur, passionné de Jazz, Remparts d'argile avait fait l'objet d'un ciné-concert. Nous avons donc demandé au musicien tunisien Yasser Jradi de proposer un accompagnement en live afin de donner à ce film, magistralement ponctué de chants de Taos Amrouche, un retentissement à la fois actuel et local. Il semble que le ministère du Tourisme ait fait faux bond cette année... Notre principal mécène est le British Council. Ensuite, il y a la SNCFT qui nous transporte, le ministère de la Culture qui met également à notre disposition un bus, l'Institut français de coopération qui prend en charge les droits de projection de trois films ainsi que l'invitation de Guy Chapouillié, notre président de jury. Vous avez remarqué l'absence du ministère du Tourisme, trop préoccupé par un tourisme de paillette, sans consistance et sans impact. Face la superficialité et au gaspillage, nous préférons irriguer le terrain en profondeur en faisant œuvre utile.